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«Il faut de la persévérance»

homme devant un taxi
Ismael Mechai (30 ans) est patron d'une société de taxi de Berne, étudiant à l'Université de Berne et président de l'association des taxis de Berne. zvg

Avec la crise sanitaire, de nombreux Suisses doivent aujourd’hui improviser — expérience nouvelle pour la plupart d’entre eux. Dans une série, nous vous présentons des personnes qui se battent pour trouver une voie à travers le confinement. Quels sont leurs craintes et leurs espoirs? Aujourd’hui, le témoignage d’Ismael Mechai, patron d’une société de taxis.


Depuis le 16 mars, tout tourne au ralenti en Suisse.

Du jour au lendemain, de nombreuses personnes ont fait face à de grands défis. Avec une clientèle très réduite, comment l’exploitant d’un stand de kebab paye-t-il le loyer à la fin du mois? Comment la propriétaire du salon de coiffure verse-t-elle un salaire à ses employés? Ou comment un couple indépendant qui a dû fermer son studio de yoga et de Pilates peut-il encore gagner sa vie?

Certes, la situation en Suisse tend progressivement à revenir à la normale, mais l’art d’improviser restera d’actualité encore de longues semaines.

 «Nous constatons clairement que depuis lundi, certains magasins ont rouvert. Nous conduisons à nouveau nos clients chez le coiffeur ou le physiothérapeute. Pendant le confinement, nos courses avaient chuté de 90%. Aujourd’hui, ça reprend.

Ces dernières semaines ont été particulièrement difficiles pour les chauffeurs de taxi indépendants, qui travaillent à leur propre compte. Heureusement, j’ai quand même pu payer mes 18 chauffeurs salariés — notamment en les inscrivant au chômage partiel. Nous collaborons également avec 60 chauffeurs de taxi indépendants.

En temps normal, ceux-ci dégagent un chiffre d’affaires quotidien d’environ 180 francs. Mais aujourd’hui, il arrive qu’ils n’encaissent que 20 à 40 francs par jour. Les chauffeurs attendent les clients pendant des heures à la gare. Normalement, on fait une course par heure. Certains chauffeurs de taxi indépendants craignaient de devoir faire appel à l’aide sociale si les choses continuent ainsi.

Nous avons été autorisés à continuer à travailler, mais les gens ne voulaient plus vraiment prendre le taxi. Nous nous sommes fortement engagés pour que notre industrie soit elle aussi soutenue par la Confédération. Avec succès. Mais pour l’instant, l’indemnité Corona est limitée à deux mois seulement. La crise est cependant loin d’être terminée. De nombreux événements majeurs ont été annulés pour les mois à venir, ce qui aura des effets sur les chauffeurs de taxi.

«La crise est loin d’être terminée.» Ismael Mechai

Nos taxis sont équipés d’une paroi de séparation pour protéger le conducteur et les passagers. De plus, il y a des produits désinfectants dans chaque taxi. Si mes employés le souhaitent, ils peuvent également s’équiper de gants et de masques de protection. Nous essayons autant que possible de travailler sans argent liquide, sauf s’il n’y a pas moyen de faire autrement. Heureusement, il n’y a pas encore eu de cas d’infection dans notre entreprise.

Nous devons maintenant faire preuve de persévérance jusqu’à ce que la situation revienne à la normale. Je suis optimiste pour notre entreprise, car nous avons plusieurs cordes à notre arc: en plus des courses habituelles en taxi, nous proposons également des transports pour les personnes handicapées et les écoliers.

Intérieur d un taxi
Des mesures de protection à la fois pour le conducteur et les passagers. zvg

J’espère que nous, les chauffeurs de taxi, tirerons les leçons de cette crise et continuerons à chercher des solutions innovantes. De cette façon, nous pourrons survivre financièrement, même dans les moments difficiles. De nos jours, il faut être spontané et improviser — par exemple, en contactant les hôpitaux ou les cabinets médicaux pour leur demander s’ils ont besoin d’aide. Nous avons aussi proposé à nos clients de les amener faire les courses, une offre qui a été activement utilisée. Nous ne le faisions pas avant la crise du coronavirus.

Je conseille aux autres chauffeurs de taxi de se tenir informés sur les aides publiques ou autres mesures, non seulement au niveau fédéral, mais aussi au niveau cantonal.»

(Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard)

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