Accord sur les réfugiés ouest-africains
A Dakar, la Suisse et le Sénégal ont signé un accord de transit concernant les requérants d'asile déboutés.
Dans la foulée, à Abuja, la Confédération et le Nigeria ont signé un autre accord, portant sur la réadmission des requérants nigérians.
Le ministre sénégalais des Affaires étrangères précise que son pays a signé le texte parce que «la Suisse est un pays qui respecte les droits de l’homme».
La question des demandeurs d’asile est un débat difficile en Europe et cela a failli créer un malentendu entre les deux pays, confie Cheikh Tidiane Gadio. Et d’ajouter: en signant, le Sénégal reste fidèle à ses valeurs.
Accord de principe
Dans la journée, les autorités sénégalaises avaient donné leur accord de principe à ce texte. Qui est censé faciliter le refoulement vers les pays d’Afrique occidentale des demadeurs d’asile déboutés dont l’identité n’a pas été clairement établie.
La substance même de cet accord ne semblait pas faire problème, selon la délégation suisse. Le Premier ministre Idrissa Seck avait d’ailleurs affirmé dès la matinée à la conseillère fédérale qu’il s’agissait «d’un bon accord».
Mais la signature du document était entravée par l’avis de la commission des Affaires étrangères du Parlement sénégalais. Qui n’avait pas été consultée lors du processus en cours, comme le veut l’usage.
Rencontre décisive
Mais, dans l’après-midi, une rencontre entre le président de cette commission, Babakar Gaye, et la cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP), Ruth Metzler, a semble-t-il permis d’aplanir les difficultés.
Les parlementaires avaient été mis au courant par le biais de la presse locale. Qui s’était faite l’écho mardi des critiques émises par deux ONG sénégalaises contre cet accord.
Au fil de nombreuses allées et venues de la délégation helvétique dans les bureaux du chef du gouvernement, des ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur, un mémorandum d’entente avait été élaboré, ce qui remettait de facto à plus tard la signature du texte.
Pas de contrepartie
Pour mémoire, l’accord de transit prévoit le renvoi au Sénégal des demandeurs d’asile d’Afrique de l’Ouest déboutés de Suisse et dont l’origine n’a pas pu être établie.
Sur place, à Dakar, les fonctionnaires suisses auront 72 heures pour confirmer la nationalité des expulsés avec l’aide des représentations ouest-africaines présentes au Sénégal.
En cas d’échec, les requérants d’asile seront ramenés en Suisse. Selon Hervé Lohr, de l’Office fédéral des réfugiés (ODR), la Confédération prendrait en charge les frais occasionnés par les différentes opérations.
En revanche, la Suisse n’a promis aucune aide ou avantage au Sénégal en échange de son feu vert.
La signature n’est en fait qu’une première étape. Les Parlements des deux pays doivent encore avaliser le texte et les experts en définir les modalités pratiques.
Accord avec le Nigeria
De Dakar, Ruth Metzler s’est rendue a Abuja, où elle a signé jeudi un accord de réadmission avec les autorités du Nigeria. Ce pays est celui qui fournit le plus gros contingent de requérants d’asile d’origine ouest-africaine à la Suisse.
«Cet accord, estime Ruth Metzler, permet de clarifier une question importante pour nos deux gouvernements. Et d’ajouter que «les migrations sont un facteur d’enrichissement et de progrès, pour autant qu’elles soient légales».
De son côté, le chef de la diplomatie nigériane salue, lui aussi, la conclusion de l’accord. Sule Lamido souhaite toutefois qu’il ne soit pas appliqué de manière rétroactive et que les Nigérians vivant depuis longtemps sur le sol helvétique puissent y rester.
A noter que trois autres pays européens – l’Italie, l’Espagne et l’Irlande – ont récemment signé des accords de réadmission du même type avec le Nigeria.
swissinfo avec les agences
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