Un expert de l’ONU va décortiquer les flux financiers suisses
(Keystone-ATS) Les efforts helvétiques contre l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent et la corruption vont être décortiqués par un expert indépendant de l’ONU. Juan Pablo Bohoslavsky sera dès lundi en visite officielle en Suisse pour une dizaine de jours.
« L’Etat tout comme le secteur financier sont appelés à jouer un rôle important afin de contrer les répercussions négatives » des flux financiers illicites sur les droits humains, a affirmé vendredi l’expert sur la dette extérieure et les droits humains. Et de rappeler que la Suisse a gelé « un nombre significatif » d’avoirs volés ces dernières années, dont ceux de potentats étrangers.
M. Bohoslavsky salue aussi la nouvelle loi qui facilite le rapatriement des fonds. Il souhaite notamment analyser comment les droits humains sont associés aux accords internationaux d’investissement.
Ses conclusions et ses recommandations seront présentées dans un rapport au Conseil des droits de l’homme en mars prochain. Dans un document présenté mercredi au Conseil, le Genevois Jean Ziegler, vice-président du Comité consultatif de l’enceinte onusienne, appelait à encadrer davantage les activités des sociétés offshore.
FINMA visée par Ziegler
Il s’en prenait surtout aux banques suisses qui « continuent de bénéficier trop souvent d’une impunité ». Il mettait en cause l’efficacité de la législation contre le blanchiment d’argent.
M. Ziegler ciblait encore l’attitude de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA). Notamment sur ses déclarations en terme de procédures lancées ou de sanctions prises, souvent trop faibles pour être dissuasives selon lui. L’importance du secteur bancaire lui permet de ne « pas prendre au sérieux » ses obligations, affirmait aussi le Genevois.
Sur le rapatriement de fonds des potentats, des centaines de millions de dollars illicites restent gelés en Suisse. L’impact de la loi votée en 2015 pour faciliter la restitution d’avoirs bloqués lorsque l’entraide judiciaire n’est pas possible « reste à voir », explique son rapport.
Il considère comme controversée la possibilité de libérer des fonds en cas d’accord entre l’Etat affecté et le potentat. Selon lui, les autorités souhaiteraient restituer les avoirs, mais les banques ne contribuent pas.