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L’Afghane qui défie les talibans et en attend plus de la Suisse

Pashtana Durrani veut améliorer la situation des jeunes femmes afghanes. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) L’Afghane Pashtana Durrani a 24 ans et veut changer les conditions de ses compatriotes féminines. Récompensée vendredi à Genève, elle a établi un réseau d’écoles clandestines, malgré les talibans. Elle attend une position claire de la Suisse contre les islamistes.

La jeune femme fait partie des six lauréats cette année du Sommet des jeunes activistes, organisé à l’ONU à Genève pour la quatrième fois. « La Suisse doit faire mieux » et « arrêter de sourire aux talibans », affirme dans un entretien à Keystone-ATS Pashtana Durrani, qui réside actuellement aux Etats-Unis.

Appelant à davantage de sanctions, la jeune femme a peu goûté le dialogue il y a quelques mois à Genève entre les islamistes au pouvoir et la Suisse. Une rencontre qui avait abouti à de nouvelles promesses des talibans de rouvrir les écoles aux jeunes filles, restées vaines alors qu’elles avaient aussi été relayées auprès de l’ONU.

Depuis quelques années, l’ONG « Learn » de Pashtana Durrani avait piloté jusqu’à 18 établissements et 7000 élèves dans les villes et les régions rurales. Avec le retour au pouvoir des islamistes à l’été 2021, elle a dû faire passer son réseau dans la clandestinité et le réduire à quatre écoles de 100 personnes.

Une cinquième doit elle ouvrir la semaine prochaine à Helmand et l’objectif est d’atteindre les 34 provinces. En raison des difficultés sécuritaires, les enseignants donnent leurs cours en ligne auprès d’étudiantes rassemblées dans ces écoles.

Pas utile « dans 20 ans »

Les jeunes femmes peuvent suivre la filière habituelle pour leur âge en Afghanistan. Elles apprennent le graphisme et les technologies, mais aussi les mathématiques. De quoi leur permettre d’obtenir ensuite une petite rémunération, et d’échapper au mariage forcé.

L’organisation du dispositif est difficile avec les restrictions, mais la trentaine de collaborateurs et les enseignants sont payés. Les activités ne se limitent pas à l’éducation. Depuis un an, « Learn » a distribué plus de 500 repas et payé les frais de 130 patients.

Arrivée en Afghanistan en 2016 après une vingtaine d’années dans un camp de réfugiés au Pakistan, avant son départ aux Etats-Unis, Pashtana Durrani souhaite que son ONG « ne soit plus indispensable dans 10 ou 20 ans ». L’objectif est « d’émanciper » les jeunes Afghanes pour en faire à leur tour des leaders, un moyen de reprendre le pouvoir aux talibans.

Pashtana Durrani n’accepte pas ces autorités islamistes de fait et n’exclut pas de rentrer dans son pays « en cachette ». « Je l’ai déjà fait », admet-elle. Menacée, elle a vu son oncle quitter l’Afghanistan. Sa mère et ses frères et soeurs réfléchissent à faire de même.

Africaines, Américain ou Chilien

La politique en revanche, c’est une autre affaire. La jeune femme va peut-être s’engager, mais pas si elle doit se retrouver piégée dans un système corrompu.

Parmi les autres lauréats, une jeune Sud-Africaine est devenue un symbole de l’anti-racisme après une lutte contre le règlement de son école sur les cheveux des jeunes femmes noires. Un Américain a rendu les établissements scolaires plus sûrs pour les LGBTQI+ et une Congolaise a lancé un orphelinat qui accueille 13 enfants des rues.

De son côté, un Chilien, qui habite dans l’une des régions les plus polluées au monde, a mobilisé plus de 34’000 personnes pour pousser son gouvernement à approuver le premier accord international sur le droit à un environnement sain en Amérique latine. Une Britannique a elle réussi à promouvoir des artistes, atteints comme elle d’un handicap, au cinéma et dans les médias. Pour ne pas les limiter à des rôles de personnes en situation de handicap.

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