A l’ONU, la Suisse joue à fond la carte de la paix
Devant le Conseil de sécurité, la Suisse plaide pour l'épuisement de tous les moyens pacifiques avant le recours à la force contre l'Irak.
A Berne, le gouvernement réaffirme qu’une 2e résolution de l’ONU autorisant l’emploi de la force est indispensable.
«Le recours à la force ne saurait intervenir qu’après épuisement de tous les moyens pacifiques pour trouver une solution à la crise».
C’est en ces termes que le représentant adjoint de la Suisse à l’ONU, Pierre Helg, s’est exprimé, mercredi à New York, devant le Conseil de sécurité des Nations unies lors d’un débat sur la question irakienne.
«Le moment de prendre une telle décision n’est pas encore arrivé. Il demeure une chance de réaliser sans violence les objectifs de la résolution 1441 et de contenir le danger que représentent les armes interdites en Irak», affirme Pierre Helg.
Bagdad détient la clé de la solution
Le diplomate suisse fait remarquer que l’ONU peut notamment «renforcer le régime des inspections».
Et si cette option échoue, la Suisse reste légaliste jusqu’au bout. «En tout état de cause, l’emploi de la force doit être autorisé par une résolution du Conseil de sécurité», rappelle Pierre Helg.
Cela dit, la Suisse n’épargne pas l’Irak. «Ce pays détient la clé de la solution de cette crise».
Jusqu’ici, déplore Pierre Helg, le gouvernement irakien n’a pas donné de «signe clair de bonne volonté» et «n’est pas parvenu à dissiper le soupçon qu’il détient encore des armes de destruction massive».
En conclusion, le représentant réaffirme devant le Conseil de sécurité de l’ONU que la Suisse «reste disponible pour tout nouvel effort auquel elle pourrait contribuer au service de la paix».
Espace aérien helvétique
Par ailleurs, l’ambassade des Etats-Unis à Berne a présenté le 13 février dernier une demande de survol du territoire suisse «pour les mois à venir».
«Telle qu’elle a été formulée, et étant donné qu’elle n’est pas limitée dans le temps, la requête des Etats-Unis ne peut être acceptée», explique le porte-parole du gouvernement fédéral.
«Sans une nouvelle résolution du Conseil de sécurité autorisant l’emploi de la force, ajoute Achille Casanova, une intervention militaire des Etats-Unis ou d’une coalition d’Etats contre l’Irak sera considérée par la Suisse comme un conflit armé entre Etats».
Pour sa part, l’ambassadeur Blaise Godet explique qu’ «en cas de résolution du Conseil de sécurité qui appuierait le recours à la force, aucun Etat membre de l’ONU ne doit empêcher inutilement la résolution de s’accomplir. Mais, ajoute-t-il, cela ne veut pas dire que l’on puisse forcer les Etats à accorder un droit de survol.»
«Les Américains savent que la Suisse est un pays neutre. Je ne crois pas qu’une réponse négative de notre part pourrait porter sérieusement préjudice à nos bonnes relations. Certainement pas», estime le chef de la Direction politique du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
Et si le Conseil de sécurité devait autoriser une intervention militaire, déclare en outre le porte-parole gouvernemental, le Conseil fédéral décidera au cas par cas s’il autorise le survol de notre territoire».
Saddam Hussein persona non grata
En outre, le Conseil fédéral a décidé mercredi une interdiction d’entrée à l’encontre de Saddam Hussein, de ses proches et des membres des forces dirigeantes qui se sont rendus coupables de violations des droits de l’homme, même si rien ne laisse penser qu’ils cherchent refuge en Suisse.
«Un tel accueil en Suisse est indésirable», affirme Achille Casanova.
swissinfo avec les agences
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