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En échange en Inde, l’expérience d’élèves suisses

Jeunes gens autour d une table mangeant de la fondue
En octobre dernier, des élèves de Lucerne ont accueilli un visiteur venu d'Inde: Nived (à droite) a vécu pendant environ une semaine dans la famille de Simon Conzett. C'est à cette occasion qu'il a mangé sa première fondue. ZVG/KANTONSSCHULE ALPENQUAI

20 jeunes de Lucerne ont vécu le début de l'année dans des familles d'accueil au Kerala, dans le sud du sous-continent indien. L’occasion de partager leurs préoccupations respectives.

7500 kilomètres à vol d’oiseau séparent Lucerne du Kerala, dans le sud de l’Inde. La distance culturelle est également grande: «J’ai dû m’habituer à ne manger qu’avec la main droite», explique Celia Kaufmann. Et Lana Kronenberg d’ajouter: «Sortir le soir est tabou en Inde».

Les deux jeunes femmes du lycée Alpenquai de Lucerne ont séjourné dans le sud de l’Inde avec 18 de leurs camarades. L’objectif: découvrir le pays. Avoir un aperçu du système politique. Élargir son propre horizon. Pour cela, la vie dans la famille d’accueil est très précieuse, explique Lana Kronenberg: «On parle avec elle, on mange avec elle, on rit avec elle».

C’est la troisième fois que des jeunes lucernois se retrouvent sur les bancs de l’école loin de chez eux. Tommi Mendel, professeur de religion et d’éthique, accompagne à chaque fois ces projets d’échange. «On ne retient qu’une infime partie de ce que les enseignants disent en classe», dit-il. «Les participants profitent d’un tel échange tout au long de leur vie».

Des mondes qui s’entrechoquent au quotidien

Jusqu’au 11 janvier, les élèves ont discuté dans des groupes interculturels des facettes des inégalités sociales en Suisse et en Inde. Mais les jeunes de Lucerne ont aussi ressenti au quotidien comment plusieurs mondes se heurtent les uns aux autres. Ils ont vécu dans des familles d’accueil, dont certaines ont des cuisiniers et des chauffeurs privés. Mais ils ont aussi vu des quartiers beaucoup moins privilégiés.

Les discussions avec les camarades de classe ont été révélatrices. «En ce qui concerne le choix de la profession, les femmes ont plutôt plus de mal à faire carrière en Suisse qu’en Inde. Je ne m’y attendais pas du tout», reconnaît Celia Kaufmann. Des différences entre les genres sont également perceptibles. «Ici, la plupart des garçons ont un téléphone portable. Les filles non, et elles trouvent ça plutôt injuste».

L’échange entre les élèves du Lycée lucernois et leurs camarades de classe indiens est soutenu financièrement par Movetia. Il s’agit de l’agence nationale pour les échanges et la mobilité en Suisse, soutenue par la Confédération et les cantons, pour tous les domaines de formation.

Pour le projet lucernois, Movetia verse un forfait de voyage de 800 francs par personne. On compte 30 francs par jeune et par jour en Inde et 50 francs en Suisse. De plus, Movetia finance le séjour des enseignants accompagnateurs et verse au Lycée un forfait d’organisation de 1250 francs. De leur propre poche, les jeunes lucernois doivent payer environ 650 francs.

Les écoles doivent remplir certaines conditions

Pour obtenir un soutien financier de l’agence, il faut remplir certaines conditions. «Nous ne cofinançons pas les voyages purement touristiques», explique Susan Gürber, collaboratrice scientifique chez Movetia. «Nous exigeons que les élèves se consacrent à un thème pertinent pour l’école et la société et qu’ils travaillent ensemble sur ce thème également pendant l’année scolaire».

Chaque année, 20% au maximum des fonds de soutien aux projets de mobilité internationale sont alloués à des projets d’échange extraeuropéens. «En encourageant les projets au sein de l’Europe, nous voulons également tenir compte de la dimension écologique», explique Susan Gürber. «Si la qualité d’un projet est convaincante, nous ne voulons toutefois pas fixer de frontières géographiques».

Le système éducatif indien a également suscité des réactions de surprise. «Pour ma correspondante, il est très important d’avoir une bonne formation et de pouvoir aller dans une bonne université», explique Lana Kronenberg. Elle explique ne pas connaître cette pression en Suisse, car il y a toujours une alternative aux études avec l’apprentissage.

Ce que les jeunes remarquent également: qu’il s’agisse de la profession, de la famille ou du changement climatique, les thèmes qui préoccupent leur génération sont similaires dans les deux pays.

L’organisateur défend le vol de douze heures

Les jeunes de Suisse ne sont pas les seuls à avoir pris l’avion pour cet échange: leurs correspondants indiens étaient déjà venus en visite à Lucerne au mois d’octobre. Entre-temps, ils se sont rencontrés via Skype dans une salle de classe virtuelle.

On peut se demander si, avec le réchauffement climatique, un tel projet ne devrait pas se dérouler entièrement dans l’espace numérique, ou si un voyage en Europe suffirait.

Des élèves de Suisse et d Inde se saluent chaleureusement.
Jusqu’au 11 janvier, les jeunes apprentis lucernois se sont immergés dans la culture indienne au Kerala. ZVG/KANTONSSCHULE ALPENQUAI

Tommi Mendel, professeur de lycée à Lucerne, défend la destination. «Au sein des pays industrialisés occidentaux, la façon de penser est très similaire. L’Inde, en revanche, a une énorme diversité religieuse, culturelle et linguistique», souligne-t-il.

«La durabilité et le changement climatique sont des thèmes importants. Et nous y réfléchissons», poursuit-il. Selon lui, il est trop facile de simplement pointer du doigt les vols long-courriers.

Il faut aussi considérer les domaines de l’alimentation, de la consommation, de l’habitat et de la mobilité. «Il est évident pour tout le monde d’avoir un smartphone et un ordinateur portable». Mais cela génère également du CO₂, ajoute-t-il. «Si l’on examine tout le contexte de manière critique, alors on peut se permettre une fois un tel échange».

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