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«Des crucifix et des tapis de prière dans les écoles?»

Entre école et religion existe toujours un potentiel de conflit. Keystone

Faut-il laisser les étudiants prier dans les écoles publiques? Un article de swissinfo.ch publié en dix langues la semaine dernière a suscité plusieurs centaines de réactions sur les réseaux sociaux. De nombreux lecteurs soulignent la nécessité de respecter le principe de laïcité, alors que pour d’autres, ces lieux de prière ne font de mal à personne et pourraient au contraire faciliter l’intégration.

«L’école doit-elle être un terrain religieusement neutre?» Notre article publié le 10 février partait du cas de deux écoles lucernoises qui ont décidé de créer des salles de prière et questionnait plus en profondeur les relations entre école et religion.

Voici une sélection des réactions qu’il a suscitées sur nos pages Facebook dans les différentes langues:

«On vient à l’école pour apprendre, pas pour prier»

«Personnellement, je trouve que dans une école publique, où on étudie les sciences et les langues, il n’y a pas de place pour les prières ni surtout pour les locaux destinés aux rites religieux». (Catherine, en russe)

Beaucoup de ceux qui s’opposent à la création de salles de prière soulignent que la religion est un aspect privé de la vie de chacun et souhaiteraient même que l’on abolisse les cours d’éducation religieuse.

«Je trouve que la religion n’a fondamentalement rien à faire à l’école. Même pas un enseignement religieux chrétien». (Christine, en allemand)

«La prière est une affaire personnelle, et il faut qu’elle soit faite dans un lieu privé, pas dans un espace public comme l’école. Je suis contre cette liberté qui met à mal les valeurs laïques de l’Europe». (Nibal, en arabe)

«En Suisse il y a eu des jugements pour faire enlever des crucifix des salles de classe. On ne va donc pas commencer à accepter des prières ostentatoires dans les écoles!» (Isabelle, en français) 

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L’école doit-elle être un terrain religieusement neutre?

Ce contenu a été publié sur «Les jeunes déroulaient leurs tapis de prière partout dans l’école, dans les couloirs et dans la cage d’escaliers. La direction ne voulait pas ça, elle a donc mis des espaces discrets à disposition, où les élèves peuvent se retirer, quelle que soit leur religion», explique Reto Wyss, directeur de l’instruction publiqueLien externe du canton de…

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«La solution est pragmatique et ne devrait gêner personne»

Tout en défendant la laïcité de l’école, certains lecteurs soulignent que la création de lieux de prière séparés ne doit pas être confondue avec l’imposition d’un symbole religieux dans une classe où tous les élèves sont obligés d’entrer.

«Mais si l’école laïque met à disposition des espaces pour prier, pourquoi ne pas les utiliser? Je suis d’accord qu’on retire le crucifix dans les salles, parce que c’est un symbole qui ne représente pas tous les élèves présents dans la classe. On ne va forcer personne à entrer dans les espaces dédiés à la prière, on ne va pas imposer une religion à quiconque». (Mar, en italien)

«Pourquoi pas? La solution est pragmatique et ne devrait gêner personne. Ainsi, les jeunes peuvent prier pendant leurs pauses, sans être dérangés ni déranger personne. Ce qu’on fait durant les pauses est largement une affaire privée. Il doit donc être possible même de prier dans un endroit religieusement neutre. Pendant mon service militaire, je priais trois fois par jour pendant les pauses – et souvent à côté d’un musulman. Et ça n’a jamais dérangé personne. (Leonardo, en allemand)

«Pour une meilleure intégration et par respect pour les croyants de toutes les religions»

Un autre aspect important soulevé dans le débat est celui de l’intégration. Pour certains, des initiatives comme celles-ci pourraient faciliter l’intégration de nouveaux immigrants qui ne sont pas de confession chrétienne. Ou simplement garantir l’égalité des droits entre citoyens suisses de diverses religions.

«Pour une meilleure intégration et par respect pour les croyants de toutes les religions, de telles actions doivent être saluées et encouragées. La laïcité, de mon point de vue, cela ne veut pas dire interdire aux fidèles de pratiquer leurs obligations religieuses, mais plutôt offrir des chances et un respect égal aux fidèles de toutes les religions». (Sohrab, en anglais)

«La laïcité, c’est séparer la religion de la politique et non séparer la religion de la vie scolaire. Vu que la Suisse est un pays laïc, elle doit accepter toutes les croyances et aider les gens à les pratiquer de manière naturelle et juste. Actuellement, un grand nombre de musulmans sont des citoyens suisses et ceci est l’un de leurs droits les plus basiques». (Abn, en arabe)

«La société évolue et il y a aujourd’hui de nombreux citoyens suisses de confession musulmane, que cela nous plaise ou non. Cela n’a simplement pas de sens de dire à d’autres citoyens suisses de partir s’ils remettent en question les règles qui ont été établies dans le passé, dans un contexte social différent. Vu les valeurs démocratiques de la Suisse, qui franchement devraient primer sur toute tradition chrétienne, il est parfaitement logique de débattre de cela». (Mirko, en anglais)

«Mais au fond, est-ce à nous de nous adapter?»

Dans le camp de ceux qui condamnent la création de lieux de prière, on invoque cependant aussi le concept d’intégration. Sur un ton parfois dur, plusieurs commentaires invitent ceux qui n’acceptent pas les règles à faire leurs bagages.

«Mon père était musulman en France. Il ne priait pas au bureau, ne parlait pas religion. Il avait exactement les mêmes horaires que tout le monde! C’est cela s’intégrer!». (Nadia, en français)

«Ceux qui ne veulent pas s’intégrer n’ont rien à faire en Europe ou en Suisse!» (Chraibi, en français)

«Mais au fond, est-ce à nous de nous adapter? Moi je dis que non». (Anna, en italien)

«Quel sera donc le prochain pas ? Avec tout mon respect pour toutes les religions, je ne comprends pas cette peur que certains appellent le respect pour l’islam. Peut-être faudra-t-il aussi expliquer aux musulmans que ce n’est pas une rue à sens unique?» (Arno, en russe)

La Suisse, un Etat islamique?

Certains commentaires trahissent aussi la peur d’un changement culturel et d’une perte d’identité, liée avant tout à l’immigration de citoyens musulmans.

«Toutes ces questions se posent depuis l’arrivée de l’islam. Par souci d’être politiquement correct, on met toutes les religions sur le même pied, alors que les valeurs de l’islam sont profondément en conflit avec celles de l’Occident aux racines ‘judéo-chrétiennes’!» (David, en français)

«Si nous introduisons des salles de prière dans les écoles, si la société l’accepte et ensuite le gouvernement, la Suisse va se transformer progressivement en un Etat islamique. Nous sommes face à une invasion! Un gouvernement démocratique ne peut rien faire contre une autocratie religieuse». (en chinois)

Et finalement, il y a cette invite à une solution plus radicale.

«Le mieux serait d’abolir toutes les religions. Elles n’apportent que haine à ce monde». (Ralf, en allemand)

(Traduction de l’italien: Marc-André Miserez)

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