Meurtri, le Chili panse ses plaies
Les secours continuent de s'organiser pour aider les 2 millions de Chiliens touchés par un séisme samedi. L’ambassade de Suisse à Santiago n’a pas eu écho de morts ou de blessés graves parmi la communauté helvétique suite à ce séisme qui a provoqué la mort de plus de 700 personnes et causé d'énormes dégâts.
Le séisme de samedi est l’un des plus violent de ces cents dernières années. Il a atteint une amplitude de 8,8 sur l’échelle ouverte de Richter. Le dernier bilan est de 708 morts. Mais il devrait encore s’alourdir en raison de nombreux disparus, a déclaré la présidente chilienne Michelle Bachelet.
En tout, près de deux millions de personnes, soit un Chilien sur huit, ont été affectées par la catastrophe. Des scènes de pillage ont eu lieu dans les zones les plus touchées. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et deux régions – le Maule et le Biobío – ont été placées en «état d’exception» pour éviter de nouveaux troubles.
Le coût des dégâts pourrait atteindre 15 à 30 milliards de dollars, selon la société américaine EQECAT, spécialisée dans la modélisation du risque.
Pas de victimes suisses
Environ 4400 ressortissants helvétiques vivent au Chili, dont 3800 sont des binationaux. Les représentants de l’ambassade de Suisse à Santiago ont effectué des recherches pour déterminer si des compatriotes avaient été affectés, qu’il s’agisse de touristes, de résidents ou de descendants de Suisses.
Attachée culturelle de l’ambassade, Natacha Pressaco-Furrer a indiqué dimanche qu’il n’y avait pas de Suisses décédés ou gravement blessés suite au tremblement de terre de samedi et au tsunami qui ont dévasté les côtes des régions de Del Maule et de BioBío. Mais les investigations, rendues difficiles en raison des dégâts subis par les réseaux de communications, se poursuivent.
«Dimanche matin, nous avons eu deux réunions avec l’ambassadeur André Regli, afin d’analyser la situation. Mais fort heureusement, il n’y a jusqu’à présent pas de malheurs à déplorer», a déclaré Natacha Pressaco-Furrer.
Vacanciers sains et saufs
Cette dernière a encore indiqué avoir eu contact avec quinze Suisses qui étaient en vacances au Chili et dont la famille en Suisse voulait avoir des nouvelles. «Ils se trouvent au sud, en bonne santé, mais ils ne peuvent pas encore retourner à Santiago, car les routes ont été coupées», précise-t-elle.
L’ambassade a également établi le contact avec deux frères qui se trouvaient dans le secteur de Curanipe, l’un des villages dévastés par le tsunami. Ceux-ci ont indiqué être sains et saufs.
Un contact a également été établi avec les communautés suisses de Valparaíso, Concepción, Los Ángeles, Valdivia, Osorno, Temuco et Pucón. Aucune d’entre elles n’a d’informations sur des personnes sérieusement affectées par le désastre.
Arrivée d’une délégation
Une délégation suisse en provenance de Bolivie est arrivée au Chili pour évaluer sur place les besoins spécifiques des zones sinistrées. Les experts sont arrivés par la route, via l’Argentine, étant donné que l’aéroport était fermé.
Pour l’heure, Christian Ramírez, collaborateur chilien de l’ambassade de Suisse qui est actuellement en vacances dans le sud du pays, restera sur place pour récolter davantage d’informations. swissinfo.ch a tenté de le joindre par téléphone, mais jusqu’à présent, il n’a pas été possible d’établir la liaison.
«La Suisse compte également une équipe spécialisée pour les cas de tremblement de terre. Nous avons offert son aide au gouvernement chilien et nous attendons sa réponse», ajoute Natacha Pressaco-Furrer.
Ambassade bloquée
Cette dernière a par ailleurs précisé que les bureaux de l’ambassade de Suisse à Santiago – situés au 14e étage d’un immeuble – n’étaient plus accessibles. En effet, les portes se sont bloquées et l’entreprise de sécurité qui s’occupe du système n’a pas pu être atteinte.
«Nous avons vu depuis l’extérieur que les vitres de plusieurs portes s’étaient cassées, mais il ne semble pas y avoir de dommages structurels», a encore indiqué Natacha Pressaco-Furrer. Compte tenu de cette situation, les collaborateurs de l’ambassade poursuivent leur travail directement depuis la résidence de l’ambassadeur.
La consul honoraire de Suisse à Temuco, Marianne Fiala, a pour sa part indiqué que sa région n’avait pas déploré de morts et de dégâts importants. De son côté, Ramón Dufey, président de la Société suisse de Victoria, a également déclaré qu’aucune personne liée à la Suisse n’avait été sévèrement affectée par le séisme.
«Nous avons appris que deux journalistes suisses s’étaient perdus, mais j’ai entendu qu’on les avait déjà retrouvés, ajoute-t-il. Pour le reste, tout va bien, malgré des maisons durement touchées. Dans la mienne, nous avons accueilli quelques amis qui vivent dans les zones les plus sinistrées et qui avaient besoin d’un abri.»
Le séisme a surpris Ramón Dufey alors qu’il se trouvait dans sa maison de campagne, près de la localité d’Ercilla. «C’était impressionnant, raconte-t-il. La maison a craqué de tous les côtés, on ne pouvait plus marcher. (…) Mais la maison est heureusement restée debout.»
Mariel Jara, Santiago du Chili, swissinfo.ch
(Traduction de l’espagnol: Olivier Pauchard)
La Suisse a reçu lundi une demande d’aide des autorités chiliennes. Ces dernières demandent la livraison de biens de premier secours, l’envoi d’experts en génie civil mais aussi d’équipes de sauvetage.
Sur ce dernier point, il est trop tard pour que la Suisse intervienne. Avec la distance et les problèmes de transports, les équipes de sauvetages suisses arriveraient trop tard.
Par contre, un détachement de reconnaissance helvétique est arrivé sur place et doit examiner en cours de journée quelle aide peut être organisée localement et ce qui doit être amené de Suisse. Les biens de premiers secours comprennent par exemple des tentes et de la nourriture.
Les experts souhaités par le Chili doivent pouvoir aider à la construction d’infrastructures mais aussi au dessalage de l’eau.
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