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Pédophilie: le mea culpa des évêques suisses

«Nous demandons pardon pour ces erreurs», affirme la Conférence des évêques suisses (CES). Keystone

L'Eglise catholique suisse, ébranlée comme dans d'autres pays par plusieurs affaires présumées d'abus sexuels, a admis mercredi avoir «sous-estimé» la situation et appelle les victimes à porter plainte auprès de la justice.

«Nous avouons humblement avoir sous-estimé l’ampleur de la situation. Les responsables dans les diocèses et les ordres religieux ont commis des erreurs», a indiqué la Conférence des évêques suisses (CES) dans un communiqué.

Les responsables dans les diocèses et les ordres religieux ont commis des erreurs – «Nous demandons pardon pour ces erreurs».

Réagissant aux révélations d’abus sexuels présumés commis par des prêtres, la CES «encourage tous ceux qui ont souffert d’abus à s’annoncer auprès des centres de consultation pour les victimes (…) et, le cas échéant, à porter plainte».

La Conférence appelle également les auteurs de ces abus «à assumer leurs fautes et à s’annoncer à l’autorité compétente», sans plus de précision.

Avec fermeté

Dans sa prise de position, la CES indique qu’elle appliquera avec fermeté les directives qu’elle a édictées sur le sujet en 2002 et complétées l’an dernier.

Ces directives posent comme prioritaires les intérêts de la victime, la prévention des abus et une procédure systématique à l’encontre de leurs auteurs.

En marge de la prise de position de la CES, le vicaire général du diocèse de Bâle a critiqué la «sexualité déréglée» de la société.

La société dans son ensemble souffre du fait que l’être humain est devenu un objet sexuel, a déclaré Roland-Bernhard Trauffer dans une interview au quotidien alémanique Berner Zeitung. Le vicaire général reproche aux médias de «cacher cette réalité».

Les abus sexuels et la pédophilie existent «par milliers, surtout dans le cadre familial.» A ses yeux, le fait que certains prêtres catholiques aient abusé de mineurs résulte de la pathologie de l’auteur, comme pour tous les autres cas dans d’autres milieux.

Face aux abus, Roland-Bernhard Trauffer conseille de miser notamment sur la prévention.

Un registre central

A la mi-mars, l’Eglise catholique suisse avait indiqué que les diocèses helvétiques avaient été contactés par une soixantaine de personnes affirmant avoir été victimes d’abus sexuels de la part de membres du clergé.

Martin Werlen, abbé au monastère bénédictin d’Einsiedeln (centre de la Suisse), avait lancé l’idée d’un registre central des prêtres faisant l’objet d’une plainte pour abus sexuels.

Ce registre, dont l’idée est appuyée par la Présidente de la Confédération Doris Leuthard et 80% des Suisses selon un sondage, permettrait aux évêques de se renseigner sur une personne mutée dans leur diocèse.

La CES se penchera bel et bien sur la création d’une liste centrale des prêtres pédophiles. Et ce, lors de sa réunion plénière du mois de juin. A ses yeux, il est important d’arriver à une information réciproque automatique entre ordres religieux et diocèse.

La CES profitera aussi de sa réunion de juin pour évaluer s’il faut changer les directives établissant les mesures à prendre en cas d’abus sexuels par des prêtres. La question d’une dénonciation systématique des coupables à la justice, qui n’est pour l’instant pas prévue, sera alors examinée.

Ces annonces interviennent alors que des scandales de pédophilie impliquant le clergé catholique s’étendent dans toute l’Europe et aux Etats-Unis.

swissinfo.ch et les agences

Les Eglises de plusieurs pays sont touchées par des scandales de pédophilie. Notamment celles d’Irlande, d’Allemagne, des Etats-Unis, d’Autriche, des Pays-Bas, mais aussi de Suisse. Un prêtre schwyzois a reconnu avoir abusé sexuellement d’enfant en Allemagne.

La Présidente de la Confédération Doris Leuthard a fait savoir dans la presse dominicale qu’elle est favorable à la création d’un registre centralisé des prêtres pédophiles, comme il en existe déjà un pour les enseignants.

Un avis que ne partage pas le président de la Conférence des évêques suisses (CES), Mgr Norbert Brunner.

Le pape a fermement condamné les abus. Mais il est plongé dans la polémique après des accusations du New York Times selon lesquelles il n’aurait pas sanctionné en 1996 un prêtre américain accusé de viols répétés sur 200 enfants.

Face à la plus grave crise de son pontificat, Benoît XVI a fait savoir dimanche dernier qu’il n’entendait pas se laisser déstabiliser par les «intimidations» et «jacasseries médiocres de l’opinion dominante».

Selon le Vatican, 3000 accusations sont remontées au Saint-Siège de 2001 à 2010 pour des crimes commis par des prêtres ou religieux au cours des cinquante dernières années.

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