Travail forcé: un tribunal chinois va instruire une plainte
(Keystone-ATS) Des Chinois contraints de travailler dans des usines et mines durant la Seconde Guerre mondiale ont été entendus. Pour la première fois, un tribunal pékinois va instruire une affaire visant deux entreprises japonaises. Les plaignants réclament d’être dédommagés.
« Nous avons été avisés que le tribunal acceptait d’instruire » ce dossier, a souligné à l’AFP une de leurs avocats, Kang Jian. Les précédentes tentatives de lancer une telle procédure judiciaire en Chine avaient jusqu’à présent toutes échoué.
Des 40 plaignants, deux ont eux-mêmes été soumis au travail forcé lors de l’occupation japonaise. Les 38 autres représentent un membre de leur famille aujourd’hui décédé.
Les deux entreprises visées par la plainte, déposée fin février, sont Mitsubishi Materials Corp. et Nippon Coke & Engineering, anciennement connue sous le nom de Mitsui Mining.
Les plaignants leur réclament eux des dommages et intérêts à hauteur de 1 million de yuans (environ 142’000 francs) pour chacun des travailleurs. Ils demandent aussi des excuses publiques imprimées dans des journaux chinois et japonais.
Pénurie de main-d’oeuvre
Le Japon, dont les forces armées avaient envahi la Chine à la fin des années 1930, avait forcé des dizaines de milliers de Chinois à travailler dans des usines et mines. Cette mesure avait été prévue pour remédier à la pénurie de main-d’oeuvre en plein conflit mondial.
Cette plainte, devant une justice chinoise qui reste sous l’étroit contrôle des autorités, est intervenue alors que s’intensifient les tensions entre Pékin et Tokyo. Elles sont attisées par une querelle de souveraineté sur un archipel en mer de Chine orientale.
Indemnités de guerre
Selon le gouvernement nippon et la Cour suprême japonaise, le droit de demander des compensations pour les préjudices subis lors de la guerre n’existe plus pour les citoyens chinois depuis « le Communiqué commun » adopté en 1972.
Dans ce document, le gouvernement chinois reconnaissait « renoncer à demander au Japon des indemnités de guerre, dans l’intérêt de l’amitié entre les peuples des deux pays ». Les tribunaux japonais ont eux-mêmes rejeté de nombreuses plaintes chinoises sur la question du travail forcé.