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Les grands patrons toujours mieux payés

On reste discret. Une entreprise sur cinq révèle vraiment les salaires de ses patrons. Keystone

Pas loin de 16%, c'est la moyenne des augmentations de salaire des grands patrons suisses en 2006. Dans les plus grandes entreprises, le top manager lambda gagne 2,3 millions de francs par an.

La transparence, par contre progresse moins vite, comme le note une étude de la Fondation Ethos sur la rémunération des cadres dans les 100 plus grosses capitalisations boursières de Suisse.

Pour mémoire, les salaires des autres Suisses ont augmenté de 1,2% en 2006, hausse presque complètement mangée par l’inflation à 1,1%. Et le salaire médian du commun des mortels était à 5674 francs par mois.

Dans les étages par contre, la rémunération moyenne d’un membre exécutif de direction d’une des entreprises considérées par l’étude a crû de 15,8% à 191’000 francs mensuels. En 2005, les salaires des top managers avaient progressé de 7,6%.

«Aucun lien statistique entre la hausse des salaires et la performance n’a pu être constaté», a relevé lundi à Zurich Dominique Biedermann, le directeur de la fondation Ethos.

Et il n’est pas facile d’enquêter dans un milieu aussi peu transparent. «Seule une minorité d’entreprises livre séparément des détails sur la part de la rémunération relevant du salaire de base, du bonus et d’un plan de participation», note Dominique Biedermann.

D’autre part, plus de la moitié des sociétés n’observe pas le principe voulant que la période d’octroi d’un bonus corresponde à celle du rapport annuel.

Peu d’entreprises fournissent davantage d’informations que le minimum requis depuis 2002 par la directive de la Bourse suisse sur le gouvernement d’entreprise (DCG), doit constater le directeur d’Ethos.

Changement en 2008

Inférieurs aux standards internationaux, ces minimas ne permettent pas aux actionnaires de se prononcer en connaissance de cause à l’heure de voter les comptes.

Pourtant, dès l’an prochain, la loi prévoit notamment que les entreprises dévoilent le salaire versé à chaque administrateur ainsi la rémunération la plus haute accordée à un membre de la direction.

A ce jour, la DCG exige uniquement la présentation de l’enveloppe salariale de la direction, de celle du conseil administration ainsi que de la rémunération du membre de la direction ou du conseil le mieux payé.

L’an passé, seules 22 sociétés ont dévoilé le salaire individuel des administrateurs sans fonctions exécutives et six en ont fait de même pour des membres exécutifs.

Les banquiers les mieux servis

Une fois de plus, les banques se sont offertes les directions les plus chères, suivies des principales sociétés pharmaceutiques et des compagnies d’assurance.

En 2006, les membres de la direction de l’UBS ont gagné en moyenne 18,99 millions de francs, contre 18,77 millions pour ceux du Credit Suisse et 11,82 millions chez Novartis.

Novartis dont le patron et président du conseil d’administration Daniel Vasella reste le big boss le mieux payé du pays. Ethos estime son salaire à 44,2 millions de francs, alors que le montant indiqué dans le rapport annuel du groupe mentionne quelque 21 millions. La différence provient du fait que Novartis a comptabilisé les actions accordées au patron à leur valeur fiscale, alors qu’Ethos s’est basée sur leur valeur au moment de l’octroi.

Le président du conseil d’administration de l’UBS, Marcel Ospel, pointe en deuxième position (26,6 millions de francs), suivi des présidents et administrateurs délégués de Nestlé, Peter Brabeck (17,2 millions), et de Roche, Franz Humer (16,7 millions). Le 5e est Walter Kielholz (16 millions), qui préside le conseil d’administration du Credit Suisse.

swissinfo et les agences

En 2006, les dirigeants des 100 plus grandes entreprises suisses ont gagné en moyenne 2,3 millions de francs par année.
Les employés dans le même temps ont gagné 70’000 francs

Les salaires des managers ont augmenté de 7,6% en 2005 et de 15,8% en 2006.
En termes réels, les salaires des employés ont baissé de 0 »2% en 2005 et augmenté de 0,1% en 2006.

En 2006, la fortune cumulée des 300 plus riches résidants de la Suisse a augmenté de 14%. Elle atteint 455 milliards de francs.
Entre 2004 et 2006, le PIB de la Suisse a crû de 6,7%.

Pour améliorer la transparence, Ethos demande aux sociétés «d’appliquer les règles de bonne pratique internationale». Elle souhaite en particulier que les actionnaires puissent voter «de manière consultative» sur la politique de rémunération des instances dirigeantes.

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