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Les forces aériennes suisses voleront sur le F-35A américain

Un F-35A de Lockheed Martin lors de ses tests d'évaluation à Payerne en juin 2019 (archives). KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) Les futurs avions de combat des forces aériennes suisses seront américains. Le Conseil fédéral a tranché mercredi en faveur des F-35A du constructeur Lockheed Martin. Le Parlement doit encore donner son aval.

Le gouvernement propose l’acquisition de 36 F-35A pour remplacer les 26 F-5 Tiger et les 30 F/A-18 vieillissants de l’armée. Il a en outre porté son choix sur cinq unités de feu Patriot produites par l’entreprise américaine Raytheon pour la défense sol-air de longue portée.

Le F-35A a largement dépassé les trois autres avions de chasse en lice lors des évaluations. Des conclusions étayées par l’étude d’un cabinet indépendant. Le jet américain présente le meilleur rapport qualité-prix et il n’y avait « aucune marge de manoeuvre pour des considérations politiques » au moment de la décision, a déclaré devant les médias la ministre de la défense Viola Amherd.

Lors des tests, le F-35A s’est à chaque fois détaché en affichant l’utilité globale la plus élevée. Il a obtenu 336 points, soit le score le plus élevé. La décision de l’acquérir plutôt que le Rafale du français Dassault, l’Eurofighter de l’européen Airbus ou le Super Hornet de l’américain Boeing, est juste et nécessaire, selon elle.

La Confédération ne signera le contrat d’acquisition qu’une fois que le Parlement aura donné son feu vert dans le cadre du programme d’armement 2022. Le 27 septembre dernier, les Suisses avaient dit « oui » aux nouveaux avions de combat, de justesse, par 50,1% des voix.

« Il n’y a pas d’alternative à l’achat de ces avions », a assuré le chef de l’armée Thomas Süssli. La situation sécuritaire est instable dans le monde entier et des conflits existent aussi aux portes de l’Europe.

Trois critères sur quatre

L’avion américain arrive en tête pour trois des quatre critères principaux: efficacité, support du produit et coopération. Il n’obtient pas le meilleur résultat dans le domaine des affaires compensatoires directes pour l’instant. Les Américains devront néanmoins compenser 60% de la valeur de la commande au plus tard quatre ans après la dernière livraison.

Le F-35A est aussi de près de 2 milliards de francs meilleur marché que le deuxième du classement. Les 36 jets coûteront 5,068 milliards de francs selon les offres de février 2021. Le prix se situe dans l’enveloppe de 6 milliards de francs que les Suisses ont acceptée en septembre dernier. Même avec le renchérissement, le cadre sera respecté, a affirmé Mme Amherd.

Bien que décriés, les coûts d’exploitation du F-35A se sont aussi révélés plus avantageux que ceux des autres avions. Ils se montent à 15,5 milliards de francs sur 30 ans.

Défense sol-air

Le système de défense sol-air de longue portée Patriot se distingue également par rapport à son concurrent SAMP/T dans les quatre critères principaux. Cinq unités seront nécessaires pour couvrir la défense de la zone de 15’000 kilomètres carrés, selon le chef de l’armée.

Patriot est aussi le moins cher. Il devrait coûter 1,970 milliard de francs. Ses coûts globaux s’élèvent à environ 3,6 milliards sur 30 ans, coûts d’exploitation compris. L’obligation de compensation pour le Patriot correspond à 100% de la valeur de la commande.

En marge du récent sommet à Genève avec son homologue russe, le président américain Joe Biden avait vanté auprès du président de la Confédération Guy Parmelin les mérites du F-35A, un avion monomoteur, furtif et multirôle.

Initiative annoncée

Le choix du F-35A ne fait toutefois pas l’unanimité. Une coalition composée du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), du PS et des Verts a déjà annoncé qu’elle lancera une initiative contre cet achat. Le F-35A présente des défauts techniques, dont certains peuvent même entraîner la mort du pilote, selon ses opposants.

Des critiques ont aussi été formulées sur l’accès aux données de sécurité. Le Conseil fédéral estime avoir tenu compte des dépendances technologiques du fabricant et du pays de fabrication. Cependant, il a été démontré que tous les candidats garantissaient l’autonomie nécessaire des données, fait-il valoir.

Le F-35A assure tout particulièrement bien la cybersécurité. Il garantit la cybergestion, la sécurité de l’architecture de calcul et les mesures axées sur la cyberprotection de manière exhaustive.

Comme tous les autres candidats, le F-35A permet à la Suisse de déterminer elle-même les données qu’elle veut échanger avec d’autres forces aériennes ou les données logistiques qu’elle veut renvoyer au constructeur. L’exploitation et la maintenance de l’avion seront effectuées en Suisse par les Forces aériennes et RUAG.

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