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Surprise à la tête de Nestlé, qui tourne la page Mark Schneider

Keystone-SDA

(Keystone-ATS) L’annonce a fait l’effet d’une bombe: le patron de Nestlé Mark Schneider quittera le géant de l’alimentaire fin août. L’actuel directeur de la région Amérique latine, le Français Laurent Freixe, a été nommé pour lui succéder dès le 1er septembre.

Arrivé en 2016 à la tête du groupe, Mark Schneider a renoncé à ses fonctions et quittera également le conseil d’administration, a annoncé le géant veveysan jeudi soir dans un communiqué, sans plus de précision. « C’est un coup de tonnerre », a commenté l’analyste de Vontobel Jean-Philippe Bertschy, contacté par l’agence AWP.

Artisan de la refonte de Nestlé, le Germano-Américain de 58 ans, de son nom complet Ulf Mark Schneider, a contribué à recentrer le portefeuille du groupe sur les catégories à forte croissance, en particulier le café, les produits pour animaux de compagnie et les produits de santé nutritionnelle. Cité dans le communiqué, son prédécesseur et actuel président de la multinationale Paul Bulcke a salué « sa contribution significative » et « son leadership exceptionnel et résolu en période de crise ».

Passation sans précédent

Reste que « ce départ aussi soudain qu’abrupt est sans précédent », a souligné Jean-Philippe Bertschy. Les passations de pouvoir à la tête du paquebot alimentaire se font habituellement sur plusieurs années.

Pour l’analyste, la pression sur l’actuel patron ne faisait qu’augmenter au cours des derniers trimestres, avec des résultats systématiquement en deçà des attentes. « Les objectifs ont dû constamment être revus à la baisse, ce qui tend à éroder la confiance des investisseurs », a-t-il poursuivi.

Nestlé a en effet bouclé le premier semestre sur des recettes en repli, en raison de cessions et des effets de change. A cela s’est ajouté un net coup de frein aux augmentations de prix, qui a conduit la direction à revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour l’ensemble de l’année.

Sur les six premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires a ainsi reculé de 2,7% sur un an à 45 milliards de francs. L’entreprise vise désormais une croissance d’au moins 3%, contre 4% auparavant. Le bénéfice récurrent par action à taux de change constants est attendu autour de 5%, contre 6 à 10% jusqu’à présent.

Retour aux racines

Laurent Freixe, né en 1962, est membre du comité exécutif de la multinationale depuis 16 ans et dirige actuellement la zone Amérique latine. Le conseil d’administration a également proposé sa candidature comme administrateur.

M. Freixe a rejoint Nestlé France en 1986. Après des passages en Hongrie et en Espagne, il a géré la région Europe de 2008 à 2014 et a ensuite pris la direction de la zone Amériques. Après la création de la nouvelle structure géographique de Nestlé en 2022, le responsable a été nommé à la tête de la zone Amérique latine.

« Je connais Laurent depuis longtemps et je le considère comme un leader talentueux doté d’un bon sens de la stratégie, d’une vaste expérience et expertise du terrain, ainsi qu’une compréhension profonde des marchés et des consommateurs, s’est réjoui Paul Bulcke. « Il a démontré sa capacité à obtenir des résultats dans des conditions de marché difficiles », a-t-il ajouté.

Nestlé tourne ainsi la page de l’ère Mark Schneider. Et avec la nomination de Laurent Freixe, le groupe opère une forme de « retour aux racines », a relevé Jean-Philippe Bertschy. « Paul Bulcke et lui se connaissent depuis de nombreuses années et ont l’habitude de travailler ensemble. »

Opérationnel dès vendredi

Lors d’une conférence téléphonique tenue moins d’une heure après sa nomination, M. Freixe a dessiné les contours de la stratégie qu’il compte suivre comme directeur général. Il estime que le groupe doit revenir aux « bases », en se concentrant notamment sur les segments et marques traditionnels de Nestlé. Des acquisitions ne sont pas exclues mais ne constituent pas la priorité.

M. Bulcke a indiqué pour sa part que Laurent Freixe sera opérationnel dès ce vendredi. « Il connait notre groupe sur le bout des doigts et a déjà dirigé trois zones géographiques », a-t-il souligné. Questionné sur l’alternative qu’aurait représenté un candidat externe, M. Bulcke a balayé l’idée. « Il n’y avait pas besoin », selon lui. « Laurent est déjà là et est parfaitement adapté pour le poste. »

Les raisons du départ abrupt de M. Schneider n’ont pas été dévoilées, le président se contentant d’adresser au futur ex-patron ses « meilleurs voeux dans tous ses projets professionnels et personnels ».

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