Une pseudo-réforme de la prévoyance vieillesse qui n’apportera que des problèmes
(Keystone-ATS) La réforme de la prévoyance vieillesse soumise au peuple le 24 septembre ne mérite pas son nom. Elle n’apportera que des problèmes et ne stabilisera pas le système des retraites, ont dénoncé jeudi les opposants de droite réunis dans l’Alliance des générations.
Pour le comité de votation réunissant principalement le PLR et l’UDC, le projet « imposé au forceps par le centre et la gauche » rate ainsi complètement sa cible. Le supplément de rente AVS de 70 francs prévu pour tous les nouveaux rentiers reste particulièrement en travers de la gorge des opposants.
Pour eux, c’est une réédition « light » de l’initiative AVSplus qui voulait augmenter les rentes AVS de 10% pour tout le monde et que le peuple a rejeté l’an dernier. Au lieu d’assainir l’assurance, on creuse son déficit et créant une assurance à deux vitesses, ont fustigé tous les orateurs à Berne.
Injuste
Non seulement les actuels retraités n’auront pas droit aux 70 francs. Mais ils subiront encore de plein fouet l’augmentation de la TVA qui doit financer le projet, a expliqué l’ancien conseiller national Toni Bortoluzzi (UDC/ZH).
Selon le conseiller aux Etats Damian Müller (PLR/LU), le projet est tout aussi injuste pour les jeunes. Ils devront payer plus de TVA et gagneront moins en raison de cotisations salariales relevées. Les jeunes veulent bien contribuer au financement des vieux jours de ses parents, mais les sacrifices exigés dépassent les possibilités des personnes qui entrent dans la vie active, a assuré le trentenaire.
Avec la réforme, il manquera en outre 3 milliards de francs dans les caisses de l’AVS à l’horizon 2030. Il faudra donc revenir très vite une réforme qui risque de faire très mal. Et le Lucernois de brandir la menace d’une augmentation de 1,5 voire 2% des ponctions salariales, voire la retraite à 67 ans.
Les femmes que le projet en votation fera travailler jusqu’à 65 ans au lieu de 64 verront l’effet de ce sacrifice dissipé par l’extension de la rente AVS, a critiqué la sénatrice Karin Keller-Sutter (PLR/SG). Elles apporteront 1,2 milliard au pot de l’AVS, mais le bonus de 70 francs coûtera 1,4 milliard de francs.
Il aurait mieux valu cibler ce soutien à destination des plus faibles. En l’Etat, certaines personnes touchant des prestations complémentaires n’y auront plus droit en raison du relèvement de l’AVS.
Aumône hypocrite
Les 70 francs qui peuvent être bienvenus pour les paysans sont une « aumône hypocrite », a relevé Jean-Pierre Grin (UDC/VD). Agriculteur lui-même, le conseiller national a estimé qu’il valait mieux agir au niveau des prix pour garantir les retraites des paysans.
En attendant, le paquet augmentera les charges administratives liées à la prévoyance professionnelle. Les entreprises indépendantes et les PME ne doivent pas compter sur une simplification du 2e pilier. Beaucoup de rentiers actifs seront aussi déçus car l’actuelle franchise de cotisations AVS jusqu’à 16’800 francs doit disparaître.
Pas de plan B
Le peuple doit donc refuser le projet dans les urnes le 24 septembre. Il y aura assez de temps pour concocter une alternative qui assure durablement le système des retraites, ont affirmé les orateurs. Interrogée sur la suite en cas de victoire, l’Alliance des générations n’avait toutefois pas de plan B à présenter à la presse.
Sur son site, elle estime qu’il faudra abandonner le principe de l’arrosoir et s’en tenir aux « mesures centrales et pratiques incontestées »: l’harmonisation de l’âge de départ à la retraite, un financement supplémentaire de l’AVS modéré et la baisse du taux de conversion minimal (du capital de 2e pilier en rente) avec une compensation socialement acceptable.
« Il est possible de mettre tout cela en œuvre rapidement et de manière digeste, sans mélanger les différents piliers dans un paquet complexe », assurent les opposants. Selon eux, cela pourrait être appliqué efficacement dès 2020 ou 2021.