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Ski hors-piste: stations invitées à modérer leur «pub»

Très joli, mais aussi très dangereux. AFP

Les accidents d’avalanche, qui ont déjà provoqué une douzaine de morts et de nombreux blessés cet hiver en Suisse, relancent le débat sur les mesures de prévention. Au centre des discussions: le ski hors-piste et le freeriding, des activités que les stations vantent dans leurs publicités.

Sur le site Internet du domaine skiable de Davos-Klosters, aux Grisons, les entreprises de remontées mécaniques affichent dans la rubrique «Freeride & Touren» une série d’images spectaculaires de skieurs traçant d’amples courbes dans la neige fraîche ou faisant des sauts à couper le souffle.

Ce genre de publicité ne réjouit pas vraiment le Club alpin suisse (CAS). Ce sont justement les entreprises de remontées mécaniques et les stations de sports d’hiver qui font la promotion du ski hors-piste, déplore Ueli Mosimann, spécialiste du CAS. «Il est pratiquement impossible de trouver des images sur lesquelles les skieurs parcourent tranquillement les pistes. Les photos montrent des inconscients qui descendent à tombeau ouvert – reconnaissables à leur position sur les skis – ou des skieurs qui s’éclatent dans de la neige fraîche», déplore-t-il.

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La page blanche

Ce contenu a été publié sur «La neige, eau éclatée, sable de gel, sel non pas de la terre, mais du ciel, sel non salé, au goût de silex, à la texture de gemme pilée, au parfum de froidure, pigment du blanc, seule couleur qui tombe des nuages», écrit Amélie Nothomb dans Le Sabotage amoureux. Et c’est beau. Beau comme les…

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Situation paradoxale

Les avertissements sur les risques de tels comportements ne font pas le poids face aux messages séduisants de la publicité. «C’est absurde, s’indigne Ueli Mosimann. De telles images représentent un danger, surtout pour les skieurs moyens qui ont peu d’expérience et aucune compétence en matière d’avalanche. Ils sont poussés à imiter les freeriders lorsque, en bord de piste, ils remarquent les traces laissées par ceux qui s’aventurent dans la poudreuse», s’indigne le spécialiste du CAS.

Les responsables des remontées mécaniques doivent assumer leur responsabilité face à la situation actuelle, ajoute-t-il.

Cet avis est partagé par Monique Walter, du Bureau suisse de prévention des accidents (BPA). «Il est paradoxal qu’une entreprise de remontées mécaniques montre la vidéo d’un freerider et que, dans le même temps, les responsables de la sécurité se plaignent du nombre élevé de personnes pratiquant le hors-piste», note-t-elle.

Selon la consultante du BPA, les responsables des domaines skiables devraient au moins se souvenir que skier dans la neige fraîche n’est pas seulement amusant, comme le montrent les films, mais également risqué. «Les mises en garde devraient être étroitement liées à la publicité», souligne Monique Walter. Le BPA invite les remontées mécaniques à faire de la promotion de ce dont elles sont véritablement en charge, c’est-à-dire des pistes sécurisées, plutôt que du hors-piste sur lequel elles n’ont aucun contrôle.

Pistes officielles de freeriding

Les installations de Davos-Klosters ne sont certes pas les seules à attirer les clients avec des images impressionnantes de skieurs téméraires. Jo Hüchelheim, son responsable de la communication, n’a aucun problème avec ces photos. «Notre équipe ‘SOS’ garantit la sécurité sur des pistes spéciales destinées au freeriding. Elle est la seule à pouvoir donner le feu vert pour y accéder. Les images présentes sur notre site ont été prises sur ces pistes», justifie-t-il. Ces pistes non damées sont signalées par un panneau jaune et noir.

Quant à la critique selon laquelle ces images pousseraient des skieurs non préparés à faire du hors-pistes, Jo Hüchelheim répond: «C’est à l’appréciation de chacun. Nous ne pouvons pas juger du niveau de ski de nos hôtes et nous ne pouvons pas non plus leur dire quelles pistes suivre et quelles pistes éviter.»

Cet avis est partagé par Andreas Keller, porte-parole de Remontées Mécaniques Suisses (RMS), l’association faîtière de la branche. «Pourquoi ne devrions-nous pas faire de la publicité pour cette activité? On a le droit de pratiquer le hors-piste si les conditions d’enneigement le permettent.»

Les entreprises de remontées mécaniques sont tenues de rendre attentifs les usagers sur les risques liés aux avalanches. Si le niveau de danger est élevé (niveau 3), une lampe d’avertissement doit clignoter.

«A la différence de l’Italie, il n’y a pas en Suisse de loi interdisant de sortir des pistes balisées, rappelle Andreas Keller. Celui qui le fait en dépit des mises en garde mais qui ne provoque pas d’accident n’a aucune conséquence à craindre. Toutefois, les patrouilleurs des remontées mécaniques ont l’obligation de sanctionner ceux qui contreviennent aux règles; ils peuvent les avertir ou leur retirer leur abonnement journalier ou annuel.»

Le Téléjournal du 3.1.2014 revient sur les difficultés à faire passer un message de prévention.

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Aucune interdiction

Les entreprises de remontées mécaniques, le Bureau de prévention des accidents et le Club alpin suisse sont au moins d’accord sur un point: ils ne veulent pas une interdiction généralisée du ski hors-piste ou du freeriding.

«Nous ne pouvons pas interdire aux gens d’aller où ils le souhaitent», souligne Monique Walter. La collaboratrice du BPA se demande même s’il est bien légal de retirer un abonnement à une personne qui quitte les pistes. «Cela doit rester permis, tant que des tiers ne sont pas mis en danger ou blessés. Mais en cas de problème, le skieur responsable doit répondre de ses actes et être prêt à assumer ses responsabilités.»

(Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard)

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