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UNIGE: une carte planétaire des morsures de serpents

On compte chaque année cinq millions de morsures de serpent (ici un mamba vert), avec à la clé 125’000 décès et 400’000 survivants subissant parfois d’importantes séquelles (archives). KEYSTONE/EPA/NIC BOTHMA sda-ats

(Keystone-ATS) Une équipe internationale avec participation genevoise a établi une carte planétaire des morsures de serpents venimeux. Objectif: identifier les zones où les personnes sont les plus vulnérables.

Faisant davantage de victimes qu’Ebola, les envenimations par morsure de serpents sont reconnues par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme maladies tropicales négligées depuis juin 2017.

François Chappuis, professeur à l’Université et aux Hôpitaux universitaires de Genève, y voit une opportunité: « Grâce à cela, les pays membres de l’OMS concernés bénéficieront d’une feuille de route pour lutter contre cette maladie et faciliter l’accès aux anti-venins », explique-t-il vendredi dans un communiqué.

De manière générale, les zones les plus touchées sont l’Asie du Sud, l’Afrique centrale et de l’Ouest, l’Amérique du Sud et centrale, puis l’Océanie.

Afin de pouvoir établir quelles régions sont les plus vulnérables, c’est-à-dire où les traitements sont les plus difficiles d’accès, les chercheurs ont effectué une modélisation de la distribution géographique des 278 espèces de serpents dangereuses recensées par l’OMS.

Ils ont ensuite croisé ces données avec la distribution géographique des personnes vulnérables en prenant en compte trois critères: l’accès aux soins en termes de temps de transport, la qualité des soins au niveau national et la disponibilité de soins spécialisés (anti-venins).

Trois cartes

Ce modèle permet d’établir trois cartes mettant en exergue les zones où les individus sont les plus vulnérables. La première reprend la diversité des espèces de serpents dangereuses à une résolution de 5×5 km. La deuxième relève le temps nécessaire pour se rendre à la ville la plus proche.

La dernière carte délimite les zones de vulnérabilité, c’est-à-dire celles où la population est en présence de serpents venimeux, loin des villes, et avec une qualité des soins faible.

Les résultats soulignent d’importantes zones vulnérables en Afrique centrale et en Asie, notamment les zones rurales et en savane, éloignées des centres hospitaliers tout en étant proches des zones d’habitat des serpents.

Les serpents les plus dangereux au monde vivent en Australie. Mais étant éloignés des espaces occupés par l’homme, les cas de morsures sont rares et la moyenne de décès se situe à une victime par an.

Pointe de l’iceberg

Les cinq millions de morsures de serpents, 125’000 décès et 400’000 survivants subissant d’importantes séquelles chaque année ne sont que la pointe de l’iceberg. Bon nombre de victimes n’atteignent jamais un centre de soins et ne sont donc pas recensées.

C’est pourquoi les chercheurs de l’UNIGE et des HUG ont obtenu récemment un financement du Fonds national suisse afin de développer une étude épidémiologique, nommée snake-bYte, permettant de prédire et de réduire l’impact des morsures sur l’humain et l’animal, en commençant par recenser toutes les données communautaires du Népal et du Cameroun.

« Ces données, transmises par les communautés elles-mêmes, permettront de compléter celles des hôpitaux et de révéler le nombre réel de victimes », conclut le Pr Chappuis.

Ces travaux étaient menés par les Universités d’Oxford (GB) et de Washington à Seattle (USA). Ils sont publiés dans la revue britannique The Lancet.

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