La nouvelle méga-fusée de la Nasa en route pour la Lune
(Keystone-ATS) Dans un bruit assourdissant, la nouvelle méga-fusée de la Nasa, la plus puissante du monde, a décollé mercredi depuis la Floride. Elle se dirige vers la Lune, pour la première mission non habitée d’Artémis, le nouveau programme-phare de l’agence spatiale américaine.
La fusée, nommée SLS, a illuminé le ciel à 01h47 heure locale (07h47 en Suisse), au centre spatial Kennedy, dans le sud-est des Etats-Unis. La Nasa a par la suite confirmé que le vaisseau était sur la bonne trajectoire pour la Lune, et a publié de premières images prises par la capsule de la Terre s’éloignant lentement derrière elle.
La troisième tentative de lancement aura donc été la bonne, après deux essais annulés à la dernière minute cet été à cause de problèmes techniques, puis deux ouragans ayant encore repoussé le décollage de plusieurs semaines.
La mission Artémis 1 doit durer 25 jours au total, et beaucoup d’étapes pourraient encore poser problème, mais le premier décollage de cette géante de 98 mètres de haut, en développement depuis plus d’une décennie, représente d’ores et déjà un immense succès pour l’agence spatiale américaine.
Le « go » final a été donné par la première femme directrice de lancement de la Nasa, Charlie Blackwell-Thompson. « Ce que vous avez accompli aujourd’hui inspirera les générations à venir », a-t-elle déclaré à ses équipes après le décollage.
Un vol-test
Cinquante ans après la dernière mission Apollo, ce vol-test, qui fera le tour de la Lune sans y atterrir et sans astronaute à bord, doit permettre de confirmer que le véhicule est sûr pour un futur équipage. Il marque le grand début du programme Artémis, qui ambitionne d’envoyer la première femme et la première personne de couleur sur la Lune. Le but est d’y établir une présence humaine durable.
« Nous retournons sur la Lune (…) pour apprendre comment vivre sur la Lune, dans le but de nous préparer à envoyer des humains jusqu’à Mars », a déclaré le patron de la Nasa, Bill Nelson, lors d’une conférence de presse après le lancement. Il a raconté avoir assisté à l’événement depuis le toit de l’immense bâtiment d’assemblage des fusées, à quelques kilomètres du pas de tir 39B, en compagnie de nombreux astronautes.
Quelque 100’000 personnes étaient attendues pour admirer le spectacle, notamment depuis les plages environnantes. « Mon tout premier souvenir est ma mère me réveillant pour regarder l’alunissage, j’ai toujours voulu voir un décollage depuis, et maintenant ça y est », a déclaré à l’AFP Todd Garland, 55 ans, les larmes aux yeux sur la plage de Cocoa Beach.
Mission de 25 jours
Le décollage a eu lieu avec une quarantaine de minutes de retard à cause d’une fuite d’hydrogène, finalement réparée, lors des opérations de remplissage des réservoirs de la fusée avec son carburant cryogénique.
Cet été, la première tentative de décollage avait été annulée au dernier moment à cause d’un capteur défectueux, et la deuxième à cause d’une fuite d’hydrogène non maîtrisée. Après ces soucis techniques, deux ouragans – Ian puis Nicole – ont successivement menacé la fusée, repoussant le décollage de plusieurs semaines.
Juste après le décollage, les équipes du centre de contrôle de Houston, au Texas, ont pris la main. Au bout de quelques minutes, les deux propulseurs d’appoint blancs et l’étage principal orange se sont détachés, retombant dans l’océan. Puis une dernière poussée de l’étage supérieur a mis la capsule Orion sur le chemin de la Lune, qu’elle rejoindra en quelques jours.
Après un survol à seulement environ 100 km de la surface lunaire, le vaisseau sera placé sur une orbite distante durant environ une semaine, et s’aventurera jusqu’à 64’000 km derrière la Lune – un record pour une capsule habitable.
Enfin, Orion entamera son retour vers la Terre, mettant à l’épreuve son bouclier thermique, le plus grand jamais construit. Il devra supporter une température moitié aussi chaude que la surface du Soleil en traversant l’atmosphère. L’amerrissage dans l’océan Pacifique est prévu le 11 décembre.
Nouvelle ère
Après la fusée Saturn V des missions Apollo, puis les navettes spatiales, SLS doit faire entrer la Nasa dans une nouvelle ère d’exploration humaine, cette fois de l’espace lointain. En 2024, Artémis 2 doit emmener des astronautes jusqu’à la Lune, toujours sans y atterrir. Un honneur réservé à l’équipage d’Artémis 3, en 2025 au plus tôt.
La Nasa envisage ensuite une mission par an, pour construire une station spatiale en orbite autour de la Lune, et une base sur son pôle sud. Le but est d’y tester de nouveaux équipements: combinaisons, véhicule, mini-centrale électrique, utilisation de l’eau glacée sur place… Le tout afin d’y établir une présence humaine durable. Cette expérience doit préparer un vol habité vers Mars, peut-être à la fin des années 2030.