En appel, Alain Soral se défend à nouveau de toute homophobie
(Keystone-ATS) L’idéologue d’extrême droite Alain Soral a comparu mercredi en appel devant le Tribunal cantonal vaudois à Lausanne pour homophobie. En première instance, il avait uniquement été condamné pour diffamation. Le Ministère public a redemandé trois mois de prison.
Alain Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, bientôt 65 ans et domicilié à Lausanne depuis octobre 2019, est jugé à la suite d’une vidéo où il a attaqué une journaliste de La Tribune de Genève et de 24 heures ayant publié un article à son sujet en août 2021 qu’il estime à charge.
Dans cette vidéo publiée sur le site internet de son association Egalité et Réconciliation (E&R), l’essayiste franco-suisse a traité la journaliste de « grosse lesbienne » et « militante queer », insinuant que ce dernier terme voulait dire « désaxé ». Celle-ci a déposé une plainte pénale en septembre 2021.
M. Soral est repassé devant la justice vaudoise à la suite de l’appel déposé par le Parquet en février dernier contre le jugement du Tribunal d’arrondissement de Lausanne du 16 décembre 2022. Ce dernier ne l’avait pas condamné à trois mois de prison ferme pour discrimination et incitation à la haine, comme le soutenait alors le Parquet. Il avait toutefois écopé de 30 jours-amendes à 50 francs pour diffamation.
Même arguments
Sans nouvelle surprise, les deux parties sont restées dans leurs argumentaires de première instance. Le nouveau procureur général Eric Kaltenrieder, dont c’était le premier réquisitoire depuis son entrée en fonction en début d’année, a repris dans les grandes lignes celui de son prédécesseur Eric Cottier.
Il a réitéré que les propos d’Alain Soral étaient « dépréciatifs, rabaissants et discriminants ». « Ce ne sont pas que des mots, ce sont des messages (…) M. Soral a de la haine et du mépris pour les homosexuels (…) Il n’est pas crédible lorsqu’il affirme le contraire », a déclaré M. Kaltenrieder.
Le Parquet a donc une nouvelle fois requis trois mois de prison ferme, dans une « logique pénale » pour « dissuader le prévenu de récidiver », lui qui a déjà été condamné à une vingtaine de reprises en France, en grande partie pour des infractions liées à la provocation à la haine, diffamation et injure antisémite.
« Procès d’inquisition assez épouvantable »
L’avocat du prévenu, Me Pascal Junod, a de nouveau réfuté toute homophobie, évoquant l’acharnement spéculatif du Ministère public et « un procès d’inquisition assez épouvantable » « C’est l’homme que l’on veut juger et non pas ses quelques mots d’une réaction à chaud, à savoir une réponse du berger à la bergère », a-t-il dit.
L’article en question a été la « goutte qui a fait déborder le vase dans un contexte de harcèlement médiatique avant même l’installation de M. Soral en Suisse », a expliqué l’avocat de la défense. Il s’agit d’une réaction envers une journaliste et non envers toute la communauté LGBT, selon lui. Il a donc écarté toute idée de propagation d’idéologie.
Me Junod a encore relevé que l’enjeu de ce procès était d’obtenir « une jurisprudence Soral sur l’homophobie » en Suisse. Il a redemandé l’acquittement pour son client. Si une peine devait être prononcée, il a insisté pour qu’elle soit « clémente » et assortie du sursis.