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Sur les brisées de LVMH, le chinois Ruyi cherche des acquisitions

En ciblant le luxe accessible, le groupe chinois de vêtements Shandong Ruyi, qui détient plusieurs marques internationales, veut devenir aussi gros que LVMH (archives). KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) Le groupe chinois de vêtements Shandong Ruyi cherche à acheter davantage de marques de « luxe accessible », un créneau en plein essor. Il a l’espoir de bâtir le premier empire chinois de mode haut de gamme susceptible à terme de défier LVMH.

En Europe, Ruyi contrôle déjà notamment le français SMCP, propriétaire des marques Sandro, Maje et Claudie Pierlot, les britanniques Gieves & Hawkes et Aquascutum ou encore le chausseur suisse Bally.

Son président Qiu Yafu, un milliardaire peu connu et discret même en Chine, a expliqué lundi à Reuters qu’il prévoyait une croissance dans le luxe accessible même dans le contexte d’un ralentissement économique plus général.

Qiu Yafu, qui a commencé à l’âge de 17 ans comme apprenti dans une des usines textiles de Ruyi, a de grandes ambitions dans le monde de la mode. Son groupe fait la course en tête en Chine dans un secteur des maisons de couture haut de gamme traditionnellement dominé par l’Europe.

L’entrepreneur, né en 1958, ne cache pas qu’en ciblant le luxe accessible, il veut devenir aussi gros que LVMH, même s’il admet volontiers que rivaliser avec les volumes du numéro un mondial du luxe ne se fera pas du jour au lendemain.

« LV est une entreprise de renommée mondiale qui est comme un dieu dans son domaine. C’est notre modèle. Nous en sommes encore loin mais c’est notre projet », a-t-il dit à Reuters lors d’une interview à Hong Kong, à l’occasion d’une conférence de l’industrie du luxe.

« Est-ce que cela prendra cinq ans, dix ans, encore plus longtemps, ou est-ce que ce sera pour la prochaine génération ou avec une meilleure équipe ? C’est un projet et un défi à relever très important. C’est peut-être même impossible. Mais cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas apprendre, imiter ou emprunter des idées. »

« Forte croissance et prix élevés »

Qiu Yafu a ajouté que Ruyi « rechercherait » des marques « d’avant-garde » de qualité offrant des perspectives de développement durable.

« Ruyi a des exigences fermes et spécifiques et un positionnement stratégique pour les marques de mode. Nous étudions et surveillons en permanence les marques qui correspondent au positionnement de haute qualité, de forte croissance et de prix élevés », a-t-il dit.

Selon le cabinet Euromonitor, le marché chinois de la mode atteindra les 2200 milliards de yuans (318,8 milliards dde francs) d’ici 2022, ce qui représentera une croissance d’environ 10% par rapport à sa taille actuelle.

Mais cet immense marché ralentit et Qiu Yafu entend donc tirer parti de la numérisation et du commerce en ligne pour développer sa base clientèle.

La soif d’acquisitions de Ruyi, entreprise privatisée il y a une vingtaine d’années, a commencé en 2010 dans le cadre d’une stratégie d’intégration verticale et de montée en gamme qui a accompagné le rapide développement de la classe moyenne supérieure en Chine.

Le groupe, qui a notamment racheté l’an dernier la marque Lycra, est présent dans 84 pays et son chiffre d’affaires annuel, selon Qiu Yafu, dépasse les 20 milliards de yuans.

Ruyi n’est que l’un des grands groupes chinois à lorgner les marques de mode européennes. Le conglomérat Fosun a ainsi pris en début d’année le contrôle de la maison Lanvin et Carven est récemment passé dans le giron d’Icicle Fashion Group .

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