Ines prend les Kiwis par la douceur
Ines Hasler a conquis le palais de Néo-Zélandais avec ses talents de pâtissière. La jeune Valaisanne a ouvert une chocolaterie à Waihi Beach, où elle propose l’excellence suisse: pralinés, truffes, chocolat au caramel et autres compositions artistiques. Mais au départ, elle n’était venue que pour faire du surf. Portrait.
«Si les Suisses mangent du chocolat surtout l’hiver, les Néo-Zélandais en mangent quand ils en ont envie, c’est-à-dire toujours», s’amuse Ines Hasler. Une chance pour elle, qui vend du chocolat. Sa boutique se trouve à quelques pas de la mer, à Waihi Beach, ville d’un peu moins de 2000 habitants dans la Bay of Plenty, sur l’île du nord de la Nouvelle-Zélande.
Nous l’avons découverte sur la route de la péninsule de Coromandel. Une amie nous en avait parlé et nous ne voulions pas laisser passer l’occasion de retrouver les saveurs du pays, le goût du chocolat.
La chocolaterie est un peu en retrait, à une vingtaine de mètres de la rue principale. C’est là qu’il y a trois ans, la Valaisanne de 28 ans a ouvert sa boutique, à l’enseigne de «Chez Moi». Un petit local au plafond rouge, avec le Cervin sur le mur et une vitrine pour exposer les délices: truffes, pralinés, tablettes de chocolat aux multiples parfums et lorsque c’est la saison, mini arbres de Noël ou lapins de Pâques.
«Je suis contente de ne pas être au centre. Sinon, je n’aurais pas une minute de libre, raconte Ines. En hiver, il y a surtout la clientèle locale, et en été, on a les touristes et les Néo-Zélandais. J’ai de la chance d’avoir Adrien qui me donne un coup de main».
Waihi Beach est un bourg endormi pendant huit mois de l’année. Puis, avec l’arrivée de l’été, des dizaines de milliers de personnes viennent y passer les vacances, attirés par la magnifique plage.
Une série de coïncidences
Ines a découvert Waihi Beach un peu par hasard. En 2010, elle voyageait en Nouvelle-Zélande avec son partenaire Adrien Willa. Sur le toit de leur bus, deux planches de surf. Et c’est à Waihi Beach qu’ils sont venus chercher les vagues pour vivre leur passion.
«Mais la mer était complètement lisse. Plus plate que le Lac Léman», se souvient-elle en riant. «Nous nous sommes arrêtés encore une fois à Waihi Beach en revenant de la péninsule de Coromandel. Et toujours pas l’ombre d’une vague».
Le couple a pourtant repéré un magasin de planches de surf. Et comme celle qu’Adrien voulait n’était livrable que trois semaines plus tard, ils sont revenus une troisième fois. «La planche n’était pas là, pas plus que celui qui devait nous la vendre. Disparu dans la nature», poursuit Ines. Mais entretemps, les deux jeunes globetrotters se sont fait quelques amis à Waihi Beach et la mer leur a offert quelques moments inoubliables à surfer sur les vagues.
Rentrés en Suisse, Ines et Adrien travaillent pendant une année et demi. Après avoir mis assez d’argent de côté pour repartir, ils embarquent à nouveau pour la Nouvelle-Zélande. Cette fois, le séjour dure trois mois. «Le destin nous a ramenés à Waihi Beach», se souvient la jeune Valaisanne de Sierre. «Et c’est ici que la gérante d’un café m’a proposé un travail. Elle voulait ouvrir une chocolaterie dans son local».
Ainsi, de retour en Valais une nouvelle fois, le couple entame les procédures pour obtenir un permis de résidence en Nouvelle-Zélande. Nous sommes en mars 2014 et les démarches durent plus longtemps que prévu. «Début 2015, les autorités nous ont dit que notre demande était refusée. Et deux mois plus tard, elles nous écrivaient à nouveau pour nous dire que nous avions nos visas. Nous étions aux anges!»
Mars 2015: Ines et Adrien achètent immédiatement leurs billets d’avion, disent au revoir à Sierre et à Vétroz, à la famille et aux amis et partent avec deux valises vers leur nouveau projet de vie sur la terre des Kiwis.
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Aux fourneaux, pour cuire des œufs au bacon
Mais à Waihi Beach, c’est une petite surprise qui les attend. La gérante du café dans lequel Ines devait travailler a changé d’idée entre temps. Au lieu d’une chocolaterie, elle a ouvert un restaurant. La jeune Valaisanne se retrouve donc aux fourneaux, et Adrien revêt le tablier. Il fait le barman et sert aux tables. «Pendant une année et demie, j’ai fait frire des œufs au bacon», se souvient Ines. «J’aime cuisiner, mais pas la même chose à longueur de journée».
Elle nourrit ainsi le désir d’ouvrir quelque chose à elle. Et l’occasion se présente assez rapidement. Une connaissance déménage et laisse une petite surface commerciale libre. «Adrien et moi avons décidé d’essayer. Nous avons réaménagé le local à notre idée» raconte Ines.
«Remplir les formalités pour créer sa propre entreprise est un jeu d’enfant ici», raconte Ines. Il suffit d’accéder à une plateforme internet, de donner le nom de l’entreprise, de payer 120 dollars et le tour est joué. «Le premier hiver, les clients se sont fait attendre. Puis le bouche à oreille a fonctionné, et maintenant, il n’y a pas un jour où je ne sais pas quoi faire».
En trois ans, «Chez Moi» est devenu un incontournable pour qui passe ses vacances à Waihi Beach. «Ceux qui ont une maison de vacances dans les environs commencent par passer ici pour s’assurer que la boutique existe toujours. C’est une belle satisfaction pour moi», se réjouit Ines.
La pâtissière de Sierre a toujours rêvé d’avoir sa propre échoppe, du moins depuis qu’elle a vu le film «Chocolat» de Lasse Hallström. «C’est ce qui m’a donné l’envie d’apprendre ce métier».
Mais bien sûr, Ines ne s’imaginait pas que sa chocolaterie serait à l’autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande, dans un endroit qui lui donne l’occasion d’assouvir sa deuxième grande passion: le surf.
A-t-elle l’intention de revenir un jour en Suisse? «Pour l’instant, je suis ici, demain, qui sait? Je ne me sens pas comme une émigrée, ce qui serait une condition définitive. Je vis l’instant. Et je le vis à la manière des Kiwis».
Selon l’Office fédéral de la statistique, 7004 citoyens suisses résidaient en Nouvelle-Zélande à la fin 2018. Il n’y en avait que 4497 en 1993. En un quart de siècle, le nombre de Suisses aux pays des Kiwis a augmenté de 53%. La majorité d’entre eux – plus de 5000 – ont la double nationalité suisse et néo-zélandaise.
(Traduction de l’italien: Marc-André Miserez)
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