USS: les hausses de salaires mangées par le renchérissement
(Keystone-ATS) Les hausses des salaires en Suisse sont grignotées par la hausse des loyers, des primes maladie et de la fiscalité, relève l’Union syndicale suisse. Les classes moyennes et modestes sont en première ligne tandis que les plus aisés voient leurs privilèges s’envoler.
La croissance économique doit bénéficier aux salairiés ordinaires, a souligné Paul Rechsteiner, président de l’USS, jeudi devant la presse en présentant le Rapport 2018 de l’USS sur la répartition des salaires, des revenus et de la fortune en Suisse. Une hausse des salaires, une meilleure prévoyance retraite et des mesures contre la hausse des primes maladie sont quelques-uns des moyens préconisés par le syndicat.
« Les bas salaires ont nettement augmenté depuis la fin des années 90. Et ce contrairement à ce qui s’est passé dans de nombreux pays européens ». Les conventions collectives, plus nombreuses, ont joué un rôle certain.
Malgré la crise financière et la surévaluation du franc, les salaires ont même globalement progressé. Mais les salaires élevés et très élevés ont augmenté de manière disproportionnée.
Aujourd’hui, la Suisse compte environ 14’000 personnes avec une rétribution de plus d’un demi-million de francs. Dans les années 1990, elles n’étaient que 3000.
Le pour-cent le plus riche
Un fossé s’est creusé entre les différentes classes : en dix ans, la part du pour-cent le plus riche à la fortune globale a augmenté de 6% à 42%. La Suisse occupe ainsi une place au sommet du classement en matière d’inégalité de fortune.
Pendant ce temps chez les salariés moyens et modestes, les hausses ont été moins généreuses pour les personnes de 55 ans et plus. Et lorsque les salaires font du surplace, les cotisations stagnent. A l’âge de la retraite, les plus de 55 ans seront donc les plus grands perdants des baisses du taux de conversion.
Les femmes continuent aussi d’être pénalisées. L’écart salarial a diminué, mais demeure considérable à 17%.
Plus largement, les hausses de salaires de la classe moyenne et modeste ont été mangées par la hausse des loyers et des primes maladie. Ces vingt dernières années, les primes ont enflé de 115%, mais les réductions accordées seulement de 32%.
Limite aux primes
En 1996, lors de l’introduction de la nouvelle loi sur l’assurance-maladie, l’exigence politique voulait que les ménages ne dépensent pas plus de 8% de leur budget pour les primes. Mais on en est très éloigné. Pour l’USS, une charge de maximum 10% du salaire est un but plus réaliste.
Et le syndicat de renvoyer vers l’initiative pour un frein aux coûts de la santé du PDC, lancée mi-octobre. Le texte demande que la croissance des coûts de la santé, et par là les primes, ne soit pas plus forte que la croissance de l’économie et des salaires.
La fiscalité a encore eu la main lourde sur les classes moyennes et modestes. « Durant les quinze à vingt années écoulées, la politique suisse en matière d’impôts et de dépenses obligatoires a été conçue en faveur des classes privilégiées, alors que les ménages aux revenus bas et moyens étaient taxés beaucoup plus lourdement », constate Daniel Lampart, économiste à l’USS.
Pour limiter la casse, l’USS préconise une dizaine de mesures. La plus importante est une hausse des salaires de 2 à 2,5%, avec une primeur accordée aux collaborateurs de longue date et aux femmes. Grâce à une croissance consolidée depuis 2016, la situation actuelle est idéale pour négocier cette hausse, a relevé Vania Alleva, présidente du syndicat Unia.
La faîtière préconise encore un 13e salaire pour tous, un plafonnement des salaires à 500’000 francs par an dans les entreprises publiques et une correction des baisses d’impôts cantonaux accordées aux revenus élevés.