Vaud: le « snowfarming » fait une percée à la Vallée de Joux
(Keystone-ATS) A la lisière de la forêt du Risoud, l’or blanc compte survivre à l’été. Sous sa bâche, la neige va patienter jusqu’aux compétitions de ski de fond des Jeux olympiques de la jeunesse 2020. Le « snowfarming » fait une percée à la Vallée de Joux.
« On nous garantit 30% de perte au maximum quelle que soit la chaleur de l’été », lance avec le sourire Yves Golay, employé de la commune du Chenit (VD). Responsable du « snowfarming », il explique les avantages et les risques de cette solution de stockage de neige qui doit permettre de traverser la période estivale et démarrer la saison d’hiver sans trop de soucis par rapport à la météo.
Anticipation nécessaire
Sur fond vert sapin à 1100 m d’altitude, avec la dent de Vaulion à l’horizon, la grosse bosse de 9 mètres de haut intrigue aux Grandes-Roches. Surtout que la neige a complètement disparu alentour et que les randonneurs commencent à sillonner le Risoud. Tout le monde pense soleil et pique-nique.
Pourtant, le compte à rebours est enclenché: les 18 et 19 janvier 2020, l’endroit verra renaître les compétitions de ski de fond à la vallée lors des Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ 2020). Et pour garantir le déroulement des épreuves, la solution du « snowfarming » est essayée pour la première fois en Suisse romande.
Procédé en vogue
A Davos, Adelboden, Lenzerheide, mais aussi en France voisine, sans même parler des pays nordiques, le système se pratique déjà régulièrement, avec de la neige naturelle ou artificielle. De l’autre côté de la frontière, la station des Tuffes, au-dessus des Rousses, est même très expérimentée, note Yves Golay.
Le centre français participera aussi aux JOJ 2020 avec les épreuves de biathlon, de combiné nordique et de saut à ski. Depuis 2009, le « snowfarming » y est utilisé. En hiver 2017-2018, pas moins de 15’000 m3 de neige avaient été « mis de côté », avec, finalement, 12’000 m3 récupérés pour une épreuve de Coupe du monde de saut à ski féminin.
La station du Grand Bornand (Haute-Savoie) doit par exemple garantir le stockage de 16’000 m3 de neige pour obtenir l’autorisation d’une épreuve de la Coupe du monde. La capacité a finalement été portée à 40’000 m3 afin de pouvoir pré-enneiger 10 à 12 kilomètres de pistes.
Neige compacte
Aux Grandes-Roches, ce sont quelque 9000 m3 de neige de culture qui ont été préparés, fraisés le plus compact possible et mis sous bâche. « Il faut éviter au maximum les trous d’air à l’intérieur », précise Yves Golay. Le but est simple: pouvoir préparer « en théorie » 2,5 km de piste d’une épaisseur de 40 à 50 cm sur 5 m de large.
« De toute façon, mi-novembre, on étale », remarque le responsable. Bien sûr, l’idéal serait un hiver froid et enneigé, mais lorsqu’on se lance dans certaines compétitions, il faut assurer. Avec une piste dont la plus longue boucle fera 3,3 km, cette réserve d’or blanc pourrait devenir vitale.
Une première
Avec ses flancs pentus, la grosse bosse des Grandes-Roches ne se prêtait finalement pas à l’usage de la sciure pour protéger la neige, comme c’est le cas aux Tuffes. Vingt-deux rouleaux de bâches italiennes recouvrent ainsi la masse bien blanche sur 1400 m2 de surface.
Pour l’heure, c’est une expérience liée uniquement aux JOJ 2020, raconte Yves Golay. La réflexion se poursuit néanmoins pour éventuellement pérenniser le procédé. Le cas échéant, un lac artificiel de 4000 m3 devrait être aménagé à proximité afin de pouvoir collecter et puiser l’eau nécessaire. Et non pas la prendre sur le réseau, comme cela a été le cas pour cette première.
Trouver un consensus
Surveillés de près par les écologistes et protecteurs de la nature, les organisateurs n’ont pas pris de décision. Un nouveau plan partiel d’affectation (PPA) devrait être déposé après la manifestation olympique pour redynamiser le ski de fond à la vallée avec des installations adaptées. Autant dire que l’expérience des Grandes-Roches est suivie avec attention.