Le parti socialiste suisse doit concilier deux électorats
(Keystone-ATS) Le parti socialiste suisse attend près de 600 délégués ce week-end à Thoune (BE) pour débattre de son avenir. Depuis deux semaines, l’aile réformiste et l’aile syndicale s’affrontent via médias interposés en Suisse alémanique.
Un papier de position sur la « démocratie économique », soumis au congrès ce samedi, est jugée trop à gauche par des poids lourds alémaniques du parti. Les conseillères aux Etats Pascale Bruderer Wyss (AG) et Daniel Jositsch (ZH), la conseillère nationale Evi Alleman (BE) et le conseiller d’Etat fribourgeois Erwin Jutzet demandent le renvoi de ce papier de position.
Ce texte préconise d’édicter une loi pour permettre la représentation des salariés dans les organes de décision des entreprises, de favoriser les coopératives d’habitations et l’achat de terrain par des collectivités publiques. Il prévoit encore d’étendre le service public.
L’un des auteurs du papier, le conseiller Jean Christophe Schwaab (VD) se dit » surpris des réactions excessives. Je ne vois pas ce qu’il y a de radical dans le texte », a-t-il dit dans La Liberté et Le Temps. Son collègue au National Jacques André Maire (NE) considère lui que « ce programme est un grand classique ».
Feu aux poudres
Le président du parti Christian Levrat a mis le feu aux poudres en rentrant de son séjour aux Etats-Unis où il a observé le scrutin américain. Il a déclaré, dans une interview à un média alémanique, que « la seule réponse à la xénophobie est la lutte des classes ».
La direction du parti tout comme Christian Levrat ont essayé de tempérer le débat qui a suivi. « La lutte des classes est un concept daté, les catégories sociales ne sont plus aussi structurées. Mais je pense que les inégalités doivent être combattues avec des droits sociaux », a-t-il déclaré dans Le Temps. Le président, qui devrait être réélu ce week-end à Thoune, soutient le papier sur la « démocratie économique »: il le considère comme une réponse aux « dérives du capitalisme ».
Le débat entre les deux ailes du PS n’est pas seulement idéologique. Elle touche aussi à la stratégie du PS, qui doit concilier ses deux électorats traditionnels: celui des travailleurs et milieux populaires qui s’éloigne, attiré par une droite populiste, et la classe moyenne plutôt urbaine.
EEE 2.0 du PS
Le parti socialiste va encore se pencher sur un des points de la « feuille de route » en matière de politique européenne, adoptée à la Chaux-de-Fonds au printemps. Elle définit la manière dont la Suisse doit entrevoir ses relations à long terme avec l’Europe.
Cette « feuille de route » lance l’idée d’un « EEE 2.0 », un accord multilatéral qui se situerait entre les bilatérales et l’adhésion à l’Union européenne. Pour le PS, l’Europe est un thème incontournable cette année avec la mise en oeuvre de l’initiative contre l’immigration de masse.
Les délégués se prononceront enfin sur une réforme pour que le PS reste un parti formé de membres, capable de lancer une campagne. Une éventuelle participation financière plus importante des élus et des conseillers fédéraux sera à l’ordre du jour.
Les délégués prendront aussi position sur les trois objets soumis en votations fédérales le 12 février 2017: la réforme de l’imposition des entreprises (RIE III), le fonds pour les routes et le trafic d’agglomération (FORTA) et la naturalisation facilitée pour la 3e génération.