Attentat à Paris: l’assaillant avait fait allégeance à l’EI
(Keystone-ATS) Toujours en garde à vue dimanche, l’islamiste radical qui a tué un jeune touriste samedi soir près de la tour Eiffel à Paris avait fait allégeance au groupe Etat islamique (EI). Son passage à l’acte pose la question du suivi psychiatrique de certains djihadistes.
L’attaque est survenue à quelques mois des Jeux olympiques de Paris et moins de deux mois après celle d’Arras qui a coûté la vie à un enseignant mi-octobre et conduit au relèvement du plan Vigipirate au niveau maximal « urgence attentat ».
S’exprimant en arabe dans une vidéo, Armand Rajabpour-Miyandoab, un Franco-Iranien de 26 ans, apportait « son soutien aux djihadistes agissant dans différentes zones », a déclaré dimanche soir le procureur antiterroriste Jean-François Ricard devant la presse.
« Cette vidéo était notamment mise en ligne sur son compte X (ex-Twitter) », ouvert début octobre et qui comportait « de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine », selon le magistrat.
Marteau et couteau
Outre l’auteur des faits, trois autres personnes ont été placées en garde à vue, appartenant à la famille ou à l’entourage de l’auteur, a précisé M. Ricard.
Les faits se sont déroulés samedi vers 21h30 dans ce lieu hautement touristique de la capitale, à proximité du pont de Bir Hakeim. Le touriste tué était un Germano-Philippin de 23 ans qui se trouvait avec deux autres personnes d’origine philippine. Il a reçu « deux coups de marteau et quatre coups de couteau », a indiqué le magistrat.
L’assaillant a crié à plusieurs reprises « Allah akbar » et déclaré être « muni d’une ceinture d’explosifs », selon le procureur. Il s’en est aussi pris, avec un marteau, à deux hommes, un Français de 60 ans et un Britannique de 66 ans, légèrement blessés.
Il a été maîtrisé par les forces de l’ordre à l’aide d’un pistolet à impulsion électrique peu après l’attaque et placé en garde à vue. L’enquête est ouverte pour « assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation de crimes d’atteinte aux personnes ».
Inquiétude de la mère
La mère de l’assaillant avait fait remonter aux autorités qu’elle s’inquiétait pour son fils qui « se repliait sur lui-même », a-t-il souligné. « Issu d’une famille sans aucun engagement religieux », Armand Rajabpour-Miyandoab s’est converti à l’islam à l’âge de 18 ans, en 2015, et a « très rapidement » versé dans « l’idéologie jihadiste ».
« La création de ce compte X début octobre, puis l’inquiétude le même mois de la mère peuvent interroger sur un acte préparé depuis plusieurs semaines », a analysé une source proche du dossier. Les enquêteurs cherchent notamment à déterminer quand les armes de l’agression ont été achetées.
Fiché pour radicalisation islamiste, selon une source proche de l’enquête, le jeune homme avait été condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme, après un projet d’action violente à la Défense, en 2016. Il était sorti en 2020 de prison après quatre ans de détention.
Suivi médical
Les enquêteurs vont désormais se pencher sur le suivi médical de l’auteur, un homme au « profil très instable, très influençable », selon une source sécuritaire.
« L’évolution de certains troubles psychiatriques déjà relevés lors de sa détention, conduisait le Pnat (Parquet national antiterroriste) à requérir la réalisation d’une nouvelle expertise psychiatrique », a rappelé Jean-François Ricard.
« A la suite de cette dernière, l’auteur était soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur. Ce suivi était effectif jusqu’à la fin de la mise à l’épreuve le 26 avril 2023 », a-t-il ajouté.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a réclamé dimanche soir que les autorités « puissent demander une injonction de soins » pour une personne radicalisée suivie pour troubles psychiatriques afin de prévenir des passages à l’acte, à l’issue d’une réunion interministérielle à Matignon.
Environ 5200 personnes sont connues pour radicalisation en France, dont 1600 personnes sont particulièrement surveillées par le renseignement intérieur (DGSI), selon une source au sein du renseignement. Environ 20% de ces 5000 personnes ont des troubles psychiatriques.
La ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser a dénoncé un « crime abominable ».