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1 à 0… «C’est dommage!», s’écrient les Suisses de Paris!

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A l'appel de l'Union Sportive Suisse, les Suisses de Paris ont suivi le match d'ouverture de l'Euro dans le bistrot de Didier, le trésorier du club. Réunis devant l'écran, des employés de l'ambassade, des vacanciers ou encore des copains français solidaires!

Hans, le plus optimiste parie sur un 2-0 pour la Suisse. Werner, le plus pessimiste penche pour un 3-0 pour les Tchèques. Entre les deux, plein de 1-0, 2-1, 1-1 parmi les paris des quatorze Grisons. En majorité, quand même, ces supporteurs prédisent une victoire de leur équipe. Ils sont très forts! En demi-finale, les Suisses rencontreront l’Allemagne. Et ils gagneront», s’enthousiasme Hans qui ne doute de rien. Et après? «Après, ils battront l’Italie en finale 1 à 0».

Des drapeaux rouge et blanc et une énorme cloche de vache décorent le Vin Bis, le restaurant où les joueurs de l’Union Sportive Suisse (USS) ont l’habitude de se réunir pour regarder les matches. Ce soir, pour du foot, le public est très classe: on distingue des femmes en chemisier blanc et collier de perles.

Parmi la quarantaine d’Helvètes – moyenne d’âge 40 ans – venus assister au match, il n’y a que trois ou quatre écharpes, t-shirts et casquettes rouges à croix blanche. «C’est dommage, ici les gens n’aiment pas se déguiser», déplore Kevin, une vingtaine d’années, plusieurs piercings et un poignet en éponge à l’image du drapeau suisse.

«C’est parti!»

Le match démarre, sans susciter d’énormes émotions parmi les spectateurs. Pour l’instant, on parle plutôt technique et joueurs:

– C’est qui lui?
– Magnin.
– Il joue où?
– En Allemagne, à Leverkusen, je crois. C’est un bon, un teigneux.

Le public se veut optimiste, il encourage les joueurs, applaudit Benaglio, le gardien. L’atmosphère n’est ni tendue, ni insouciante, mais concentrée. A la suisse.

L’opinion générale: «C’est mou…». Didier Dumas, le tenancier (français!) tente de chauffer un peu la salle en lançant des «Allez, les Tchèques». Et puis survient le choc entre Alexander Frei et Zdenek Grygera. Personne n’y croit. Eric, un jeune d’origine guyanaise, qui joue avec l’USS, regarde la scène d’un air inquiet: «Ouhlala, ils sont mal…». Un des Suisses allemands lâche un bruyant «Scheisse» quand apparaît l’image du genou de Frei dans une attelle.

Manger ou jouer

Mi-temps: on ouvre le buffet. Pas de raclette ou de viande des Grisons, le menu est européen avec roquefort et carpaccio comme pièces de choix. A la reprise, deux femmes tournent le dos à l’écran géant, plus intéressées par le contenu de leur assiette que par ces 22 grands gaillards qui courent à nouveau derrière un ballon. Les hommes – plus experts et plus passionnés – s’étaient précipités sur le buffet pour avoir fini leur assiette dans le temps réglementaire.

Le match reprend, en vitesse supérieure. La salle s’anime. Elle pousse de grands «ah», de grands «oh». On voit même quelques mains qui se lèvent, essaient de pousser les joueurs vers la gauche… mais les actions se finissent sur des «non» et des «Abseit» énervés [‘hors jeu’, ndlr]. François, le vice-président de l’USS commence à stresser: «Ils vont marquer maintenant, oui ou quoi?!»

Les fans de foot s’impatientent. Les autres trouvent encore le temps de parler mode «C’est bizarre, les chiffres pixélisés sur les maillots de foot: ça fait mal aux yeux. Je préfère leurs maillots habituels…»

A l’extérieur du bar, un groupe de locaux passe. Ils crient «Hop Suisse!» – signe que le tapage médiatique sur l’Euro a réussi à leur enseigner l’équivalent helvétique de «Allez, les bleus». Thomas, lui, n’a pas bien compris la différence… Ce petit bonhomme de 6 ans, caché derrière le comptoir, aime le foot. Il soutient… Paris. Son père vient à sa rescousse: «Non, Paris, c’est du rugby. Ici, c’est du foot».

Le but

Personne ne l’attendait, le but du Tchèque Sverkos. A la 70e minute, après plusieurs occasions ratées pour la Nati… c’est une explosion d’injures en français et en schwytzerdütsch.

Dans un coin, des jeunes Français, attablés par hasard dans ce recoin d’Helvètes, compatissent gentiment: «Les petits Suisses, ça me fait chier pour eux!». Avant d’ajouter, se voulant rassurants: «Vous en faites pas: ils vont égaliser».

La déception se lit sur les visages. Trois épouses de fans de foot, visiblement pas enthousiasmées par ce qui se passe à Bâle – haussent les épaules: «Que le meilleur gagne…». Pour les autres, c’est une première défaite qui s’annonce. Amère. Quand l’image est rediffusée au ralenti, un des amateurs de foot commente: «C’est quand même une belle action de m…»

Tout n’est pas fini. Il reste encore assez d’humour à la salle pour éclater de rire quand Johan Vonlanthen se prend un carton jaune après une minute de jeu. Et certains se font philosophes: «Bon, va falloir gagner face au Portugal maintenant…»

Pourtant, ils y croient, les Suisses, jusqu’au bout! Toute la salle se lève, crie, soupire lors des dernières occasions ratées, à quelques minutes de la fin. Au final, l’expression sur toutes les lèvres: «C’est dommage».

swissinfo, Miyuki Droz Aramaki, Paris

Parc St-Jacques. 39 730 spectateurs.

Arbitre: Roberto Rosetti (Italie)

But: 70e Sverkos 0-1

Suisse: Benaglio; Lichtsteiner (75e Vonlanthen), Müller, Senderos, Magnin; Behrami (83e Derdiyok), Fernandes, Inler, Barnetta; Frei (46e Yakin), Streller.

République tchèque: Cech; Grygera, Ujfalusi, Rozehnal, Jankulovski; Sionko (83e Vicek), Jarolim (87e Kovac), Galasek, Polak, Plasil; Koller (57e Sverkos).

Avertissements: 59e Magnin. 76e Vonlanthen. 93e Barnetta.

En 2007, un Suisse sur dix vivait à l’étranger, soit plus de 668’000 personnes immatriculées, dont 176’723 en France (146’713 binationaux). 160’000 Français vivent en Suisse.

Fondée en 1916 par la Nouvelle Société helvétique de Gonzague de Reynold, l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) a son siège à Berne et réunit plus de 750 associations et institutions suisses à l’étranger.

Créée en 1958, l’Union des Associations suisses de France (UASF) rassemble aujourd’hui entre 85 et 90 organisations.

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