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Un comité lance une initiative pour un moratoire sur l’e-voting

L'initiative veut débrancher la prise du vote électronique, comme l'ont illustré plusieurs membres du comité devant la presse. KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) Les opposants au vote électronique passent à la vitesse supérieure. Jugeant le système actuel pas sûr, ni transparent, un comité a lancé vendredi une initiative populaire qui réclame un moratoire.

Intitulée « pour une démocratie sûre et digne de confiance », l’initiative veut interdire l’e-voting au moins jusqu’à ce qu’il soit autant protégé contre des manipulations que le vote traditionnel à l’urne. L’Assemblée fédérale pourrait lever l’interdiction cinq ans au plus tôt après son introduction.

Mais seulement sous plusieurs conditions. Les étapes essentielles du vote devraient pouvoir être vérifiées par des électeurs sans compétences particulières, le vote doit correspondre à la volonté réelle des électeurs et ne pas avoir été influencé, les résultats partiels du vote électronique doivent être identifiés clairement et des recomptages fiables être possibles.

Il faut tirer la prise du vote électronique maintenant, ont défendu les représentants du comité qui réunit un large spectre de mouvements et partis. « Nous sommes des citoyens inquiets de la naïveté des autorités qui tentent d’établir le canal de vote électronique alors que la sécurité n’est manifestement pas garantie », a déclaré le président du comité, le conseiller national Franz Grüter (UDC/LU).

Système vulnérable

Ce n’est pas pour rien qu’une série de pays dont la France et l’Allemagne ont renoncé au vote électronique. En Suisse, Genève a jeté l’éponge en raison des coûts de sécurité et le Jura comme divers cantons alémaniques ont fait une croix sur le sujet.

Dès qu’un pays connecte des infrastructures critiques à Internet, un piratage est possible à chaque instant, a estimé Claudio Luck, de l’organisation de hackers Chaos Computer Club. Les attaques sont d’envergure et peuvent rester non détectées durant deux ans comme l’a prouvé le cas de l’entreprise d’armement Ruag.

Il est actuellement impossible de construire des ordinateurs non vulnérables. Tant qu’un enfant sera en mesure de perturber des plateformes de vote électronique, l’établissement de ce canal posera des problèmes infinis, a averti le spécialiste en informatique.

En jeu, selon le conseiller national Balthasar Glättli (Verts/ZH), rien de moins que la démocratie. Une élection doit déterminer un gagnant mais aussi convaincre un perdant de sa défaite. Si la confiance dans le résultat du scrutin n’est pas assurée, le fondement de la démocratie ne l’est pas non plus.

Citoyens exclus

Avec le vote électronique, la quasi-totalité des citoyens ne peuvent plus participer au dépouillement, faute de connaissances suffisantes en informatique, a complété l’ancien conseiller national Jean Christophe Schwaab (PS/VD). Ils doivent faire une confiance aveugle à une poignée d’experts et ne peuvent contester la légitimité d’un scrutin en cas de soupçon d’irrégularité.

Le comité se défend de toute hostilité technologique. Le vote par correspondance comporte aussi des risques de manipulation, mais pas à la même échelle. Avec le vote par Internet, une faille de sécurité peut être exploitée pour modifier des milliers de vote à la fois.

La situation n’est pas comparable à celle de l’e-banking, a expliqué la députée PLR au Grand Conseil zurichois Prisca Koller. La banque connaît les habitudes de son client et peut détecter un ordre suspect sur Internet. Les dommages d’un piratage se limitent en outre à la banque où un client.

Pas la peine

Le jeu n’en vaut de toute façon pas la chandelle. La possibilité de voter sur Internet n’a nulle part fait voter davantage de jeunes, a relevé Nicolas Rimoldi, chef de la campagne et membre des Jeunes PLR. A Genève, la participation aux scrutins a reculé en général malgré les essais de e-voting.

Une introduction à l’échelle nationale coûte par ailleurs très cher. Quelque 600 millions de francs, selon des chiffres attribués à l’ancienne chancelière de la Confédération Annemarie Huber-Hotz. Le gouvernement ferait mieux d’investir dans d’autres services numériques pouvant faciliter la vie des citoyens.

Le moratoire ne vise pas à empêcher les Suisses de l’étranger de voter, a relevé M.Grüter. L’actuelle procédure de vote électronique est compliquée et nécessite toujours l’envoi d’un courrier, elle peut donc subir les aléas postaux.

L’initiative doit stopper le Conseil fédéral. En décembre, il a ouvert une procédure de consultation pour ancrer l’exploitation de l’e-voting dans la loi. Dix cantons proposent actuellement la procédure en phase d’essai.

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