La criminalité augmente, pas la répression
Infractions en hausse de 5,5%, 16% de vols en plus, 21% de prévenus mineurs en moins. Confédération et cantons ont présenté leurs chiffres de la criminalité en 2011. Une criminalité qui amène certains élus locaux à réclamer plus de fermeté.
Sur l’ensemble des presque 700’000 délits recensés en Suisse l’an dernier, 81% relèvent du Code pénal, 13% de la loi sur les stupéfiants et 5% de la loi sur les étrangers, selon les chiffres basés sur les données des infractions enregistrées de manière uniforme dans tous les cantons et livrés à la presse de 26 mars.
Les vols sont en augmentation de 16% et la criminalité progresse à peu près dans toutes ses formes, avec toutefois une diminution de 21% du nombre de mineurs inculpés. En baisse également, les crimes violents (-7%) et les crimes à caractère sexuel (-3%).
Les statistiques des cantons montrent que les zones frontière, soit les régions de Genève, Vaud, Bâle et dans une moindre mesure Tessin, ainsi que les grandes villes sont particulièrement touchées par les cambriolages, les vols de voitures et les vols à la tire.
Plus de fermeté
Dans une déclaration commune, Isabel Rochat et Jacqueline de Quattro, ministres de la police des cantons de Genève et de Vaud, en appellent à une modification du Code pénal pour renforcer l’effet dissuasif des sanctions sur les récidivistes.
«Nos cantons sont particulièrement exposés à la criminalité transfrontalière et aux délits commis par des gens qui n’ont pas de visa valable», ont dit ensemble les deux ministres. Elles demandent également au gouvernement fédéral d’activer la signature d’accords de réadmission avec les pays d’origine des requérants d’asile.
Les deux élues attendent «un signal clair et un appui fort de la Confédération», notamment pour renforcer les sanctions pénales, dont certaines «ne sont pas adaptées à l’évolution de la criminalité et n’ont pas un effet dissuasif suffisant». Depuis l’introduction des jours-amende pour les délits mineurs en 2007, les critiques pleuvent régulièrement contre un système jugé trop laxiste.
Unir les forces
Mesdames Rochat et de Quattro ont également annoncé un renforcement de la collaboration entre leurs polices et appelé à des discussions plus intenses avec Berne pour l’engagement des garde-frontière dans la lutte contre la criminalité transfrontalière.
Dans le canton de Genève, qui abrite le siège européen des Nations Unies, la criminalité a augmenté de 18% en 2011, avec un total de 72’821 cas. Soit nettement plus que l’augmentation moyenne enregistrée au niveau national.
Même si les crimes violents et à caractère sexuel ont diminué respectivement de 9% et de 7% dans le canton, les vols ont augmenté de 29% et les cambriolages de 17%, ce qui signifie qu’il s’en commet jusqu’à 50 par jour. Le canton voisin de Vaud n’est guère mieux loti, avec une hausse des vols de 34% et même de 103% si l’on considère uniquement les vols par pickpocket.
«Ces chiffres sont inquiétants. La situation actuelle est inacceptable, et je ne suis pas disposée à la tolérer plus longtemps», a dit Isabel Rochat à la presse.
«Le phénomène des cambriolages ne touche pas que Genève, mais il s’étend à toute la région du Lac Léman, y compris la France voisine», rappelle de son côté Monica Bonfanti, cheffe de la police genevoise.
Les étrangers…
Dans tout le pays, les violations de la loi sur les étrangers ont augmenté de 10%. Selon l’Office fédéral de la statistique, cela est dû avant tout à l’augmentation du nombre des entrées illégales et des personnes séjournant dans le pays sans visa valable.
A y regarder de plus près, on voit que Genève par exemple a un problème avec quelque 400 récidivistes d’Afrique du Nord, requérants d’asile dont la demande a été refusée ou immigrants illégaux. Et ceux-ci sont responsables de près d’un tiers des cas de vol à la tire.
«Nous sommes face à trois phénomènes: des gangs d’Europe du sud-est, en particulier de Roumanie qui sont responsables des vagues de cambriolages de l’automne dernier et de jeunes Roms venus des Balkans, basés à Milan et qui commettent des cambriolages entre l’Italie et Paris, explique François Schmutz, chef de la police judiciaire genevoise. Nous sommes passablement désarmés, car ce sont des mineurs et les mesures de réinsertion ne sont pas adaptées.»
«Et le troisième phénomène, ce sont les citoyens d’Afrique du Nord qui se sont installés illégalement à Genève. Initialement, ils étaient très actifs dans la criminalité de rue et ils continuent à y être. Maintenant, ils se sont trouvés renforcés par l’arrivée de migrants du Printemps arabe et ils ont commencé à se lancer dans les cambriolages.»
… mais surtout les Suisses
Reste qu’au niveau national, 78% des dénonciations pour infraction au code pénal ont été prononcées contre des résidents en Suisse, dont 63% sont détenteurs du passeport à croix blanche. 37% sont au bénéfice d’un permis de séjour et 5% sont ou ont été requérants d’asile.
En 2011, 692’954 délits ont été enregistrés dans les statistiques policières de toute la Suisse. C’est une hausse de 5,5% par rapport à 2010, ou de 6% (+31’980 cas) si l’on considère uniquement les infractions au Code pénal.
La hausse est particulièrement forte pour les vols (+16%, +29’787), tandis que les délits contre l’intégrité physique ou l’intégrité sexuelle ont reculé respectivement de 7% (-1842) et de 3% (-200).
Les infractions à la loi fédérale sur les stupéfiants sont également à la hausse (+2%, +2038), ainsi que celles à la loi sur les étrangers (+10%, 2792).
Au nombre de délits pour 1000 habitants, les zones urbaines sont logiquement moins sereines que les campagnes.
Par canton, le top 5 des infractions pénales s’établit comme suit:
Genève 159,1
Bâle Ville 119,2
Vaud 98,7
Neuchâtel 85,2
Zurich 77,9
Par ville:
Genève 217
Lausanne 189,5
Berne 172
Zurich 138,9
Bâle 119,2
En queue de classement, les trois cantons les plus calmes sont:
Appenzell Rhodes intérieures 23,3
Uri 25,9
Nidwald 28,3
Traduction et adaptation de l’anglais: Marc-André Miserez
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