Formation supérieure: la Suisse est encore en retard
Le taux de diplômés des hautes écoles a plus que doublé en Suisse en dix ans. Mais celui-ci reste toutefois largement en-dessous de la moyenne des pays industrialisés, comme le montre une étude de l'OCDE.
Selon celle-ci, la Suisse, au même titre que le Japon, se place en queue de peloton quant à la représentation des femmes dans le domaine des mathématiques et des sciences naturelles et techniques.
Comme dans la plupart des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la durée de scolarisation a nettement augmenté en un quart de siècle en Suisse.
C’est l’un des constats qui ressort des regards croisés sur l’enseignement posés mardi par l’OCDE et l’Office fédéral de la statistique (OFS). Ainsi, en 2005, un petit Suisse de cinq ans pouvait s’attendre à une durée de formation moyenne de 16,9 ans. En 1980, la durée de formation moyenne était de 14,5 ans. Dans les pays de l’OCDE, la moyenne est actuellement de 18 ans.
«Cet allongement s’explique en partie par les efforts entrepris sur le plan international pour étendre l’offre au degré préscolaire», souligne l’OFS. Selon la moyenne de l’OCDE, 70% des enfants de trois et quatre ans sont scolarisés. La Suisse est à la traîne avec seulement quelque 40% d’enfants scolarisés dès cet âge-là.
En retard dans le tertiaire
Mais c’est le taux de diplômés de la formation post-obligatoire qui a surtout augmenté. Détenir un diplôme de degré supérieur II est aujourd’hui devenu la norme pour 89% des jeunes en Suisse, contre 82% en moyenne dans les pays de l’OCDE.
Pour ce qui est du degré tertiaire, la Suisse est en train de rattraper son retard. Selon l’OCDE, elle fait partie du groupe de pays dont le taux de diplômés des hautes écoles a plus que doublé en dix ans. Malgré cela, ce taux (27%) se situe encore nettement au-dessous de la moyenne de l’OCDE (36%).
Cette situation s’explique du moins en partie par le fait que la Suisse dispose d’une offre un peu plus large dans le domaine de la formation professionnelle supérieure. Le taux de diplômés s’y rapportant (10%) est légèrement supérieur à la moyenne de l’OCDE (9%).
Pour sa part, l’OCDE estime que la Suisse pourrait profiter d’un accroissement de son taux de diplômés des hautes écoles. Selon l’organisation, l’économie suisse aurait une croissance plus rapide si elle pouvait puiser dans un réservoir suffisant de main d’œuvre hautement qualifiée.
Les femmes peu férues de technique
La hausse dans la formation tertiaire s’est accompagnée d’une diminution des différences entre les sexes: les femmes sont désormais tout aussi nombreuses que les hommes à suivre une formation post-obligatoire, mais pas dans toutes les filières.
Elles restent notablement sous-représentées en mathématiques, sciences naturelles et techniques. Avec seulement 15% seulement de diplômées dans ces filières, la Suisse ferme la marche des pays de l’OCDE, avec le Japon.
L’étude de l’OCDE montre en outre que les revenus des diplômés du degré tertiaire sont plus de 50% supérieurs à ceux des employés moins qualifiés. Contrairement à d’autres pays comme l’Allemagne, cet avantage salarial ne s’est pas accru en Suisse ces dernières années. Les employés très qualifiés sont en outre moins touchés par le chômage.
Contribution toujours plus importante
Cette progression générale au niveau de la formation est le fruit de réformes des hautes écoles ainsi que de la mise en place des hautes écoles spécialisées (HES), selon l’OFS.
La progression de la participation à la formation implique des investissements financiers correspondants. En Suisse, la part du produit intérieur brut consacrée aux dépenses publiques d’éducation s’est accrue de 20% depuis 1990, indique l’OFS.
swissinfo et les agences
Le système de formation helvétique possède trois niveaux: primaire, secondaire, et tertiaire. Le degré primaire et une partie du secondaire composent la scolarité obligatoire. La deuxième partie du secondaire et le tertiaire compose la formation post-obligatoire.
Le degré tertiaire englobe d’une part les hautes écoles, d’autre part la formation professionnelle supérieure.
Parmi les hautes écoles suisses figurent les deux écoles polytechniques fédérales (Zurich et Lausanne), qui dépendent de la Confédération, et dix universités cantonales, contrôlées et financées par les cantons. Il y a également huit hautes écoles spécialisées (HES) et 15 hautes écoles pédagogiques.
La formation professionnelle supérieure englobe les écoles supérieures, les écoles techniques, les examens professionnels et les examens professionnels supérieurs.
Lors de l’année scolaire 2006/2007, environ 114’000 étudiants étaient inscrits dans les universités suisses. Dans les hautes écoles spécialisées, le nombre d’étudiants dépassait les 55’000.
Les écoles supérieures (ES) de Suisse se sont regroupées mardi à Berne au sein d’un nouvel organe faîtier. La Conférence ES entend notamment mieux défendre les intérêts de cette filière au niveau politique.
En se fédérant, les écoles supérieures veulent s’assurer une meilleure reconnaissance et ainsi conforter leur position dans la lutte qui les oppose aux hautes écoles spécialisées (HES) et aux universités pour le partage de la manne fédérale dévolue à la formation.
La Conférence ES regroupe plus de 100 écoles supérieures. Quelque 8000 étudiants en sortent chaque année.
Parmi les objectifs de la Conférence ES figure en particulier l’élaboration d’une loi fédérale spécifique sur les écoles supérieures.
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