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L’échappée de 100 km d’Alex Zülle dans les Alpes

(Keystone-ATS) Alex Zülle était, dans les années 90, l’un des fers de lance du cyclisme suisse. Le spécialiste du contre-la-montre a porté le maillot de leader dans tous les grands tours.

Son échappée dans le Tour de France 1995 demeure inoubliable.

Il y a 25 ans, le 11 juillet, Zülle avait fêté sa première victoire d’étape sur la Grande Boucle grâce à son raid solitaire entre Le Grand Bornand et La Plagne. Pour le Saint-Gallois, alors âgé de 27 ans, il s’agissait alors du plus grand succès de sa carrière professionnelle, débutée en 1991. Son triomphe à 2000 m d’altitude devançait par son prestige son maillot jaune porté quelques jours trois ans auparavant ou ses victoires au classement final de Paris – Nice ou au Tour du Pays basque.

Ce succès prit encore plus de relief grâce à la manière affichée sur les routes de Savoie. La première semaine du Tour avait viré au cauchemar pour le coureur de l’équipe espagnole Once. En particulier à l’occasion du contre-la-montre entre Huy et Seraing où le Saint-Gallois avait concédé près de 4 minutes à Miguel Indurain, vainqueur de l’étape. « J’avais quelque chose de bien à faire après ce contre-la-montre », relevait Zülle, également un spécialiste du « chrono », au soir de son triomphe à La Plagne.

Au lendemain de la journée de repos et avec la rage au ventre, le rouleur helvétique a attaqué à 100 km de l’arrivée dans le col des Saisies et a voulu prouver à lui et au monde entier, ce dont il était capable de faire sur un vélo. Dès le pied du deuxième grand col de la journée, le Cormet de Roselend, Zülle s’était débarrassé de ses deux derniers compagnons d’échappée, Bo Hamburger et Federico Munoz. Il a parcouru les 68 derniers kilomètres en solo.

Roi des chutes

Les 17 kilomètres de la montée finale se sont transformés en chemin de croix pour le coureur de Wil, connu pour flirter avec les limites de la douleur. Finalement, il a pu sauver sa victoire. Au classement général, il a accompli un bond de la 9e à la 2e place. Un rang qu’il défendra au cours des onze dernières étapes jusqu’à Paris. Dans les Alpes et les Pyrénées, il est resté dans la roue d’Indurain, vainqueur pour la cinquième fois de suite de la Grande Boucle.

Comme Tony Rominger, Alex Zülle n’a pas réussi à succéder à Hugo Koblet, dernier vainqueur helvétique du Tour en 1951. Après sa victoire dans le prologue à Bois-le-Duc en 1996, il a porté pendant trois jours la tunique jaune. Mais deux chutes dans le Cormet de Roselend le rejette à l’arrière. En 1997, le Saint-Gallois doit quitter le Tour après seulement quatre étapes. Les douleurs étaient encore trop fortes deux semaines et demie après une opération de sa clavicule, brisée dans une chute.

A nouveau deuxième

En 1998, il choisissait de rejoindre l’équipe Festina pour un chapitre des plus sombres de sa carrière. Le double vainqueur de la Vuelta s’est retrouvé pris dans un immense scandale de dopage. Zülle et ses coéquipiers dont Richard Virenque et Laurent Dufaux avaient été exclus du Tour de France. Plus tard, il a reconnu l’usage de l’EPO, un produit dopant le transport d’oxygène. Après une suspension de sept mois, il a repris la compétition au printemps 1999.

Trois mois après son retour, il s’adjugeait une nouvelle fois la deuxième place du Tour de France, derrière Lance Armstrong, rayé du palmarès depuis pour ample usage, lui aussi, de l’armoire à pharmacie. L’année d’après, il avait abandonné au cours de la dernière semaine alors qu’il comptait déjà un gros retard. Ensuite, il a encore remporté le Tour de Suisse en 2002 pour le compte de l’équipe Team Coast mais n’a plus disputé la Grande Boucle.

Aujourd’hui, Zülle, qui avait appris le métier de peintre en bâtiment, dirige un centre de fitness à Uzwil. Ce père de deux enfants n’entend plus revenir sur sa carrière professionnelle, bien que les demandes furent nombreuses ces derniers temps. Mais il n’a pas renoncé à faire du vélo. La preuve: il avait accompagné Michael Albasini lors d’une partie de son tour d’adieu à travers la Suisse.

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