Un accueil spécifique pour les personnes touchées par l’autisme
(Keystone-ATS) Le CHUV a mis sur pied un dispositif d’accueil spécifique pour les personnes avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) et/ou avec une déficience intellectuelle. Cette structure vise à anticiper la venue à l’hôpital, afin de rendre l’expérience plus facile tant pour le patient, que pour son entourage et le personnel soignant.
« A priori, l’environnement hospitalier est angoissant et n’est pas conçu pour ces patients neuro-atypiques. Les procédures de soins sont mal comprises et parfois intrusives, le cadre est bruyant et les temps d’attente sont mal supportés », a expliqué le Dr Vincent Guinchat, médecin-chef au Service des troubles du spectre de l’autisme et apparentés, jeudi, lors de la présentation du dispositif aux médias, en présence de la conseillère d’Etat Rebecca Ruiz.
Désormais, le porteur d’un TSA, ses proches ou ses médecins peuvent contacter des infirmières spécialement formées, avant toute hospitalisation ou rendez-vous ambulatoire. Ces « interlocutrices compétentes » vont alors examiner les besoins du patient, planifier son séjour ou sa consultation et faire le lien avec les soignants concernés.
Eviter les surprises
« La prédictibilité est un facteur-clé pour la prise en soins des patients porteurs d’un TSA », a souligné Maxime Moulin, infirmier-chef au Service des troubles du spectre de l’autisme et apparentés et chef du projet. Dans cette optique, une seule infirmière s’occupera toujours du même patient. Elle pourra se déplacer au domicile de celui-ci ou assister à la consultation.
Dans le cadre d’une préparation à une IRM par exemple, l’infirmière pourra faire voir l’appareil au patient au préalable, ou, dans le cas d’une prise de sang, expliquer dans le détail le déroulement de la procédure. Un tel travail en amont doit permettre d’éviter des narcoses, parfois nécessaires autrement. Des pictogrammes peuvent également être utilisés pour des patients non-verbaux.
Si le dispositif consiste en une sorte de « boîte à outils » destinée à limiter l’impact psychique de la venue à l’hôpital chez le patient TSA, il est également bénéfique pour les soignants. « Les comportements atypiques de ces patients peuvent générer un sentiment de stress et d’incompétence chez les professionnels », a relevé Vincent Guinchat.
Soulagement pour les proches
L’Association autisme Suisse romande a salué le dispositif et dit son « grand soulagement ». « Pour les familles et les proches, il est pénible de devoir expliquer à chaque soignant les difficultés de l’enfant. D’autant plus que lorsque la visite n’est pas préparée, il faut souvent reprogrammer le rendez-vous », a expliqué sa co-présidente Isabelle Steffen. « J’espère que d’autres établissements feront de même », a-t-elle conclu.
La structure, financée à hauteur de 270’000 francs par la Fondation CHUV et de 290’000 francs par la Fondation philanthropique NEXT, a été lancée en juin 2023. Elle a depuis répondu à une centaine de sollicitations. Des réflexions sont en cours pour aménager un tel dispositif au Service des urgences.