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Josef Koudelka, une légende de la photographie à Lausanne

Josef Koudelka était présent jeudi à Lausanne pour présenter la rétrospective qui lui est consacrée à Photo Elysée. KEYSTONE/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) Photo Elysée convie l’oeuvre de Josef Koudelka pour sa nouvelle exposition. Le musée lausannois consacre une rétrospective au Tchèque de 84 ans, dont les images sur l’exil et les communautés marginales ont marqué l’histoire de la photographie.

Pour Nathalie Herschdorfer, directrice de Photo Elysée, c’est « une légende de la photographie » qui se dévoile dans cette exposition, la première du musée sur le site de Plateforme 10 après le programme inaugural de l’été. Cette rétrospective est née de l’exploration méticuleuse des archives personnelles de Josef Koudelka, riches de 30’000 planches-contact.

De cette sélection sont ressorties plusieurs séries, toutes en noir et blanc. C’est le cas notamment de « Gitans », le photographe ayant longtemps vécu au contact de communautés roms, dont il aimait saisir les personnages « comme des acteurs de théâtre », explique le commissaire de l’exposition, Lars Willumeit.

« Il a noué des liens avec ces communautés durant plusieurs décennies. L’une d’elles lui a d’ailleurs donné le surnom d’Ikonar – faiseur d’icônes – car elle utilisait ses photos dans des lieux de prière », poursuit le commissaire. Un surnom qui sert d’ailleurs de titre à l’exposition.

Une vie sur la route

Après le monde rom, l’exposition passe à la section intitulée « Invasion 1968 » sur l’attaque soviétique sur Prague, un événement que Josef Koudelka a documenté pour le compte de l’agence Magnum. Ses clichés ont été vus dans le monde entier, mais ils ont aussi provoqué « une rupture » dans sa vie, poursuit Lars Willumeit.

Contraint de fuir la Tchécoslovaquie, Josef Koudelka entame alors une vie de nomade. Ses « exils » servent de fil rouge à une autre partie de l’exposition, dans laquelle le photographe montre le dénouement et la solitude. Comme avec les Roms, il s’attarde notamment auprès de personnes vivant en marge de la société.

L’art de faire une bonne photo

Présent à Lausanne pour accompagner cette rétrospective, sa première en Suisse depuis 1977, Josef Koudelka explique avoir toujours aimé saisir « des choses qui disparaissent », le mode de vie de certaines communautés ou encore les ruines de sites archéologiques.

Il souligne aussi son attachement aux « symboles de la liberté », surtout quand ils sont attaqués comme à Prague en 1968 ou dans ses clichés montrant les « murs » séparant Palestiniens et Israéliens.

Pour le Tchèque, qui possède aussi la nationalité française, une bonne photographie doit « entrer dans la mémoire » de la personne qui la regarde: « On ne peut alors plus l’oublier ».

Cette question de l’oubli est importante pour l’octogénaire, qui se montre sceptique face au déferlement des photos numériques. « Que va-t-il en rester? », se demande celui qui reconnaît une activité rigoureuse d’archivage. Des archives qui prouvent que « tout ce que j’ai vu existe, que je n’ai pas rêvé », relève-t-il.

Ouverte samedi au public, « Ikonar. Constellations d’archives » est à voir jusqu’au 29 janvier.

Seconde exposition

Parallèlement, Photo Elysée présente une seconde exposition, « D’après nature », sur la photographie helvétique au 19e siècle. Elle montre l’émergence de ce médium en Suisse, via notamment la réalisation de portraits ou la promotion d’activités touristiques.

Plus de 300 images, issues de 60 prêteurs publics et privés, sont montrées dans cette exposition, réalisée conjointement avec la Fondation suisse pour la photographie de Winterthour et du Musée MASI à Lugano. « De véritables trésors ont été dénichés. Cela fait 30 ans qu’un tel projet n’avait pas été entrepris », indique Nathalie Herschdorfer.

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