En Suisse, l’écart persiste entre femmes et hommes
Globalement, les inégalités entre les hommes et les femmes se sont de nouveau creusées cette année, pour la première fois après dix ans de progrès constants en matière de parité des genres, selon le Forum économique mondial (WEF). La Suisse ne fait pas exception.
Dans l’indice du Forum économique mondial (WEF) sur l’égalité entre femmes et hommes, la Suisse ne fait plus partie des 20 meilleurs pays. Parmi les critères qui aboutissent à cette baisse du 11e au 21e rang dans l’étudeLien externe publiée à Genève, figure la représentation politique où la Suisse décroche de la 15e à la 28e place. Elle recule aussi d’une place au 31e rang dans la participation à la vie économique.
Ces dernières années, la Suisse était pourtant bien classée par le WEF. Cependant, elle ne suit pas le rythme des progrès réalisés par d’autres pays, explique Saadia ZahidiLien externe, l’une des responsables de l’étude: «Les pays nordiques conservent leur position de tête du classement parce qu’ils continuent à progresser chaque année, ce qui explique que leurs pourcentages et leurs scores continuent à augmenter, alors que la Suisse est plutôt stable.»
Par exemple, la Suisse est dans la moyenne en ce qui concerne le nombre de femmes parlementaires, note Saadia Zahidi. Et le pays est passé de la première à la 31e place en matière de de participation et d’opportunités économiques pour les femmes.
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À contre-courant
«C’est un écart énorme par rapport à d’autres économies avancées que de ne voir que 47% des femmes occuper des postes en cols blancs en Suisse», dit-elle. Dans la plupart des économies du monde, l’écart entre les sexes s’est inversé: plus de femmes que d’hommes occupent ces postes professionnels et techniques.
Saadia Zahidi souligne également que seuls 35,6% des postes de direction en Suisse, tels que les parlementaires, les hauts fonctionnaires et les cadres, sont occupés par des femmes, ce qui place le pays au 43e rang mondial dans cette catégorie.
Et ça n’est pas tout. Plus de 80% des chercheurs d’emploi découragés en Suisse sont des femmes. Les revenus mensuels moyens des femmes atteignent moins de 85% de ceux des hommes.
En termes de formation dans les nouvelles technologies, les femmes n’atteignent que 13% du total d’hommes diplômés. La Suisse est 63e pour l’écart sur les résultats en matière d’éducation et 90e sur les questions de santé. A l’intérieur des indicateurs, elle est toutefois première pour le taux d’alphabétisation, l’éducation supérieure et le ratio à la naissance.
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Islande toujours devant
De son côté, l’Islande reste en tête de l’indice du WEFLien externe. Elle devance la Norvège qui passe devant la Finlande. Suivent le Rwanda, la Suède, le Nicaragua, la Slovénie, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande et les Philippines.
L’Europe de l’Ouest demeure la région la plus performante en matière de réduction des inégalités de genre, devant l’Amérique du Nord. La région Moyen-Orient et Afrique du Nord est en revanche la moins bien classée.
La moitié des Etats ont réduit leur décalage depuis un an. Mais globalement, après des avancées lentes mais continues pendant dix ans, l’écart se détériore pour la première fois.
Milliards de dollars
Selon plusieurs estimations, une parité économique pourrait ajouter 2500 milliards de dollars au produit intérieur brut (PIB) chinois, près de 1800 milliards aux Etats-Unis, près de 600 milliards au Japon et plus de 300 milliards en France et en Allemagne.
Si le décalage sur la participation économique diminue de 25% d’ici à 2025, le PIB mondial pourrait aussi augmenter de 5300 milliards de dollars (5300 milliards de francs au cours actuel). Et les rentrées fiscales pourraient, elles, croitre de près de 1500 milliards, dont deux tiers dans les économies émergentes, selon le WEF.
Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand
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