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ABB fait une percée dans l’affaire de l’amiante

Certains des plaignants sont des employés contaminés dans les années 70. Keystone Archive

La justice américaine a avalisé lundi le projet de règlement du contentieux entre ABB et 103 000 plaignants portant sur 1,2 milliard de dollars.

Ce coup de pouce permettra à Jürgan Dormann de poursuivre le rétablissement du groupe helvético-suédois.

Selon la défense du groupe helvético-suédois, la juge Judith Fitzgerald a posé comme condition un complément d’information concernant deux filiales du groupe.

A Zurich, la maison-mère ne cache pas sa satisfaction. Le porte-parole Wolfram Eberhardt a notamment déclaré à swissinfo: «Nous sommes convaincus que l’information sera fournie rapidement et donc que la justice pourra finaliser le plan prochainement.»

Un long suspense

Ce règlement concerne la filiale américaine Combustion Engineering (CE), qui fabriquait des chaudières industrielles isolées par de l’amiante avant qu’ABB n’en devienne propriétaire en 1990.

CE avait déposé son bilan le 17 février et présenté dans le même temps un programme de restructuration pré-négocié pour régler la question des plaintes.

Le suspense autour du règlement à l’amiable proposé par ABB dans ce dossier a duré des mois. En mai, la juge Fitzgerald avait repoussé sa décision afin de donner aux parties un délai supplémentaire pour remanier leurs rapports d’enquête.

Pas d’impact sur les opérations

«L’affaire n’a pas eu d’impact direct sur les opérations du groupe, mais elle a certainement provoqué de l’incertitude», déclare Chris Burger, de la Banque Vontobel.

«Ceci étant réglé, la société pourra se consacrer entièrement à ses métiers de base.» Chris Burger ajoute que le problème de l’amiante ne constituait que l’une des menaces qui pèsent sur ABB.

«L’endettement représente un problème autrement plus important, estime-t-il. Le groupe n’est certainement pas encore tout à fait remis sur pied, bien qu’il soit sur la bonne voie.»

Maintenir le cap

ABB pourra donc poursuivre sur la voie du redressement. La cession des activités non stratégiques dans la chimie, le gaz et la pétrochimie – qui pourrait rapporter 1,5 milliard de dollars – devrait ainsi être bouclée à la fin de l’année.

Le patron du groupe, Jürgan Dormann, prévoit de réduire les dettes de 4 milliards de dollars d’ici à 2005. Le plan de restructuration prévoit notamment de réduire les emplois de plus de 140 000 à environ 100 000.

L’année dernière, l’action d’ABB avait chuté de quelque 15 francs suisses à 1,21, soit le niveau le plus bas de son histoire.

L’affaire de l’amiante explique donc en partie cette chute vertigineuse, comme la récente décision de l’agence de notation Standard and Poor’s de reléguer la cotation du groupe à un statut de valeur «rebut».

La facture s’aloudit

Initialement, ABB avait offert aux victimes un dédommagement de 1,1 milliard de dollars, dont 300 millions à verser à CE. En janvier, cette offre a été augmentée de 100 millions de dollars.

Avec les frais de justice, la facture pourrait atteindre 1,3 milliard au bout du compte.

Selon le groupe, sa proposition a été approuvée par 103 000 ayants droit actuels et futurs, dont des anciens employés de CE. Moins de 1000 d’entre eux l’auraient rejetée.

L’affaire a également menacé de compliquer la publication du rapport annuel 2002 d’ABB, qui incluait des provisions en vue du procès.

En avril, les commissaires aux comptes d’ABB avaient décidé de reporter leur signature en attendant le verdict. Certains analystes ont même craint que l’affaire n’influence le jugement commissaires aux comptes.

Un avenir moins radieux

La décision de Mme Fitzgerald devrait désormais être transmise au juge Alfred Wolin à Newark, dans le New Jersey, qui tranchera en dernière instance.

Les deux parties peuvent encore faire recours. Mais il reste à espérer que le verdict définitif permettra à ABB de tirer un trait sur cette affaire, que certains considèrent comme symptomatique de causes plus profondes de son déclin.

A l’époque de l’achat de CE, le groupe helvético-suédois connaissait une croissance rapide et caressait le rêve de devenir un géant mondial. Pendant plusieurs années, ce but semblait à portée de main.

Considérée comme un cas d’école, ABB était souvent citée en exemple comme l’équivalent européen de General Electrics.

Et pourtant, la chute des cours et l’augmentation des dettes due à une série de mauvais achats ont provoqué une surcapacité, forçant l’entreprise à faire marche arrière.

Au terme de sa restructuration, ABB sera une société beaucoup plus modeste et peut-être plus humble que par le passé.

swissinfo, Jacob Greber
(traduction: Isabelle Eichenberger)

ABB avait racheté en 1990 Combustion Engineering (CE), qui avait fabriqué des chaudière comportant de l’amiante.

Les 103 000 plaignants comptent d’anciens collaborateurs de CE, atteints de cancer.

ABB a proposé un dédommagement de 1,2 milliard de dollars (1,6 milliard de francs).

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