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Vaste enquête sur les inégalités hommes-femmes

Un des projets de recherche examinera comment on cultive l’égalité à l’école. laif/Mischa Keijser

Le Fonds national de la recherche lance un vaste programme sur les inégalités dites «de genre», qui semblent avoir la vie dure en Suisse. Jusqu’en 2013, 21 projets scientifiques tenteront de comprendre pourquoi.

Le lancement du Programme national de recherche (PNR) 60 «Egalité entre hommes et femmes» en 2011 coïncide avec les 40 ans de l’introduction du droit de vote des femmes et les 30 ans de l’inscription dan la Constitution fédérale de l’article sur l’égalité.

«C’est vraiment une année spéciale, ce qui ajoute au prestige de l’entreprise», note René Levy, du comité de coordination du PNR.

Après un quart de siècle de politique de l’égalité, hommes et femmes n’ont toujours pas les mêmes chances, que ce soit au travail, dans la formation ou dans la famille. Le PNR examinera pourquoi les politiques gouvernementales ne sont pas plus efficaces dans ces trois domaines.

Selon René Levy, les 21 projets retenus sont «relativement représentatifs» et couvrent les questions les plus importantes au sujet de l’égalité.

Clarification

L’éventail va de l’égalité dans les professions de l’agriculture et de l’ingénierie aux politiques «familiales» de certains cantons qui ne favorisent pas toujours l’égalité. Les 21 projets ont été sélectionnés pour leur rendement scientifique potentiel sur une liste initiale de 119 pistes de recherche

René Levy admet que la liste finale comporte des lacunes. Il y manque par exemple l’examen de quelques questions judiciaires. Il n’en espère pas moins que le PNR permettra de clarifier les problèmes – même s’il ne les résoudra pas – et de progresser vers des solutions.

Les données recueillies serviront de guide pour de futures politiques «durables» de l’égalité.

Farinaz Fassa et Chiara Storari, en charge d’un projet sur la manière dont l’école aborde l’égalité, relèvent que les données scientifiques sont nécessaires pour se faire une idée «objective» de la situation.

Les deux chercheuses notent également que le processus même de leur travail va permettre de développer les relations entre les acteurs du secteur éducatif et faire sauter certains «blocages» aux niveaux institutionnel et individuel en vue de proposer des améliorations.

Inédit en Suisse

Yvonne Riaño, de l’Université de Berne, fait partie des coordinateurs d’un projet sur les inégalités basées sur le sexe et l’origine dans le monde du travail. Un domaine où, relève-t-elle, les études empiriques sont à ce jour virtuellement inexistantes en Suisse.

Les chiffres montrent que les migrantes non européennes occupent des positions moins favorables sur le marché du travail et se voient contraintes de travailler à des postes pour lesquels elles sont surqualifiées. Elles sont également plus souvent au chômage que les femmes de l’Union européenne ou que les Suissesses.

«Nous n’avons pas une vue globale de comment les femmes de différentes origines s’en sortent sur le marché du travail. C’est je pense une des raisons pour lesquelles notre projet a été accepté, c’est parce que c’est quelque chose de nouveau pour la Suisse», estime Yvonne Riaño.

«Au final, nous avons l’intention d’arriver à des politiques qui traitent une vaste palette de situations et qui ne sont pas fragmentées comme elles le sont actuellement, poursuit la chercheuse bernoise. Les PNR sont le résultat d’un processus politique, ils émergent à cause d’un besoin ressenti par certains politiciens de s’attaquer à des problèmes de société».

Le PNR 60 n’est pas le premier à s’intéresser aux inégalités hommes-femmes. Avant lui, le PNR 35 s’est déjà penché sur le sujet. Mais cette fois, Yvonne Riaño sent une volonté politique d’aller au delà du statu quo et de réellement «développer des programmes et des politiques qui peuvent aider à réduire les inégalités».

Les Programmes nationaux de recherche (PNR) sont conduits sous l’égide du Fonds national suisse de la recherche (FNS). C’est le gouvernement fédéral qui décide des sujets. Le but est de fournir des solutions scientifiquement étayées à des problèmes jugés d’importance nationale.

Le PNR 60 «Egalité entre hommes et femmes» recevra huit millions de francs en trois ans. Il comprendra des travaux en sociologie, économie politique, psychologie et sciences de l’éducation. Un des buts est de mettre à disposition des connaissances et suggestions pour une politique et une pratique durables de l’égalité. Le PNR est divisée en trois secteurs: travail et organisations, formation et carrière et famille et ménage privé.

Traduction de l’anglais: Marc-André Miserez

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