Le moment des grandes décisions est venu pour l’OMS
L’Assemblée mondiale de la Santé se réunira à partir du 24 mai à Genève. Ce pourrait être un moment décisif pour définir une réponse mieux coordonnée et coopérative aux futures pandémies.
Cette assemblée d’une semaine, tenue virtuellement cette année, rassemble des délégations de haut niveau des 194 États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle définit les politiques, procède à des nominations et examine le budget de l’OMS.
L’édition de cette année pourrait être la plus suivie de tous les temps, car le dernier conflit sur l’accès aux vaccins a opposé non seulement les pays en développement aux pays développés, mais aussi les pays occidentaux entre eux.
Quelques semaines seulement avant le début de l’assemblée, la représentante au Commerce américaine Katherine Tai a lâché une bombe en annonçant que Washington était favorable à une suspension provisoire de la protection de la propriété intellectuelle pour les vaccins Covid-19.
Cette annonce a pris l’Europe, y compris la Suisse, avec son important secteur pharmaceutique, au dépourvu. Comme swissinfo.ch l’a déjà relaté, la Suisse n’est pas disposée à renoncer aussi facilement à la protection des brevets.
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Sous pression pour suspendre les brevets des vaccins anti-Covid, la Suisse résiste
Même si une décision définitive sur cette suspension provisoire sera prise dans le courant de l’année par les États membres dans le cadre des négociations de l’Organisation mondiale du commerce, l’amélioration de l’accès aux médicaments et aux autres technologies de santé sera une priorité de l’ordre du jour de l’Assemblée mondiale de la Santé.
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Réponse à l’épidémie de Wuhan
L’OMS et la Chine ont été critiquées pour ne pas avoir agi assez rapidement pour contenir la Covid-19 lorsque le virus est apparu pour la première fois dans la ville chinoise de Wuhan, à la fin 2019. Et bien que le régime chinois ait autorisé une équipe internationale d’experts à se rendre en ce début d’année à Wuhan, il est soupçonné d’avoir retenu des informations clefs de la mission qui auraient pu permettre de mieux comprendre la source de l’épidémie.
En fait, sans les États membres et la coopération régionale, l’OMS est un tigre de papier. swissinfo.ch a examiné de plus près comment l’organisme mondial devrait – et dans de nombreux cas – coordonner efficacement sa réponse aux urgences sanitaires. Une grande partie du travail effectué par les bureaux régionaux de l’OMS est méconnue: renforcer les capacités des laboratoires pour pouvoir détecter les virus, améliorer les systèmes de santé locaux et faciliter la notification rapide et précise des épidémies.
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Partage de l’information: l’OMS prête à des réformes de fond
L’une des raisons de la faiblesse de la réponse internationale à la Covid-19 est l’incapacité des gouvernements à respecter leurs engagements envers le Règlement sanitaire international (RSI), conçu explicitement en 2005 pour renforcer la collaboration mondiale. Les délégués à l’assemblée devraient examiner de près les raisons pour lesquelles ce règlement s’est révélé si inefficace au cours des douze derniers mois.
Dans une interview, l’ancien directeur général adjoint de l’OMS, Keiji Fukuda, a déclaré que «la question la plus fondamentale est de savoir si les pays pensent qu’une approche multilatérale et coopérative est souhaitable et s’il est possible de la mettre en œuvre à l’époque actuelle».
Le niveau auquel les pays coopèrent et définissent les priorités n’est pas uniquement défini par les gouvernements. Les donateurs privés jouent un rôle de plus en plus important dans la définition des politiques et des réponses mondiales. La Fondation Bill & Melinda Gates est le deuxième plus grand contributeur au budget de l’OMS, représentant plus de 9% du financement de l’organisme.
Si le bien fait par la fondation privée est incontestable, certains s’inquiètent du fait qu’elle accorde à des individus le pouvoir d’influencer les priorités de la santé mondiale. «L’OMS est redevable à un acteur privé qui n’a pratiquement aucun compte à rendre», relevait ainsi Lawrence Gostin, de l’université de Georgetown, dans cet article.
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Bill Gates a-t-il trop d’influence sur l’OMS?
Pour sa part, Linsey McGoey, professeure de sociologie à l’université britannique d’Essex, pense que Bill Gates a un intérêt idéologique à voir des résultats mesurables dans un délai rapide, afin de démontrer que la «philanthropie des milliardaires» fonctionne.
Comment l’OMS en est-elle arrivée à la situation dans laquelle elle se trouve aujourd’hui: un organisme créé pour assurer un bien public, mais «redevable» à des particuliers, et dont le rôle de coordination de la réponse aux urgences sanitaires est sapé par ses propres membres? Dans cette vidéo, nous examinons les réalisations de l’OMS au cours de ses 73 ans d’existence, ainsi que les nombreux défis auxquels elle est confrontée aujourd’hui.
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Covid-19: L’OMS mène-t-elle la barque?
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)
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