La santé psychique des Suisses s’améliore
55% de la population suisse se sent émotionnellement stable. C'est 10% de plus qu'il y a 15 ans. Et même 60% se dit sereine et équilibrée, selon les chiffres de l'Observatoire suisse de la santé.
Mais cet apparent bien-être n’empêche pas les Suisses – surtout les hommes – d’être plus nombreux que par le passé à consulter le psychologue ou le psychiatre.
Faute de données, l’OBSAN n’arrive pas à expliquer précisément pourquoi la santé psychique s’améliore alors que le nombre des traitements augmente.
Parmi les facteurs jouant un rôle, il note le fait que les médecins accordent aujourd’hui une plus grande attention aux maladies psychiques. L’élargissement des possibilités thérapeutiques encourage aussi probablement les gens à consulter.
La plupart des personnes interrogées lors d’enquêtes estiment que leur bien-être psychique est bon. La fatigue psychique, le pessimisme, la nervosité et les troubles du sommeil sont en recul depuis une dizaine d’années, et la fréquence des troubles chroniques sévères tend à diminuer, notamment chez les hommes.
Mais parallèlement, le nombre des personnes déclarées invalides en raison de troubles psychiques a quasiment doublé au cours des dix dernières années. Le pourcentage des rentes AI versées pour cause de maladie psychique a passé de 20% en 1986 à 37% en 2005.
Question de conjoncture
«Quand l’économie va mal, il y a forcément plus de gens qui ont des problèmes personnels. Si vous restez deux ans sans travailler, il y a de quoi déprimer», explique pour sa part à swissinfo le président de la Société suisse de psychiatrie et de psychothérapie.
Hans Kurt considère ce rapport de l’OBSAN comme «très utile par les indications qu’il fournit», même si «la situation est plus complexe que ce qu’il montre».
En effet, pour 55% de personnes qui se sentent bien, il y en a tout de même 45% qui estiment avoir un problème psychique, ce qui est énorme.
Hans Kurt met également en garde contre la tentation de croire que cette amélioration sur 15 ans pourrait traduire une tendance irréversible.
«Si la conjoncture économique se détériore à nouveau, ou si nous avons de gros problèmes avec l’environnement par exemple, les chiffres pourraient à nouveau changer. Tout cela dépend beaucoup des conditions de vie des gens», avertit le spécialiste.
Ballottés par la vie
Les hommes et les personnes âgées sont plus nombreux que les femmes et les jeunes à se déclarer «maîtres de leur existence», un signe important de bonne santé psychique. Au contraire, un cinquième de la population se sent «à la merci des aléas de la vie».
Pour surmonter les crises psychiques, les gens comptent surtout sur le soutien émotionnel de leur partenaire. A cet égard, les hommes dépendent plus fortement de la relation de couple que les femmes, note l’OBSAN.
Les conséquences économiques des maladies psychiques sont énormes. Le rapport les estime à 18 milliards de francs pour 2005, soit 4% du produit intérieur brut. Deux tiers de ces coûts sont dus à la baisse de la productivité et un tiers aux absences prolongées.
18% de dépressifs
Près de 18 % de la population présente des symptômes dépressifs. Mais seuls le quart des personnes dont les symptômes sont moyens à forts et la moitié de celles souffrant d’une grave dépression suivent un traitement. Il y a là une importante lacune à combler, estime l’OBSAN.
Les taux d’hospitalisation de type psychiatrique, après une période d’augmentation, se sont stabilisés ces dernières années à environ huit hospitalisations pour mille habitants. Le taux est un peu plus élevé chez les hommes que chez les femmes.
Des études récentes montrent que ce n’est pas le nombre de personnes hospitalisées qui augmente, mais la fréquence des hospitalisations des mêmes personnes.
Issue fatale
Les problèmes psychiques peuvent avoir une issue fatale, rappelle l’OBSAN. Le suicide est la deuxième cause de décès chez les personnes de 15 à 34 ans, après le cancer pour les femmes et les accidents de la route pour les hommes.
En 2004, un suicide sur trois a été commis par une personne de plus de 65 ans, dont un cinquième environ avec l’aide d’un tiers. Le taux de suicide a baissé au cours des dernières années; la baisse est due à la diminution du taux de suicide des hommes, celui des femmes étant resté stable.
swissinfo et les agences
En plus du rapport de l’OBSAN sur la santé psychique, l’Office fédéral de la statistique a publié jeudi les dernière données démographiques sur la Suisse.
A fin 2006, le pays comptait 7’508’700, soit 49’600 de plus qu’une année auparavant.
Le taux d’augmentation de la population – 0,7% – est resté pratiquement stable depuis 2000.
Avec 73’400 naissances et 60’300 décès, la croissance naturelle de la population contribue pour un quart environ à cette augmentation, le solde étant dû à l’immigration.
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