SOS formés par des tracteurs: le cri d’alarme lancé par les paysans
(Keystone-ATS) Les agriculteurs ont lancé jeudi soir simultanément à travers la Suisse romande un cri d’alarme. Leur SOS grandeur nature s’est matérialisé avec des tracteurs rassemblés dans des champs. Le prix du lait était la thématique particulière de cette nouvelle mobilisation.
Des rassemblements de tracteurs ont notamment eu lieu à Echallens (VD), Boudevilliers (NE), Perly-Certoux (GE), Vallon, Vaulruz et Lussy (FR), Saignelégier (JU), Reconvilier (BE) ainsi que dans quelques lieux en Suisse alémanique. Outre-Sarine, des mobilisations sont surtout prévues vendredi, comme dans le canton de Zurich.
« L’objectif est de mettre la pression sur les prix de nos produits », a indiqué à Keystone-ATS Arnaud Rochat, agriculteur à Bavois (VD) et instigateur du mouvement Révolte agricole Suisse via un groupe Facebook. « Mais le but est aussi que les gens nous voient et nous comprennent mieux », a-t-il ajouté.
Près d’Echallens, sur la route qui mène à Goumoëns-la-Ville, près de 250 tracteurs sont peu à peu arrivés en début de soirée en direction d’un champ pour former les trois lettres symboliques de l’appel au secours. Quelque 300 personnes étaient réunies sur place, autour d’un feu, à écouter plusieurs discours puis à griller des saucisses.
Présent, le conseiller national Jacques Nicolet (UDC/VD) a plaidé pour une hausse de 20% sur trois ans des prix des denrées agricoles. Il a aussi prôné une diminution de 50% des charges administratives qui incombent aux agriculteurs.
A chaque mobilisation sa revendication
Cette « révolte agricole » est également une façon de « donner de l’espoir et d’assurer un avenir serein à la nouvelle jeune génération de paysans qui est motivée », souligne encore Arnaud Rochat.
La manifestation sur sol vaudois devait être la plus emblématique de la soirée. Selon le porte-voix du mouvement, l’idée est désormais de mobiliser les paysans autour de revendications ciblées. Jeudi soir, c’est le prix du lait qui était au coeur des préoccupations en vue de la séance de l’Interprofession du Lait (IP Lait) prévue vendredi, où il sera question de la détermination du prix indicatif du lait.
« Les paysans demandent d’avoir des prix rémunérateurs sur le long terme pour que notre métier soit viable. Nous voulons être payés pour ce que l’on produit avec des prix qui prennent en compte nos charges. Il y a quand même un problème si le prix du lait est moins cher que l’eau en bouteille », clame l’agriculteur de Bavois.
D’autres actions en vue
Après les mobilisations en France, en Allemagne et dans d’autres pays d’Europe, la révolte a également gagné la Suisse fin janvier dernier. Depuis, plusieurs manifestations collectives, solidaires et pacifiques ont eu lieu à travers le pays. Les agriculteurs helvétiques font dans l’ensemble valoir leurs droits à des rémunérations plus équitables.
Samedi soir dernier, de nombreux feux de protestation ont été organisés dans les campagnes, en particulier dans les cantons de Vaud et Fribourg. A Chiètres (FR), le rassemblement avait par exemple réuni près de 1000 personnes et quelque 400 tracteurs. Révolte agricole Suisse indique que les appels aux rassemblements vont se poursuivre dans les semaines et mois à venir.
Revendications et pétition
Dans un communiqué commun publié le 29 janvier, l’Union suisse des paysans (USP), la faitière agricole romande Agora et les Chambres romandes d’agriculture s’étaient montrées inquiètes de la situation des paysans suisses. Les trois organisations demandaient une hausse de 5 à 10% dès cette année des prix aux producteurs. A l’avenir, les prix devraient être définis sur la base des coûts de production et des risques pris, de manière à permettre un revenu équitable.
Elles ont lancé une pétition à l’appui de leurs revendications. Celles-ci s’articulent autour de cinq points: meilleure reconnaissance des rôles multiples de l’agriculture, maintien des moyens pour le budget 2025 et le crédit 2026-2029, solutions pratiques adaptées au contexte régional pour les familles paysannes, augmentation des prix aux producteurs et refus de toute nouvelle contrainte qui ne serait pas rétribuée.