PNR 73: 29 projets de recherche pour un avenir durable
(Keystone-ATS) Manger moins de viande et habiter dans des logements plus petits: arrivé à son terme, le Programme national de recherche « Economie durable » (PNR 73) débouche sur un livre blanc contenant diverses recommandations pour faire évoluer la société.
Les conclusions du PNR 73 « Economie durable: respectueuse des ressources, tournée vers l’avenir, innovante » ont été présentées mardi à Berne devant la presse. Les auteurs ont donné une vue d’ensemble du cadre politique ainsi qu’une série de recommandations pour accélérer la transition.
Au total, 29 projets ont été menés par 210 chercheurs. Ils abordent l’économie circulaire, la finance, le bâtiment et la construction, les villes et la mobilité, la sylviculture, l’agriculture et l’alimentation, la chaîne d’approvisionnement, le comportement durable ou encore la gouvernance.
Dans le secteur alimentaire, il a ainsi été démontré que le passage du régime à base d’aliments d’origine animale aux aliments d’origine végétale non seulement réduirait l’impact environnemental de 36% mais améliorerait aussi la santé tout en diminuant les dépenses.
Les scientifiques recommandent aussi la mise en place d’incitations en faveur de l’optimisation des ressources dans la construction et le logement. Les principaux leviers sont l’utilisation des énergies renouvelables dans les bâtiments ainsi que le recours accru aux matériaux secondaires tels que le bois.
Logements plus petits
En parallèle, il s’agit d’augmenter l’acceptation du passage à des surfaces d’habitation plus petites, en particulier dans la catégorie des personnes de 50 ans et plus. Les résultats mettent en évidence qu’un changement de mentalité de l’ensemble des acteurs est nécessaire.
« En moyenne, chaque habitant occupe aujourd’hui 51 m2 », a relevé Philippe Thalmann, de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). En 1990, ce chiffre était de 38 m2. Selon lui, il faut un moratoire sur les démolitions et privilégier la rénovation et la décarbonation du parc de constructions existant.
Le PNR 73 a permis de collaborer étroitement avec des partenaires du secteur privé et d’autres groupes d’intérêt. « Nous avons par exemple développé des modèles d’économie circulaire innovants et financièrement rentables, dans le secteur de la construction et avec les fabricants d’appareils, qui bouclent le cycle des ressources et concilient des objectifs à la fois économiques et écologiques », a relevé la co-présidente Regina Betz.
Economie forestière
Des scientifiques de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) ont pour leur part cherché à savoir quelles prestations compensatoires les propriétaires forestiers seraient prêts à fournir en échange d’une indemnisation, par exemple des mesures de protection de la nature en forêt mises en œuvre au lieu d’un reboisement après un défrichement forestier.
Cette solution est surtout attrayante pour les propriétaires de grandes forêts, par exemple les communes. Les propriétaires privés de petites parcelles ont plutôt refusé ce type de compensation. De même, la gestion forestière pour le stockage du carbone se heurte plutôt au scepticisme, selon leurs conclusions.
Il revient désormais à la politique de promouvoir ce processus par la transparence et l’encouragement des échanges, ainsi que la mise en place d’instruments financiers ad hoc. Le PNR 73 a été lancé mi-2016 avec un budget global de 20 millions de francs pour cinq ans.