Un Forum pour parler de droit voisin et d’éducation aux médias
(Keystone-ATS) Les responsables du Forum des médias romands (FMR) ont insisté jeudi à Lausanne sur la nécessité de collaborer au sein de la branche. Celle-ci milite notamment pour l’introduction d’un droit voisin et souhaite soutenir l’éducation des jeunes aux médias.
« Les médias doivent collaborer et réfléchir à leur avenir en tant que branche. Inventer de nouvelles formes de partenariat et d’échange devient essentiel », a souligné le directeur général du groupe ESH Stéphane Estival, par ailleurs président de Médias Suisses, l’association des éditeurs romands.
L’appel figure dans une vidéo présentée en ouverture de la 3e édition du FMR organisée au Musée olympique. Quelque 80 représentants de la presse écrite, en ligne et audiovisuelle ont répondu à l’invitation.
Christine Gabella, la déléguée de la direction pour la Suisse romande chez Tamedia, a aussi insisté sur la coopération. « Pour garder des entreprises fortes en Suisse romande et des rédactions indépendantes, nos médias romands ont certainement des projets à mener ensemble », a-t-elle relevé.
« Notre objectif est de refléter tout l’écosystème médiatique romand dans sa diversité. C’est pourquoi nous souhaitons fédérer tous les médias de Suisse romande, y compris les nouveaux arrivants sur le territoire », a insisté le directeur de la RTS Pascal Crittin.
Les géants du web à la caisse
Alors que le peuple suisse a balayé en février dernier un large paquet d’aide aux médias, ces derniers se concentrent désormais sur le dossier du droit voisin. Cette norme, comparable au droit d’auteur, permet aux éditeurs de réclamer des dédommagements aux plateformes comme Google ou Facebook pour l’utilisation de leurs contenus.
Le droit voisin a été intégré à la législation européenne en 2019 et le Conseil fédéral souhaite suivre cet exemple. Un projet est en train d’être élaboré par l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle (IPI). Une procédure de consultation devrait être lancée d’ici à la fin de l’année.
Le sujet a été exposé jeudi par Anne Peigné de Beaucé, responsable des affaires publiques du groupe CH Media. Pierre Petillault, le directeur de l’Alliance de la presse d’information générale (Apig), est pour sa part revenu sur les négociations qu’il a pilotées entre les éditeurs français et les géants du Web.
Ces tractations ont été couronnées de succès: en mars dernier, un accord a été annoncé entre l’Apig et Google, pour un montant non dévoilé, mais « significatif », a relevé Pierre Petillault.
Les jeunes et les médias
Cheval de bataille depuis le début du FMR, l’éducation des jeunes aux médias a également été largement évoquée jeudi. Une convention de collaboration dans ce domaine est d’ailleurs envisagée avec la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP), a annoncé Pascale Marro, secrétaire générale de la CIIP.
Ce projet s’inscrit dans la volonté de renforcer l’éducation numérique dans le Plan d’éducation romand (PER). Il couvre des activités telles que les ateliers sur les « fake news » organisés par la RTS dans plusieurs cantons romands. D’ici à fin 2022, pas moins de 27 classes auront participé à cette activité, ce qui représente un total de plus de 500 élèves.
Dans le cadre de son centenaire en 2021, l’Association de la presse valaisanne, en collaboration avec le service cantonal de l’enseignement, a également organisé une formation sur les fausses nouvelles, visitant l’ensemble des 150 classes de 10e du canton, soit pas moins de 3000 jeunes.
L’objectif est d’étendre le dispositif en Suisse romande, avec la poursuite des ateliers de la RTS et la mise à disposition de la brochure valaisanne dans toutes les classes romandes.
Un nouveau support pédagogique
Autre projet essaimant dans les cantons romands, radiobus.ch permet aux élèves de pratiquer le média radio. Quelque 2000 élèves ont profité de cette offre ces deux dernières années. Enfin, un groupe de travail au sein du FMR va produire un nouveau support pédagogique qui sera disponible sur un format numérique.
Une étude mandatée par le canton de Vaud et publiée récemment montre que ces efforts ne sont pas inutiles. Selon les auteurs, la grande majorité des jeunes s’informent via les réseaux sociaux, délaissant les médias traditionnels. Leur consommation de nouvelles liées à l’actualité y est passive et aléatoire et leur motivation à payer pour de l’information s’avère plutôt faible.
Une vision à long terme
Les fondateurs du FMR, lancé en 2019, veulent promouvoir une place médiatique romande diversifiée et forte. Cette plateforme a aussi l’ambition de devenir un centre de réflexion pour élaborer une vision à long terme des médias romands autour des contenus, de l’innovation, de la formation et de la recherche.
Le Forum est porté par la RTS, Médias Suisses, Communication Suisse (l’association faitière de la publicité et de la communication), Ringier Axel Springer Suisse, ainsi que par les associations des télévisions et radios régionales romandes.