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Strasbourg: manifestation des infirmières libérales

(Keystone-ATS) « L’État saigne ceux qui vous soignent »: une soixantaine d’infirmières libérales ont manifesté mardi à Strasbourg pour réclamer la revalorisation de leurs actes techniques, dont les tarifs n’ont pas évolué depuis 2009.

Dans la matinée, une quarantaine de véhicules ont pris part à une « opération escargot » sur l’autoroute A4 entre Brumath (Bas-Rhin) et Strasbourg, avant de converger vers une agence de la Caisse primaire d’assurance maladie dans la capitale alsacienne pour un sit-in.

« Le montant de nos actes n’a pas été réévalué depuis 2009. Depuis 15 ans, une injection, c’est facturé 3,15 euros bruts, et là-dessus il faut déduire le prix du matériel. Avec l’inflation galopante, ce n’est plus tenable », explique Luc Keller, porte-parole du collectif des infirmiers en colère dans le département. « Sur la période, j’ai perdu 30% de pouvoir d’achat ».

« Il n’y a pas d’écoute du côté du gouvernement. On a eu sept ministres de la Santé en sept ans, il n’y a pas de ligne directrice. On est les oubliés du secteur, comme nous avions été les oubliés du Ségur de la santé », accords signés en 2020 qui avaient abouti à la revalorisation de plusieurs professions, a déploré Véronique Bier, représentant du syndicat Convergence Infirmière.

Au détriment du patient

« Sincèrement, je suis dégoutée, ça fait deux ans que j’essaie de trouver un autre travail. Je me suis même renseignée pour aller faire de la soudure », a expliqué Chantal Heilig, qui exerce à Saint-Avold (Moselle). « On est en train de brader les soins et d’enlever des chances de survie aux patients, de les démunir. »

Comme d’autres, elle dénonce notamment la mise en place des bilans de soins infirmiers (BSI) pour les patients dépendants, qui minorent selon elle la rémunération des infirmiers et dégradent la qualité des soins.

« Avant nous étions payés au passage chez le patient. Maintenant, qu’on passe une fois ou quatre fois, on a un forfait pour les soins pour 24 heures. J’entends partout des infirmières qui n’en peuvent plus, et qui disent: « Tant pis, on enlève le passage du midi ou du soir », explique-t-elle. « C’est alors au patient de se débrouiller avec ses voisins ou sa famille. »

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