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Songe d’une nuit fribourgeoise

Selon Vincent Vittoz, aujourd'hui, les fées, on les croise dans les banlieues. Alain Wicht

Fribourg vit à l'heure féerique du «Songe d'une nuit d'été» du compositeur Benjamin Britten et d'après l'oeuvre de William Shakespeare, jusqu'au 21 janvier, à l'Aula de l'Université.

Le metteur en scène français Vincent Vittoz a choisi de transposer la pièce dans un hangar désaffecté où l’on casse des voitures. Pour lui, la périphérie urbaine remplace les forêts qui entouraient autrefois les villes.

«Ce qui m’a immédiatement séduit, relève Vincent Vittoz, c’est l’adéquation entre la musique de Benjamin Britten et le texte de William Shakespeare. Il y a chez le compositeur une véritable réflexion sur les thèmes abordés par l’auteur.»

Dans «Le Songe d’une nuit d’été», il ne faut peut-être pas trop tenter de suivre une histoire, mais plutôt se laisser porter par les sentiments que véhiculent les nombreuses intrigues amoureuses.

Trois mondes se côtoient. Celui des fées qui organisent toute l’action. Celui des amoureux qui sont victimes de la magie des fées. Et celui des artisans qui montent une pièce de théâtre – Pyrame et Thisbé – en tant que comédiens amateurs.

La transposition contemporaine de l’œuvre n’enlève rien à la magie de l’univers onirique, où le mystérieux et le féerique tiennent les premiers rôles. D’ailleurs, anachronismes il y avait déjà dans l’œuvre originale. Les fées sortent en effet des croyances celtiques et certains personnages de la mythologie grecque.

Cela dit, on découvre dans la pièce que les fées d’aujourd’hui ne sont pas celles aux petites ailes des films de Walt Disney, mais des marginales tatouées et drapées dans des fringues excentriques. Des femmes qui, finalement, ne sont pas si dangereuses.

Le mérite de cette entreprise artistique est d’autant plus grand que l’opéra de Fribourg est sans toit ni murs. C’est en effet à l’Aula de l’Université que, chaque année, une classe du Conservatoire de Fribourg établit ses quartiers pour un nouveau spectacle.

Le déplacement à Fribourg en vaut le détour. Ne serait-ce que pour voir un lit nuptial dans un capot de bagnole déglinguée, le personnage «Puck» en patins à roulettes et écouter l’Orchestre de chambre de Genève sous la direction de Laurent Gendre.

D’ailleurs, le directeur de l’Association (vieille de 15 ans) de l’opéra de Fribourg, Alexandre Emery, tient, lui, à relever «la musique, hypnotique, mais facile d’accès pour une partition du XXe siècle. Ainsi que la fin magistrale de la pièce – Pyrame et Thisbé – montée par les artisans. Qui, de par sa dimension burlesque, fait pleurer de rire l’auditoire, chaque soir».

Emmanuel Manzi

Représentations en dehors de Fribourg: au Podium de Guin, les 24 et 26 janvier à 19h; au Théâtre de Beausobre de Morges, le 4 février à 17h; et au Théâtre de Vevey, le 9 février à 20h.

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