Une dénonciation pénale ajoute au trouble suscité par l’affaire Maudet
(Keystone-ATS) Le tumulte politique causé par le voyage controversé du conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet à Abu Dhabi, en 2015, a poussé le responsable d’une petite entreprise de travaux à sortir du bois et à communiquer certains faits à la justice genevoise.
Une dénonciation pénale a été envoyée en début de semaine au Ministère public, déclare samedi Pierre Bayenet, l’avocat de ce patron de PME, confirmant des informations de Radio Lac. Cette dénonciation évoque deux soirées qui auraient en partie été offertes à Pierre Maudet dans un restaurant du quartier des Grottes.
L’un de ces événements aurait été organisé par une personne active dans le domaine de l’immobilier, proche de Pierre Maudet. Il s’agissait de marquer le lancement du restaurant. Selon l’auteur de la dénonciation, cette fête était « en lien avec la délivrance rapide de l’autorisation d’ouvrir l’établissement ».
Le patron de PME parle également, dans sa dénonciation, de la célébration, dans ce restaurant, de l’anniversaire de Pierre Maudet, en 2017. Selon lui, les 4000 francs dépensés pour la soirée ont été versés par la société de cet entrepreneur genevois, aussi soupçonné d’avoir participé à la mise sur pied du fameux voyage aux Emirats.
L’auteur de la dénonciation indique par ailleurs avoir été sollicité par ce même homme d’affaires, pour une contribution financière. Le petit patron dit avoir versé 5000 francs. Cet argent aurait pu servir, selon lui, à financer un sondage pour le compte de Pierre Maudet ou des frais de campagne du conseiller d’Etat.
Cette dénonciation ne vise pas des personnes en particulier, mais se contente d’exposer des faits, souligne M. Bayenet. L’avocat précise que son client n’a pas encore été interrogé par le Ministère public genevois. Par sa démarche, ce responsable de PME entend juste se couvrir vis-à-vis de la justice.
Pierre Maudet rejette tout
Samedi, la Tribune de Genève a publié la réponse de Pierre Maudet à ces faits, que le conseiller d’Etat a envoyée dans un courriel au journal daté du 21 juin. Le magistrat précise ses liens avec l’entrepreneur cité dans la dénonciation. Il évoque des relations « de nature purement amicales » et antérieures à son accession au gouvernement.
« Je n’ai jamais été sollicité par lui pour octroyer une faveur ou un avantage dans un dossier le concernant , à plus forte raison dès lors que nos domaines d’activités professionnelles ne se recoupent en principe pas », écrit le conseiller d’Etat. Le magistrat réfute aussi tout financement de campagne par cet ami.
L’affaire du voyage de Pierre Maudet à Abu Dhabi a changé de dimension, jeudi, quand la justice genevoise a annoncé son intention de poursuivre le conseiller d’Etat pour acceptation d’un avantage. Le Ministère public a saisi formellement le Grand Conseil genevois afin qu’il lève l’immunité dont bénéficie le magistrat.
Pas avant dix jours
Cette levée d’immunité, sollicitée d’ailleurs par Pierre Maudet lui-même, devrait être discutée lors d’une séance extraordinaire du Parlement. Les 30 signatures de députés requises pour organiser une telle séance ont déjà été récoltées, indique samedi Alexandre de Senarclens, le président du PLR Genève.
Selon lui, la session extraordinaire pourrait avoir lieu dans la semaine du lundi 10 septembre. La commission législative du Grand Conseil doit en effet tout d’abord entendre Pierre Maudet sur cette levée d’immunité et elle ne se réunira pas avant vendredi prochain, rappelle M. de Senarclens.