Les ours réinvestissent Berne!
Environ 40'000 personnes se sont pressées dimanche à Berne pour l'ouverture officielle du nouveau parc aux ours situé à côté de l'ancienne fosse, sur les bords de l'Aar. Un symbole fort - et très cher- pour la ville.
Après presque deux ans d’absence, les ours de Berne retrouvent le public de la capitale fédérale. Le nouveau Parc aux ours a été inauguré ce dimanche.
40.000 personnes sont donc venues saluer Finn et Björk, qui ne sont pourtant guère exposés dimanche, sinon le matin… Quoi qu’il en soit, les organisateurs ne s’attendaient pas une telle affluence, ont-ils indiqué dimanche dans un communiqué.
Un grand vide
Berne sans ses ours: impensable! C’est sûrement ce que pensaient ces touristes chinois qui, il y a quelques jours, équipés de leur appareil photographique, attendaient sur le pont du Nydegg avec quelques autochtones. «Where bear?» demandait l’un – «Où, l’ours?»
Ces derniers temps, aucun ours ne montrait son pelage sur les rives de l’Aar où le parc a été aménagé. Mais les animaux sauvages privilégient le principe de prudence. Or Björk et Finn, les deux ours, se trouvent parachutés dans un environnement complètement nouveau pour eux, explique, Bernd Schildger, directeur du parc.
Ils doivent faire leur première ronde de reconnaissance. C’est un territoire tout neuf et ils doivent s’assurer qu’il ne sera pas revendiqué par d’autres ours. Selon Bernd Schildger, «c’est le plus grand défi se posant à un ours».
La «honte de Berne» est fermée
Les ours, emblèmes des armoiries bernoises, mais aussi symboles publicitaires, devraient cependant, une fois leur reconnaissance achevée, se trouver bien mieux dans leur nouveau parc que dans la fosse.
Ouverte en 1857, la fosse de 3,5 mètres de profondeur n’était absolument pas conforme aux besoins des animaux.
«Une honte»: c’est ainsi qu’une dame âgée, rencontrée au bord de l’Aar, évoque l’ancienne fosse. C’est aussi l’avis de ce jeune homme bernois: «A la fin, les ours, et encore plus ce pauvre Pedro, qui est mort récemment, avaient l’air d’avoir été envoyés aux oubliettes.»
Même les touristes étrangers se plaignaient. Certains ont déposé des réclamations à l’Office du tourisme situé à côté de la fosse, indique une passante.
«Autrefois, on ne voyait pas les choses comme ça, se souvient une autre dame âgée. Nous venions en famille et donnions des carottes aux ours. Ils dansaient pour en recevoir, c’était si mignon». Mais elle est aussi très heureuse que les ours aient désormais un endroit plus approprié.
Le nouveau parc est en effet plus respectueux des besoins des animaux: deux enclos de plus de 10’000 mètres carrés au total, comprenant des grottes et un bassin au bord de l’Aar, accueillent les plantigrades.
Nouvelle attraction touristique?
«Grâce au nouveau parc, nous attendons au moins autant de touristes qu’avant voire davantage. Or la fosse aux ours attirait un million de personnes par année», explique Marcel Graf, directeur du projet «Parc aux ours» à l’Office du tourisme.
«Nous pensons que les touristes vont aussi rester plus longtemps aux abords du parc, car ils devront prendre le temps d’observer les animaux», ajoute-t-il. Selon lui, l’intérêt est très grand, tant en Suisse qu’à l’étranger.
Ainsi, un ouvrage pédagogique utilisant l’ours sera-t-il aussi édité pour l’Allemagne et spécialement pour Berlin, «qui a de grandes affinités avec l’ours, comme nous à Berne», précise Marcel Graf. Au printemps prochain, la capitale allemande accueillera aussi un «roadshow» publicitaire qui tournera dans toute l’Europe.
La publicité n’est pas le seul aspect de la campagne: il s’agit aussi de sensibiliser, surtout les élèves et le public des zoos, où la ville de Berne entend aussi présenter son nouveau parc.
L’Angleterre est une étape très importante car les mouvements de protection des animaux y sont très forts. «Nous voulons corriger l’image laissée par la fosse aux ours», admet Marcel Graf.
Coûts supplémentaires
Laisser vivre des ours au milieu d’une ville comme Berne, dans un environnement respectueux des droits des animaux, voilà qui est unique au monde: c’est ce qu’affirment les principaux sponsors du nouveau parc, La Mobilière assurance et la ville de Berne. Revers de la médaille: les coûts de construction ont explosé.
D’abord budgétés à 9,7 millions puis à 14,5 millions de francs, les coûts finaux s’élèvent à 24 millions de francs. La ville a décidé d’ouvrir une enquête administrative pour faire la lumière sur cette affaire.
La joie devant l’ouverture du parc où gambaderont Björk (9 ans) et Finn (4 ans) reste intacte. Quant aux deux jeunes oursons Mischa et Mascha, offerts par l’épouse du président russe Svetlana Medvedev, ils restent pour le moment au zoo Dählhölzli.
Jean-Michel Berthoud, swissinfo.ch
(Traduction et adaptation Ariane Gigon)
Zähringen. L’importance de l’ours en ville de Berne a une longue tradition. Emblème héraldique, l’ours serait le premier animal à avoir été tué dans la région par le fondateur de la ville, Berchtold V von Zähringen. La ville doit ainsi son nom et sa légende au plantigrade.
Novare. En 1513, le chroniqueur bernois Valerius Anshelm raconta aussi que les Bernois victorieux de la bataille de Novare revinrent dans la patrie avec un ours vivant, butin de guerre.
Bärenplatz. L’ours fut mis en cage dans une fosse de la ville devant le «Käfigturm». D’où le nom de la place, «Bärenplatz», où la fosse est restée jusqu’en 1764.
Déménagement. Pour construire les voies de transports, la place a été réaménagée et la fosse déplacée aux portes de la ville, au «Schanzengraben beim Bollwerk».
Fosse aux ours. L’avant-dernière fosse, qui sera remplacée par le nouveau Parc aux ours dès ce dimanche 25 octobre, a été inaugurée le 27 mai 1857. L’ancienne fosse a accueilli jusqu’à douze ours, voire plus, par périodes.
Activités. Selon l’ATS, «le lieu sera transformé pour accueillir des expositions, des manifestations culturelles et la vente d’articles liés au nouveau parc.»
24 millions. D’abord budgétés à 9,7 millions puis à 14,5 millions de francs, les coûts du nouveau Parc aux ours s’élèvent à 24 millions de francs.
Enquête. La ville a décidé d’ouvrir une enquête administrative pour faire la lumière sur cette affaire. Les responsables devront en tirer les conséquences, affirme la ville.
Difficultés géologiques. Parmi les raisons avancées pour les surcoûts, on cite les difficultés géologiques sur la rive de l’Aar qui accueille le nouveau parc.
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