Le Conseil fédéral tempère les propos d’Ignazio Cassis sur l’UNRWA
(Keystone-ATS) Le Conseil fédéral a rappelé vendredi que le soutien de la Suisse à l’Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) est légitime. Mais il est aussi du devoir de la Suisse, en tant que contributeur, de réfléchir sur l’avenir de cette organisation.
Le président de la Confédération s’est entretenu vendredi à ce sujet avec le chef du Département fédéral des affaires étrangères. Ignazio Cassis vient de se rendre au Proche-Orient afin de visiter un des camps de l’UNRWA en Jordanie en compagnie notamment du Suisse Pierre Krähenbühl, commissaire général de l’UNRWA.
Il ressort de l’échange entre les deux conseillers fédéraux « qu’il n’y a pas de changement dans la politique de la Suisse au Proche-Orient (…) en particulier pour le soutien à l’UNRWA, partenaire stratégique de la Suisse, qui joue un rôle essentiel pour la stabilité de la région et la lutte contre la radicalisation », a expliqué à l’ats le porte-parole du Conseil fédéral André Simonazzi.
Et d’ajouter que « la Suisse continuera à s’engager comme elle l’a fait jusqu’ici dans la réforme de l’UNRWA ». Selon le porte-parole, il est légitime que la Suisse, un des principaux contributeurs au budget de l’agence onusienne, s’implique dans les réflexions sur l’avenir de cette organisation.
Aide à double tranchant
Ce rappel intervient après les propos tenus jeudi par le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) qui s’interrogeait dans plusieurs médias alémaniques sur l’aide réelle de l’UNRWA qui, a ses yeux, pouvait constituer insidieusement également un obstacle à la paix au Proche-Orient.
Justifiant ses propos, M. Cassis avait indiqué que tant que les Palestiniens vivront dans des camps de réfugiés, ils caresseront le rêve de rentrer un jour dans leur patrie (…) et « qu’il est irréaliste d’imaginer un retour pour tous », sous-entendant que l’UNRWA entretenait cet espoir et que l’aide apportée sur place par cette agence maintenait dans un sens le conflit vivace.
M. Cassis privilégiait une intégration des réfugiés de longue date dans les pays où ils résident. Et plutôt que de soutenir des écoles et hôpitaux de l’UNRWA, la Suisse pouvait, selon lui, aider les institutions jordaniennes à encourager l’intégration des réfugiés.
La Suisse est le 8e plus gros donateur de cette agence. Cette année, sa contribution prévoit 21,2 millions de francs, selon le DFAE.
Pierre Krähenbühl défend l’UNRWA
A l’émission Forum de la RTS, Pierre Krähenbühl, le commissaire général de l’UNRWA, a défendu la pertinence de l’agence onusienne: « Il y a une population de 5,3 millions de personnes qui n’ont aucun horizon devant eux parce que la communauté internationale a échoué dans l’effort de résoudre le conflit entre Israël et la Palestine. Je pense que nous faisons partie des acteurs qui fournissons et préservons une base d’espoir et de perspective d’avenir. »
Interrogé sur une éventuelle « maladresse » de la part d’Ignazio Cassis, Pierre Krähenbühl répond diplomatiquement qu’il « reste ouvert au dialogue » avec le conseiller fédéral.