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Le président vénézuélien propose à l’opposition de dialoguer

Jeudi matin, certaines zones de Caracas étaient quasiment désertes, jonchées de barricades et de décombres, au lendemain de la première journée de grève générale de 48 heures à l'appel de l'opposition. KEYSTONE/AP/ARIANA CUBILLOS sda-ats

(Keystone-ATS) Le président vénézuélien Nicolás Maduro a proposé jeudi, au deuxième jour d’une grève générale, un dialogue à ses adversaires avant l’élection contestée dimanche de l’assemblée constituante. La situation explosive a fait au moins cinq nouveaux morts.

« Je propose à l’opposition politique vénézuélienne qu’elle abandonne le chemin de l’insurrection (…) et que nous instaurions dans les prochaines heures, avant l’élection et l’installation de l’assemblée constituante, un cadre pour dialoguer », a déclaré le chef de l’Etat. Il a toutefois affirmé son projet de modifier la constitution irait jusqu’au bout.

« L’opposition a intérêt à accepter cette proposition », a prévenu le président socialiste devant des milliers de sympathisants réunis dans le centre de Caracas.

Face aux appels répétés du chef de l’Etat à négocier, les antichavistes (du nom d’Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013) exigent avant tout des élections générales. Ils n’ont pas encore répondu à cette offre.

Plus de 100 morts

En 48 heures de grève générale contre le scrutin de dimanche, au moins cinq personnes ont trouvé la mort dans des manifestations. Ces décès portent à 108 le nombre de morts depuis le début des manifestations contre M. Maduro au début avril.

Dans la ville de Caracas en partie paralysée et jonchée de barricades et de décombres, de nouveaux incidents ont opposé manifestants et forces de l’ordre. Les gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc et arrestations ont répondu aux cocktails Molotov et projectiles.

Défiant l’interdiction de manifester décrétée par le gouvernement, l’opposition a appelé jeudi à défiler vendredi dans tout le pays contre le projet de constituante. « Les rues du Venezuela appartiennent au peuple, pas à la dictature », a lancé sur Twitter la coalition de l’opposition, la table de l’unité démocratique (MUD).

Les contrevenants risquent de cinq à dix ans de prison, a prévenu le ministre de l’intérieur, le général Nestor Reverol.

Assemblée constituante

Les antichavistes tentent à tout prix d’empêcher la désignation dimanche des 545 membres d’une assemblée constituante voulue par le président, accusé par l’opposition de vouloir réécrire la constitution à son profit.

L’appel à la grève a été suivi à 92% dans le pays au cours des 24 premières heures, s’est félicitée la MUD, à l’origine du mouvement. Du côté gouvernemental, on assure que la grève est un échec.

Les principales centrales syndicales ont apporté leur soutien à la mobilisation. Signe de la paralysie d’une partie du pays, des magasins fermés étaient visibles à Caracas, où les longues voies rapides paraissaient presque vides.

M. Maduro fait face depuis plus de quatre mois à des manifestations quasi quotidiennes pour réclamer son départ, mais le chef de l’Etat, dont le mandat s’achève en janvier 2019, a réaffirmé sa détermination de mener à bien son projet.

« La constituante va protéger toutes les réussites du processus révolutionnaire (…) Dimanche, nous serons dans l’oeil du cyclone et nous démontrerons au monde que le peuple du Venezuela (…) dira oui à la constituante », a déclaré à l’AFP Jelitza Gonzalez, habitante de la banlieue de Caracas.

Suspendre la démocratie

« C’est l’atout majeur, le va-tout d’un gouvernement qui, pour se maintenir au pouvoir, doit suspendre la démocratie », juge l’analyste Colette Capriles.

L’opposition boycottera cette élection, dernier rebondissement de la violente crise politico-économique qui secoue le Venezuela depuis la victoire des antichavistes à la fin 2015 aux législatives.

L’opposition voit dans ce projet de réécrire la constitution un moyen pour M. Maduro de se cramponner au pouvoir, de contourner le Parlement élu, où elle est majoritaire, et d’éviter la présidentielle de fin 2018.

Quelque 70% des Vénézuéliens sont opposés à la constituante et 80% rejettent la gestion de M. Maduro, selon l’institut de sondage Datanalisis.

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