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Les postiers à la rescousse des recenseurs

Les postiers suisses ont une nouvelle casquette, celle de recenseur fédéral. Keystone

Le questionnaire à remplir pour le recensement fédéral, c’est du passé. Dès cette année, ce sont des registres qui parleront (un peu) au nom de la population. Dans de nombreuses villes de Suisse, les postières et les postiers prêtent main forte au recensement.

«Un paquet!», s’exclament les optimistes. «Une mauvaise nouvelle en recommandé», penseront les pessimistes. Pourtant, en ce moment, dans certaines villes comme Zurich, quand le facteur sonne, c’est pour tout autre chose…

Au bord de la Limmat, comme à Renens, Morges, dans le canton de Vaud, ou dans certaines communes du Valais, les postiers sont en effet en train de réaliser une partie du nouveau recensement fédéral de la population.

Ils arpentent les immeubles, stylo et formulaire en mains, pour lire les noms sur les sonnettes d’appartement. Le résident regarde avec des grands yeux. C’est ça, le nouveau recensement?

De fait, les facteurs-recenseurs sont une pierre essentielle de l’«harmonisation des registres». Or c’est cette dernière qui permet d’automatiser une partie du travail des anciens formulaires, en reliant entre elles certaines données aujourd’hui éparpillées. Grâce à cela, le recensement ne sera plus actualisé tous les dix ans, comme ce fut le cas entre 1850 et 2000, mais toutes les années.

Vérification des numéros

En termes fédéraux, les postiers vérifient l’«identificateur fédéral de logement» (EWID) et l’«identificateur fédéral de bâtiment» (EGID). En termes plus simples, il s’agit des numéros officiels des logements et des bâtiments.

«Ces identificateurs permettront de relier les personnes mentionnées dans les registres des habitants avec les numéros de leur logement et, ainsi, de former les ménages. C’est l’un des principaux objectifs du nouveau système de recensement», explique Claude Gisiger, chef de la section «Population» à l’Office fédéral de la statistique (OFS).

La Poste, qui connaît bien les immeubles, semble avoir été le partenaire naturel de ce travail. «Ce travail d’identification est très complexe», poursuit Claude Gisiger.

«Très astreignant»

«Les identificateurs existants ont été attribués aléatoirement dans le Registre fédéral des bâtiments et il faut vérifier, dans la réalité, à quel logement physique appartient tel numéro et dans quel logement les personnes se situent exactement.»

A Zurich, le travail devrait être terminé fin septembre. «Nous avons environ 40 employés qui effectuent ce travail en ville, à temps partiel, explique Jürg Flückiger, un des responsables de la Poste au bord de la Limmat. C’est très astreignant. Il faut arpenter tous les immeubles à pied et examiner chaque sonnette, dont les noms ne sont pas toujours lisibles.»

Les portes restent parfois fermées, parce que personne n’est là. Les facteurs-recenseurs ont le droit de revenir trois fois. En revanche, le questionnement direct des habitants est prohibé.

Une dizaine de cantons

Sur le plan national, entre 300 et 400 «collaboratrices et collaborateurs de la distribution» ont été formés pour ce travail, précise Marcel Zahnd, responsable du projet recensement pour la Poste. Une dizaine de cantons l’ont mandatée (dont, en Suisse romande, Vaud et le Valais), mais non l’ensemble des communes de ces cantons.

En certains endroits, les postiers ont eu non seulement des difficultés – quand les noms ne sont pas lisibles ou inexistants, quand le nombre d’appartements ne correspond pas aux listes préalables – mais ils ont aussi fait d’étonnantes découvertes.

A Einsiedeln (Schwyz), une quarantaine d’appartements non déclarés, sous les combles, ont été mis à jour. Il n’est pas non plus toujours évident de savoir où est le premier étage, si l’entrée n’est pas au rez-de-chaussée…

En quête d’habitants non déclarés?

Si la ville de Zurich, sur recommandation du canton, a choisi de mandater la Poste, «c’est parce que nous n’avions pas les ressources d’effectuer ce travail nous-mêmes, explique Franz Behrens, chef du Contrôle des habitants. Dans les petites communes où tout le monde se connaît, ce n’est pas nécessaire, mais ce n’est de loin pas notre cas. Nous sommes très contents que la Poste fasse ce travail!»

Et si les facteurs découvrent des personnes en situation illégale? «Ce n’est pas le but de l’exercice, répond le Zurichois. Mais nous leur demandons effectivement de s’annoncer si elles ne l’ont pas encore fait.»

Dans le canton de Vaud, une trentaine de communes ont recouru au service de la Poste, dont Vevey, Morges ou Renens. La capitale, Lausanne, en revanche, effectue le travail elle-même.

Harmonisation des registres

«Cela n’aurait pas coûté moins cher si nous avions chargé la Poste du travail, mais, surtout, nous avions déjà commencé un travail, considéré comme pionnier, d’enregistrement des bâtiments, explique Alessandro Dozio, chargé du dossier. Pour nous, il s’agit d’assurer la continuité. Mais il est vrai que c’est un véritable travail de bénédictin…»

Alessandro Dozio veut croire que, «malgré la disparition des questionnaires et toutes ces informations qui faisaient la richesse des recensements, il n’y a pas de raison de croire que ce sera moins intéressant…» L’OFS précise du reste que de nombreuses autres enquêtes complèteront les données des registres.

Sur le plan européen, la Suisse se trouve dans le groupe des pays suivant les Etats nordiques, où l’harmonisation des registres est déjà complètement effectuée.

Changement. Pour la première fois depuis 1850, les habitants de Suisse n’ont pas rendez-vous avec le questionnaire du recensement qu’ils remplissaient, auparavant, tous les dix ans.

Registres. Les statistiques de base reposent sur les registres des habitants des communes et des cantons, sur les principaux registres de personnes de la Confédération, ainsi que sur le Registre fédéral des bâtiments et des logements.

Echantillons. Les statistiques structurelles, basées sur un relevé annuel par échantillonnage auprès de 200’000 personnes, donneront un aperçu général des principales structures de la population.

Thématiques. Des statistiques thématiques, auprès de 10’000 et 40’000 personnes, se succèderont sur une période de cinq ans, dans les domaines suivants: «mobilité et transports» (2010), «formation de base et formation continue», «santé», «familles et générations» et «langue, religion et culture». Des enquêtes multithématiques, appelées «omnibus», seront menées sur des sujets d’actualité auprès de quelque 3000 personnes. Les premiers résultats seront disponibles fin 2011.

Coûts réduits. Le recensement 2000 avait coûté, sur plusieurs années, 170 millions de francs, dont 107 pour la Confédération. Le budget 2008-2015 est de 70 millions, à la charge exclusive de la Confédération. L’harmonisation des registres coûte 15 millions à la Confédération et 33 aux cantons et communes.

Harmonisation. En collaboration avec l’Office fédéral de la statistique (OFS), la Poste a élaboré une procédure pour vérifier les «identificateurs fédéraux de bâtiment et de logement», permettant d’harmoniser les registres des bâtiments avec ceux des habitants.

Cantons. Une dizaine de cantons ont mandaté la Poste pour effectuer ces relevés. Le travail est bouclé dans les cantons de Bâle-Ville et Lucerne. Dans les cantons de Vaud (une trentaine de communes), du Valais, d’Argovie, de Berne, de Bâle-Campagne ou des Grisons, la Poste a été mandatée dans quelques communes, mais pas sur l’ensemble du territoire.

Données. Au total, 2,5 millions de données seront livrées par la Poste à l’OFS d’ici la fin de l’année. L’OFS estime que les registres harmonisés permettront de récolter informatiquement «une grande partie» des données des anciens questionnaires du recensement.

Coûts. La Poste facture son travail, mais seulement de façon à couvrir les coûts.

Zurich

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