Plan climat lausannois: plus de voitures thermiques d’ici 2030
(Keystone-ATS) La Municipalité de Lausanne in corpore a dévoilé mercredi son Plan climat qui vise la neutralité carbone en 2050. Parmi les mesures phares proposées, la Ville veut bannir tout véhicule thermique de son sol d’ici à 2030.
Ce plan « 0% carbone 100% solidaire » était attendu depuis longtemps. Un travail de titan a été réalisé pour préciser les intentions de la Ville présentées en 2019, et identifier ses marges de manoeuvre, a déclaré le syndic Grégoire Junod devant la presse.
Alors que les émissions totales (directes et indirectes) de CO2 s’élèvaient à 13,9 tonnes par Lausannois en 2019, la Ville a défini trois leviers d’action principaux: la mobilité, l’énergie des bâtiments et la gestion des déchets, a-t-il relevé.
Changement de cap
Parmi eux, « la mobilité est à l’origine d’un quart des émissions directes de CO2. C’est donc un volet très important », a relevé la municipale Florence Germond, en charge de ce domaine. En 2015, les déplacements de la population étaient de 21% en transports en commun, 2% à vélo, 42% à pied, 35% avec un véhicule motorisé.
Les autorités envisagent « un profond changement de cap avec une diminution » de 50% des kilomètres parcourus en transport individuel d’ici 2030. La mobilité active sera privilégiée (+20% des km parcourus à pied, multiplication par sept de ceux effectués à vélo et par deux de ceux effectués en transports publics).
Quant à l’abandon de la voiture thermique à l’horizon 2030, Lausanne est la première à annoncer. Réduction de l’offre de stationnement, des possibilités de transit ainsi que d’autres incitatifs sont prévus, a relevé l’élue. Certes, il manque pour l’heure une base légale, mais la Ville va faire pression pour une évolution des conditions-cadres cantonales et fédérales.
Patrimoine bâti
« Pour éviter une fracture sociale en matière de mobilité », l’Exécutif prévoit dès 2021 la gratuité des transports pour les bénéficiaires des prestations complémentaires AVS AI, ainsi que l’extension des abonnements à moitié prix pour les jeunes en formation, a annoncé Oscar Tosato, directeur de la cohésion sociale.
Les autorités veulent également réduire l’empreinte carbone du patrimoine bâti d’environ 60%. Pour ce faire, le taux de rénovation passera de 1% à 3,3%, a expliqué Jean-Yves Pidoux en charge des Services industriels. Un plan de protection des locataires est prévu.
Chaleurs et arbres
Autre volet important, le traitement des déchets qui compte pour 20% dans les émissions directes de la Ville, a indiqué Pierre-Antoine Hildbrand, directeur de l’économie. Le plan veut les réduire de 15% d’ici 2050, mais aussi les utiliser pour alimenter le chauffage à distance.
« En terme d’adaptation au changement climatique, la mesure phare sera l’augmentation de 50% de la surface foliaire d’ici 2040 », a annoncé Natacha Litzitorf, municipale de l’environnement. D’autres mesures visant à améliorer la trame « brune, verte et bleue » de la ville sont proposées, telles que la désimperméabilisation des sols.
Plusieurs milliards
La Ville devra être exemplaire afin de montrer que ces changements sont possibles, a complété le municipal des écoles David Payot. Parmi les objectifs, il a cité une flotte zéro carbone, la rénovation des écoles et bureaux, des achats durables et le développement du photovoltaïque.
Reste que ce plan, qui vise à atteindre l’objectif fixé par l’Accord de Paris de zéro émission de CO2 en 2050 et qui coûtera plusieurs milliards sur trente ans, devra être accepté par la population. « Des processus participatifs seront lancés dès l’été 2021 », a annoncé Grégoire Junod. Les quelque 50 axes d’actions et plus de 150 mesures prévues feront l’objet de préavis spécifiques au Conseil communal.
Réactions mitigées
Pour les Verts, le document comporte de nombreuses démarches encourageantes. Cependant, l’objectif annoncé de neutralité carbone en 2050 n’est pas assez ambitieux au vu de l’urgence climatique. Il manque, pour l’heure, du financement nécessaire à sa réalisation, ont-ils réagi dans un communiqué.
Quant au PLR, il estime que la Municipalité confond vitesse et précipitation. « On ne peut que douter de la capacité de la Ville à mettre ce plan en oeuvre aussi rapidement au vu de sa capacité financière désastreuse et de sa dépendance à des lois fédérales dans certains cas, écrit-il.