Pour la presse suisse, l’Allemagne a mérité son titre
Les commentateurs sont unanimes après la finale de Rio: l’Allemagne a amplement mérité son titre mondial. Les louanges vont particulièrement à l’entraîneur Joachim Löw, mais aussi au Brésil, pays organisateur. Sans oublier une pensée pour l’équipe suisse, défaite honorablement en huitième par l’Argentine, deuxième du tournoi.
«Mérité», c’est le qualificatif qui revient le plus souvent sous la plume des commentateurs suisses – du moins ceux à qui les délais d’impression de leurs quotidiens ont permis d’écrire sur cette finale tardive – pour qualifier la quatrième étoile acquise par l’Allemagne, 24 ans après sa dernière victoire en finale de Coupe du monde. Il aura fallu attendre la 113e minute pour que le jeune Mario Götze (22 ans) assure à la Mannschaft sa victoire contre l’Argentine.
«Il s’est passé quelque chose d’historique hier soir à Rio, écrit le BundLien externe de Berne. L’Allemagne devient le premier pays européen à gagner une Coupe du monde en Amérique latine. Les Allemands méritent leur titre. Au Brésil, aucune équipe n’a marqué autant de buts et présenté un jeu aussi spectaculaire que celle de Joachim Löw».
A 54 ans, l’entraîneur allemand peut être crédité d’avoir su générer «un football courageusement offensif, des permutations rapides entre attaque et défense, une grande flexibilité tactique et un esprit d’innovation et d’ouverture, toutes qualités que l’on ne rencontre pas toujours, et de loin, chez les autres entraîneurs à ce niveau». Pour le quotidien bernois, ce triomphe est une suite logique de la constance allemande manifestée depuis 2006.
L’entraîneur de la Mannschaft a aussi eu la chance de pouvoir compter sur «une génération de joueurs très bien formés et exceptionnellement doués». Et les concurrents de l’Allemagne ont toutes les raisons de se faire du souci, car à l’exception de l’attaquant Miroslav Klose (36 ans) et du polyvalent Philipp Lahm (30 ans), les nouveaux champions du monde ont tous moins de 28 ans. «Il leur reste encore de belles années pour donner le ton au sommet du football mondial», avertit le quotidien bernois.
Le parcours de l’Allemagne vers le sacre
Premier tour
4:0 contre le Portugal
2:2 contre le Ghana
1:0 contre les USA
Huitième de finale
2:1 après prolongation contre l’Algérie
Quart de finale
1:0 contre la France
Demi-finale
7:1 contre le Brésil
Finale
1:0 après prolongation contre l’Argentine
Finie l’arrogance allemande
Avec «la distance de sécurité et à travers les lunettes suisses», la Basler ZeitungLien externe juge également ce titre «amplement mérité», pour l’équipe qui a présenté «le meilleur football du tournoi».
Avec en prime cette volonté de ne jamais baisser les bras, que les Allemands avaient déjà manifestée lors de leur premier sacre, en 1954 à Berne. Soixante ans plus tard s’y ajoute un facteur nouveau, «les Allemands sont entretemps devenus sympathiques». Aujourd’hui en effet, l’image du footballeur germanique arrogant a disparu. «Qui s’est déjà excité contre Philipp Lahm? Ou contre Mats Hummels, ou Sami Khedira, ou Toni Kroos? Ce sont des footballeurs brillants, mais pas des grandes gueules. La génération actuellement aux commandes est aussi championne du monde de l’élégance, de l’humilité et de la décence», écrit le quotidien bâlois.
Ode au beau jeu
Des qualités que l’on a trouvé également chez les autres équipes, protagonistes d’un Mondial dont de nombreux commentateurs saluent la haute tenue. «Une grande partie des 736 footballeurs présents de l’autre côté de l’Atlantique peut être remerciée. En effet, la plupart d’entre eux ont réussi à s’imprégner de ce que représente le ‘futebol’ sur les terres de Pelé et faire de ce mois de compétition une ode au jeu. Au beau jeu!», écrit la Tribune de GenèveLien externe.
«On a ainsi pu se régaler de voir évoluer le joyau James Rodriguez, pu applaudir les accélérations foudroyantes d’un Arjen Robben dans la forme de sa vie ou pu regarder les yeux ébaubis la forme d’insouciance enfantine que conserve chaque année ce génial Thomas Müller. A lui seul, le buteur allemand contraste aussi avec ce que l’on voit quasi quotidiennement sur les pelouses. Et pour cause, sans un millimètre de gel dans les cheveux, il est l’un des meilleurs footballeurs de la planète», s’enthousiasme encore le quotidien genevois.
Brazil blues
Reste le blues du pays organisateur, ce Brésil, comme l’écrit La Regione TicinoLien externe, «hôte d’un Mondial beau, spectaculaire et bien organisé, même s’il a été blessé à l’âme et au cœur par la honte du naufrage» en demi-finale (1-7 contre l’Allemagne). Mais au moins, le sacre de l’Allemagne a évité au pays du football «l’humiliation ultime de voir le rival argentin triompher dans son jardin».
«L’entraîneur Luiz Felipe Scolari a totalement failli à sa mission. Son équipe a joué sans autre plan de marche que celui de s’en remettre à Neymar, 22 ans. Une fois l’étoile filée, il n’est rien resté, sinon le ridicule d’une entreprise désespérée» sanctionne 24 heuresLien externe.
«Reste à savoir si, malgré la faillite de son équipe, le Brésil a réussi son tournoi, poursuit le quotidien vaudois. Une excellente organisation, de très beaux stades et un public chaleureux incitent à répondre par l’affirmative. Mais l’événement Coupe du monde devient un monstre bientôt privé d’âme. Heureusement, le terrain offre encore de la place pour l’émotion. Même si elle peut sembler cher payée».
Merci!
La SüdostschweizLien externe quant à elle veut d’abord dire merci. «Obrigado Brasil por tudo!». Pour le quotidien grison, on a vécu ici «un tournoi gigantesque. Une Coupe du monde exposée avant son coup d’envoi à des critiques virulentes et à des préjugés massifs. Mais au final, mis à part des bagatelles, le Brésil s’attire d’autant plus de louanges et de reconnaissance. Les organisateurs pour un événement parfaitement orchestré et les Brésiliens, parce qu’ils sont de près comme de loin des fans de football, pour leur accueil chaleureux».
Lendemains qui déchantent
Moins lyrique et plus terre-à-terre, Le NouvellisteLien externe rappelle que le coup de sifflet final «replonge les Brésiliens face à un quotidien dont les perspectives s’annonçaient plutôt maussades avant l’invasion du ballon rond planétaire».
«On a eu des stades dont des tribunes en panne de finition reposent sur des tubulaires, des entraînements interdits parce que les pelouses ne supportent pas la répétition des charges imposées, la vision de chantiers autoroutiers à l’abandon dont un viaduc inachevé s’effondre sur les véhicules de passage et un désastre sportif bien plus traumatisant que le cauchemar national de 1950. Impossible de réfréner le sentiment que le prix à payer pour un Etat en déficit de structures scolaires ou hospitalières est lourd. Trop lourd. Et dans deux ans, les Jeux Olympiques d’été débarquent à Rio. Courage Brésil, ton chemin de croix se termine bientôt!», conclut le quotidien valaisan.
Dans le même registre, le Corriere del TicinoLien externe souligne que «le Brésil a organisé un tournoi mémorable, même s’il l’a fait au détriment des plus pauvres parmi ses habitants et des promesses non tenues de train à grande vitesse entre Rio et Sao Paolo, des hôpitaux, des routes et des autoroutes. Il l’a fait également dans un système rongé par la corruption, vendu au grand capital et écrasé par la bureaucratie». Cette Coupe du monde aura offert au visiteur étranger «un voyage passionnant au cœur des contrastes d’un pays aussi merveilleux que dramatiquement inégalitaire».
La Suisse à la Coupe du monde 2014
Premier tour
2:1 contre l’Equateur
2:5 contre la France
3:0 contre le Honduras
Huitième de finale
0:1 après prolongation contre l’Argentine
La Suisse: à un poteau près
Le quotidien de Lugano revient également sur le parcours de l’équipe suisse (éliminée en huitième de finale par l’Argentine), pour laquelle «il s’en est fallu d’un poil (ou d’un poteau) qu’elle n’inscrive une page merveilleuse de son histoire». Et de mettre en évidence les contradictions de la sélection rouge à croix blanche: «d’un côté la Suisse a montré qu’elle pouvait rivaliser sur 120 minutes avec une puissance absolue du football, mais de l’autre, elle a mis en évidence ses limites, notamment l’absence d’un avant-centre de classe».
Le Corriere conclut avec espoir que le potentiel de croissance est là et que le nouvel entraîneur Vladimir Petkovic «saura trouver le bon équilibre».
(Collaboration: Sonia Fenazzi, Christian Raaflaub)
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