L’ONU récompense le système zurichois de vote électronique
Le système de vote électronique du canton de Zurich a été récompensé par le Prix 2007 de la fonction publique des Nations unies.
Lancé en 2002, en collaboration avec la Confédération et les cantons de Genève et de Neuchâtel, ce projet pilote de e-voting a été mis sous toit l’an dernier.
Grâce à ce système, qui rend le vote électronique possible depuis un ordinateur ou un téléphone portable, les autorités espèrent inciter un plus grand nombre de citoyens à donner leurs avis lors d’élections ou de votations.
Un projet qui a convaincu le jury du Prix 2007 de la fonction publique décerné dans le cadre du 7ème Forum mondial de l’ONU sur la gouvernance de l’Etat, qui se tient jusqu’au 29 juin à Vienne.
Mardi, c’est le conseiller d’Etat zurichois Markus Notter qui s’est vu remettre cette distinction onusienne. Elle est destinée à récompenser «d’excellentes prestations fournies au nom de l’intérêt public.»
Un système «de luxe»
Responsable du projet, Giampiero Beroggi décrit le système de e-voting zurichois comme étant une «solution de luxe». Il se distingue de deux manières des projets concurrents menés en Suisse romande.
«Premièrement, il ne permet pas seulement de voter via Internet, mais aussi via un téléphone mobile ou même un écran de télévision interactif», explique Giampiero Beroggi à swissinfo. «Deuxièmement, il est exportable: nous pourrons l’utiliser pour d’autres cantons, d’autres organisations, d’autres pays.»
Avantage supplémentaire, ce système s’avère utilisable dans les cantons qui ont des registres électoraux décentrés – comme Berne ou Zurich – où ce sont les communes qui gèrent ces registres. «Notre système permet de récolter les votes exprimés dans les 171 communes zurichoises», souligne Giampiero Beroggi.
Restrictions temporaires
Dans le canton de Zurich, toutes les communes pourraient ainsi dès aujourd’hui prendre part au vote électronique. Mais la Chancellerie fédérale l’interdit encore.
La part des votants qui peuvent s’exprimer par voie électronique est en effet limitée à 10%. Cette restriction garantit un impact minimal sur les résultats d’une élection ou d’une votation en cas de défaut dans le fonctionnement du système de vote par voie électronique.
«Cette limite restera certainement en vigueur ces trois ou quatre prochaines années. Mais ensuite, d’autres cantons adopteront aussi un tel système», estime Giampiero Beroggi.
Voter en vacances
Pour l’expert zurichois, il sera en outre bientôt possible de remplir son devoir électoral depuis une plage de sable blanc.
«Avec Internet, il n’y a pas de problème de sécurité. Chaque citoyen reçoit une carte électorale munie d’un code. Il suffit de le gratter à l’aide d’une pièce de monnaie et de le combiner avec sa date de naissance afin d’être identifié», explique-t-il. Selon lui, ce système de codage est «imparable.»
Quant au vote par SMS, il nécessite la conclusion de contrats spéciaux et la définition de normes techniques spécifiques en partenariat avec les opérateurs de téléphonie mobile. «Ce que nous avons fait avec les trois opérateurs actifs en Suisse», précise Giampiero Beroggi.
Le vote par SMS depuis l’étranger implique néanmoins une certaine dose de volontarisme. Il faut en effet régler la question avec l’opérateur concerné, une démarche plutôt compliquée. Dans le canton de Zurich, on a cependant constaté que le vote par SMS est marginal, la plupart des votants lui préférant Internet.
Et les Suisses de l’étranger?
Quant à la généralisation du vote électronique en Suisse, Giampiero Beroggi ne veut pas se prononcer. «Ce sont les politiciens qui auront le dernier mot.»
Pour ce qui concerne les Suisses de l’étranger, la Chambre haute a déjà décidé qu’ils seraient autorisés à recourir au vote électronique. La Chambre basse doit encore donner son accord. «On s’attend à ce que la Cinquième Suisse puisse voter électroniquement en 2009», indique Giampiero Beroggi.
L’introduction du e-voting nécessite néanmoins de surmonter certaines craintes. «Comme lors de l’introduction du vote par courrier, rappelle l’expert. La technologie électronique fait aujourd’hui partie de notre vie, que ce soit avec le e-banking ou le e-voting. Les attentes des utilisateurs dans ce domaine sont élevées.»
En définitive, Giampiero Beroggi s’attend à ce que la pression de l’opinion publique accélère le processus. «Le vote électronique colle à notre époque. Il ne s’agit pas d’une technologie d’avenir mais d’un moyen technique qui correspond à notre mode de vie actuel.»
swissinfo, Etienne Strebel
(Traduction de l’allemand: Carole Wälti)
Procédure de vote par laquelle les citoyens disposant du droit de vote peuvent exercer leurs droits politiques par un système de vote et d’élection électroniques.
Ils remplissent un «bulletin de vote électronique» qu’ils envoient au bureau de vote via les réseaux informatiques.
Les cantons de Genève, Zurich et Neuchâtel mènent actuellement des essais de vote électronique en collaboration avec la Chancellerie fédérale, essentiellement pour assurer la sécurité de la procédure (garantir le secret du vote, écarter tout risque d’abus).
Du 26 au 29 juin a lieu à Vienne le 7ème Forum mondial «Réinventer la gouvernance de l’Etat». Cette conférence de l’ONU réunit près de 2000 participants du monde entier.
Le thème principal de cette rencontre est «Développer la confiance en la gouvernance de l’Etat».
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