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La Suisse en état d’urgence jusqu’au 19 avril

Quatre conseillers fédéraux viennent annoncer l'état d'urgence aux médias et à plus de 100'000 personnes suivant leur conférence de presse sur le Web. KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) L’épidémie de coronavirus pousse la Suisse à l’état d’urgence. Seuls les commerces de première nécessité restent ouverts. Le Conseil fédéral prend les commandes, sollicite l’armée et ferme les frontières.

Une réaction forte s’impose dans tout le pays, a déclaré lundi en fin d’après-midi devant les médias la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga. C’est le seul moyen de parvenir à surmonter cette crise. Ce n’est pas facile, mais il y a des moyens pour rester proches les uns des autres tout en gardant la distance.

Le gouvernement a qualifié la situation actuelle de « situation extraordinaire » au sens de la loi sur les épidémies, ce qui lui permet d’édicter des mesures nationales, c’est-à-dire identiques pour tous les cantons. Toute la Suisse attendait cette décision. Jusqu’à 110’000 personnes étaient connectées sur la chaîne youtube du Conseil fédéral.

Couper la chaîne de contamination

L’enjeu est de couper la chaîne de contamination et d’éviter une surcharge du système sanitaire. Au moins 2300 personnes ont été contaminées dans le pays et une vingtaine sont décédées.

Au prorata des habitants, la Suisse est le deuxième pays le plus touché au monde après l’Italie. Au moins sept nouveaux décès ont été signalés lundi: un premier cas fatal dans les cantons de Berne et de Zurich, un de plus, le huitième, au Tessin, deux de plus à Genève (3) et trois nouveaux décès à Bâle-Ville.

Davantage de dépistages

La Suisse change aussi sa stratégie dans les tests pour déterminer une infection au coronavirus, le jour où l’OMS appelle à en effectuer « un pour chaque cas suspect ». Ceux-ci vont être progressivement étendus aux personnes présentant des symptômes plus faibles, a indiqué Daniel Koch, responsable de division à l’OFSP. Quelque 2000 tests sont actuellement réalisés par jour.

La décision de déclarer l’état d’urgence intervient alors que les cantons étaient partis en ordre dispersé ce week-end, Tessin en tête.

Armée en soutien

Le Conseil fédéral met jusqu’à 8000 militaires au service du système de santé, de la logistique et de la sécurité jusqu’à fin juin. Du jamais vu depuis la 2e Guerre mondiale, selon la cheffe de l’armée, Viola Amherd.

Les 3000 militaires disponibles vont immédiatement être mis à disposition, au Tessin d’abord. L’armée pourra aussi décharger les corps de police cantonaux dans le domaine de la sécurité, apporter un soutien renforcé au niveau de la protection des ambassades, mais aussi aux frontières et dans les aéroports.

Comme à la frontière italienne, les contrôles seront rétablis aux frontières avec l’Allemagne, la France et l’Autriche. Les ressortissants suisses, les frontaliers et tous ceux qui disposent d’un permis de travail valable pourront continuer à entrer en Suisse. Le transit pur restera aussi possible.

Trafic public réduit

Le trafic frontalier a fortement diminué, de 88% au Tessin dimanche et 58% jusqu’à aujourd’hui midi. Pour l’ensemble de la Suisse, il s’agit d’une baisse de 28%, selon les douanes.

Le trafic public sera réduit. Les trains ne circuleront plus au-delà des frontières, a expliqué Mme Sommaruga.

Trois fois plus d’appels

Le passage au télétravail lundi a déjà un impact. Une partie des clients du réseau fixe et mobile de Swisscom a vu ses communications interrompues. En cause, le recours au télétravail qui a surchargé le système dès 09h00. Swisscom a enregistré trois fois plus d’appels que d’ordinaire sur son réseau mobile. Les volumes ont aussi massivement augmenté.

Les nouvelles mesures annoncées par le Conseil fédéral reçoivent un soutien quasi unanime, tant des patrons que des syndicats et des partis. l’USS demande une nouvelle fois que les salaires soient garantis et les emplois maintenus. Soutenant « sans réserve » le gouvernement, tous les partis appellent d’une même voix la population à appliquer les décisions prises.

Approvisonnement assuré

L’approvisionnement en médicaments et autres produits est assuré, a insisté le ministre de la santé Alain Berset, selon lequel il n’est pas nécessaire de faire des réserves. Un réflexe qui a été observé ces derniers jours dans de nombreuses grandes surfaces.

A Genève, l’entreprise familiale Firmenich va offrir prochainement 20 tonnes de gel hydroalcoolique aux Hôpitaux universitaires, aux établissements médicaux et aux services de secours du canton. Elle entend ainsi contribuer à la lutte contre l’épidémie de coronavirus.

Pas d’école: jour 1

Lundi, les parents terminaient tant bien que mal cette première journée de travail avec les enfants à la maison. Ces derniers devaient prendre leurs marques tandis que les professeurs les contactaient les uns après les autres par courriel pour leur donner du travail à faire à la maison.

Selon Alain Berset, les crèches ne pourront fermer que si une alternative est possible, à l’instar de ce qu’ont fait les cantons romands. A l’inverse, les parcs, les zoos et les marchés devront fermer.

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